Sur vos écrans en 1942 (11/04/2020)
EDITORIAL :
Extraits de La France de Pétain et son cinéma, Jacques Siclier, Éditions Henri Veyrier, 1981, et Ramsay Poche Cinéma, 1990 :
"Lorsque nous, spectateurs, voyions apparaître au générique d'un film le sigle de la Société Continental, un large C majuscule inscrit dans un cercle, nous ne savions pas que cette société était dirigée par un Allemand et se trouvait liée à Berlin. Si on nous l'avait dit, nous aurions eu du mal à le croire. Les films produits par la Continental étaient, à nos yeux, des films français comme les autres, relevant de "genres" éprouvés, réalisés par des cinéastes connus, interprétés par des vedettes, des acteurs et actrices que nous aimions. Qu'une griffe allemande s'y fût posée, nous en sommes tombés des nues après la Libération, quand de violentes attaques furent portées publiquement contre la Continental et spécialement contre Henri-Georges Clouzot et Le Corbeau. J'insiste là-dessus. En dehors de Paris, des milieux professionnels, le nom d'Alfred Greven, le fonctionnement de la firme dont il était le chef étaient ignorés du grand public. Ce mot Continental avait toujours évoqué, pour moi, un numéro musical de La Joyeuse Divorcée, film américain avec Fred Astaire et Ginger Rogers. La chanson Continental, Continental... m'était restée dans la tête. Si ces "révélations", qui tombèrent dru comme grêle, me surprirent, elles ne provoquèrent chez moi aucune indignation rétrospective ni l'impression d'avoir été endoctriné malgré moi par les Allemands, les autorités d'occupation. Je n'ai pas attendu la "réhabilitation" du Corbeau pour considérer ce film comme une œuvre importante du cinéma français, et Clouzot, dont j'avais suivi la carrière avec le plus vif intérêt, comme un des grands cinéastes révélés à cette époque."
"Le succès du Dernier des six et du couple Pierre Fresnay-Suzy Delair incita la Continental à produire une suite. Ce fut L'assassin habite au 21, que Clouzot fut chargé de réaliser. Le personnage de Mila Malou y prit une grande importance et fit de Suzy Delair une vedette. Clouzot remania considérablement le roman de Steeman, dont l'action se passait à Londres et où n'apparaissait pas le commissaire Wens, mais la police de Scotland Yard. En fait, il en garda la trame - une enquête dans une pension de famille dont l'un des locataires est un assassin - et l'idée originale du meurtrier en trois personnes. (...) L'assassin habite au 21 n'était pas dénué d'humour, et Clouzot y manifestait son réalisme noir. Dans le climat pittoresque de la pension évoluait une faune ambiguë, dont chaque représentant pouvait être un assassin en puissance, sous le couvert d'un anonymat soigneusement établi pour brouiller les pistes. On retrouvera cette ambiguïté - magnifiquement amplifiée - dans Le Corbeau. Les dialogues caustiques et mordants, la mise en scène bien construite de L'assassin habite au 21 révélèrent un cinéaste-auteur dont l'univers, la vision du monde, portaient un certain trouble. Jean Tissier, Pierre Larquey et Noël Roquevert, acteurs très typés, étaient distribués à contre-emploi, ce qui accentuait l'étrangeté, le "non-conformisme" (envers le genre policier) du film."
LES CONSEILS DE NOTRE EQUIPE :
Une liste de 41 longs métrages (sur les 322 sortis en salles) avec, pour les étoiles en couleur, des liens vers des textes écrits par les contributeurs.
A VOUS LA PAROLE !
A notre suite, nous vous invitons à dresser votre propre palmarès de l'année et à nous le faire parvenir, par l'intermédiaire des commentaires ou du bouton de contact, afin que nous le mentionnions à son tour ci-dessus
(vous pouvez consulter la liste de tous les films de long métrage sortis en France en 1942 sur le site Encyclo-Ciné)
| Tags : 1942, clouzot, carné, decoin, autant-lara, hathaway, steinhoff, guitry, becker, delannoy, joannon | Lien permanent | Commentaires (2) | Imprimer | Facebook | | |
Commentaires
Oups ! en récupérant mon tableau préparatoire, je me rends compte que je n'avais mis que 3 * au Carné... je ne me relis jamais #pardon
Écrit par : FredMJG | 12/04/2020
je suis frappé par la différence de niveau entre mon classement des films produits en 1942 et les films sortis en France en 1942, (surtout que là on touche le fond du fond). D'où un palmarès un peu bancal...
1-Le fabuleux destin de Désirée Clary (Guitry) ***
2-Les Dalton arrivent (Marshall) ***
3-Les visiteurs du soir (Carné) ***
4-Miracles à vendre (Browning) ***-
5-Une dépêche de Reuter (Dieterle) ***
6-L'assassin habite au 21 (Clouzot) **
7-Le visage derrière le masque (Florey) **
8-Macao l'enfer du jeu (Delannoy) **
9-Les gens du voyage (Feyder) **
10-La symphonie fantastique (Christian-Jaque) **
11-Le péril juif (Hippler) 00000
je m'énerve un peu car ce dernier c'est la mort du cinéma 12 balles dans la peau 24 fois par seconde. J'exagère le travail de "documentation" est réel et les séquences d'invasion par les rats assez bien montées. Pour le reste, c'est juste vomitif de la première à le dernière seconde et Amos Vogel assez bien résumé le peu qu'il y avait à en dire. Son contre-champ en aller simple, Nuit et brouillard.
Écrit par : pierre | 15/04/2020