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11/04/2020

Sur vos écrans en 1942

EDITORIAL :

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Extraits de La France de Pétain et son cinéma, Jacques Siclier, Éditions Henri Veyrier, 1981, et Ramsay Poche Cinéma, 1990 :

"Lorsque nous, spectateurs, voyions apparaître au générique d'un film le sigle de la Société Continental, un large C majuscule inscrit dans un cercle, nous ne savions pas que cette société était dirigée par un Allemand et se trouvait liée à Berlin. Si on nous l'avait dit, nous aurions eu du mal à le croire. Les films produits par la Continental étaient, à nos yeux, des films français comme les autres, relevant de "genres" éprouvés, réalisés par des cinéastes connus, interprétés par des vedettes, des acteurs et actrices que nous aimions. Qu'une griffe allemande s'y fût posée, nous en sommes tombés des nues après la Libération, quand de violentes attaques furent portées publiquement contre la Continental et spécialement contre Henri-Georges Clouzot et Le Corbeau. J'insiste là-dessus. En dehors de Paris, des milieux professionnels, le nom d'Alfred Greven, le fonctionnement de la firme dont il était le chef étaient ignorés du grand public. Ce mot Continental avait toujours évoqué, pour moi, un numéro musical de La Joyeuse Divorcée, film américain avec Fred Astaire et Ginger Rogers. La chanson Continental, Continental... m'était restée dans la tête. Si ces "révélations", qui tombèrent dru comme grêle, me surprirent, elles ne provoquèrent chez moi aucune indignation rétrospective ni l'impression d'avoir été endoctriné malgré moi par les Allemands, les autorités d'occupation. Je n'ai pas attendu la "réhabilitation" du Corbeau pour considérer ce film comme une œuvre importante du cinéma français, et Clouzot, dont j'avais suivi la carrière avec le plus vif intérêt, comme un des grands cinéastes révélés à cette époque."

"Le succès du Dernier des six et du couple Pierre Fresnay-Suzy Delair incita la Continental à produire une suite. Ce fut L'assassin habite au 21, que Clouzot fut chargé de réaliser. Le personnage de Mila Malou y prit une grande importance et fit de Suzy Delair une vedette. Clouzot remania considérablement le roman de Steeman, dont l'action se passait à Londres et où n'apparaissait pas le commissaire Wens, mais la police de Scotland Yard. En fait, il en garda la trame - une enquête dans une pension de famille dont l'un des locataires est un assassin - et l'idée originale du meurtrier en trois personnes. (...) L'assassin habite au 21 n'était pas dénué d'humour, et Clouzot y manifestait son réalisme noir. Dans le climat pittoresque de la pension évoluait une faune ambiguë, dont chaque représentant pouvait être un assassin en puissance, sous le couvert d'un anonymat soigneusement établi pour brouiller les pistes. On retrouvera cette ambiguïté - magnifiquement amplifiée - dans Le Corbeau. Les dialogues caustiques et mordants, la mise en scène bien construite de L'assassin habite au 21 révélèrent un cinéaste-auteur dont l'univers, la vision du monde, portaient un certain trouble. Jean Tissier, Pierre Larquey et Noël Roquevert, acteurs très typés, étaient distribués à contre-emploi, ce qui accentuait l'étrangeté, le "non-conformisme" (envers le genre policier) du film."

 

LES CONSEILS DE NOTRE EQUIPE :

Une liste de 41 longs métrages (sur les 322 sortis en salles) avec, pour les étoiles en couleur, des liens vers des textes écrits par les contributeurs.

  Christophe Edouard Vincent DrOrlof Ludovic FredMJG Nolan Jean-Luc
L'Assassin habite au 21 *** ** **** ** **** **** *** *
Les Visiteurs du soir ° * *** * *** ***   **
Les Inconnus dans la maison **   ***   **     *
Le Mariage de Chiffon *** **     **      
Le Retour du proscrit **   ***          
Le Jeune Hitlérien Quex ***       **      
Le Destin fabuleux de Désirée Clary ** *           **
Dernier Atout *   ***          
Macao, l'enfer du jeu *       ***      
Caprices ***              
Lettres d'amour ***              
Les Nouvelles Aventures de Flash Gordon           ***    
La Nuit fantastique *       **      
L'Arlésienne     **   *      
La Symphonie fantastique         * *   *
La Piste du Nord **              
L'Assassin a peur la nuit         **      
Simplet     **          
Le Mystérieux Docteur Satan           **    
Le Visage derrière le masque           **    
Le Tigre du Bengale °             **
Le Tombeau hindou °             **
La Duchesse de Langeais *       *      
Lumière dans les ténèbres         *      
Boléro         *      
Manon Lescaut         *      
Le Journal tombe à cinq heures *              
La Fausse Maîtresse *              
Monsieur La Souris *              
Le Bienfaiteur *              
Beatrice Cenci         *      
Le Siège de l'Alcazar         *      
Miracles à vendre *              
Nick Carter détective *              
Le Repaire infernal           *    
Les Gens du voyage *              
Une aventure de Salvator Rosa °              
Annette et la dame blonde °              
La Comédie du bonheur °              
Le Voile bleu °              
  Christophe Edouard Vincent DrOrlof Ludovic FredMJG Nolan Jean-Luc

 

A VOUS LA PAROLE !

A notre suite, nous vous invitons à dresser votre propre palmarès de l'année et à nous le faire parvenir, par l'intermédiaire des commentaires ou du bouton de contact, afin que nous le mentionnions à son tour ci-dessus
(vous pouvez consulter la liste de tous les films de long métrage sortis en France en 1942 sur le site Encyclo-Ciné)

07/03/2020

Sur vos écrans en 1943

EDITORIAL :

Par Vincent J.

Corbeau00.jpg

1943, le tournant, les tournages

L'année 1943 marque un tournant de la Seconde Guerre Mondiale. La capitulation à Stalingrad début février marque la première grande défaite de l'armée allemande sur le front de l'Est. Les forces de l'axe sont défaites en Afrique du Nord et, le 9 juillet, les Alliés débarquent en Sicile. Face à leur avance, le roi Victor-Emmanuel III obtient la démission de Benito Mussolini et de son gouvernement le 25 juillet. Dans la foulée, l’Italie demande un armistice qui amène les allemands à envahir la péninsule. Le 9 septembre, Rome est envahie par les troupes allemandes qui pillent le "Centro Sperimentale di Cinematographia", école créée dans les années trente, et ses riches collections de films. L'impact de ces événements va rejaillir sur le cinéma français, sur la partie du moins qui était installée dans les Alpes-Maritimes autour des studios de la Victorine, alors sous contrôle italien. Deux productions sont alors en chantier : le nouveau film de Marcel Carné, Les Enfants du paradis et La Boîte aux rêves de Jean Choux et Yves Allégret. Carné, Jacques Prévert et l'équipe technique, dont certains membres sont dans la clandestinité, comme le décorateur Alexandre Trauner, ont préparé le film dans une villa de Vence. Il bénéficie d'une coproduction avec l'Italie et le tournage a débuté le 16 août. Des liens se sont tissés avec les studios romains de Cinecittà, permettant par ailleurs de transférer des français sous le coup du STO (service du travail obligatoire) ou des juifs pourchassés après la fin de la « zone libre » en 1942. Rapidement l'annonce (fausse) d'un débarquement à Gênes provoque l'interruption des tournages. Le 9 septembre, les troupes allemandes occupent Nice, l'interruption est définitive. Les studios sont fermés et leur patron, André Paulvé, reste seul à essayer de sauver matériel et décors. Les studios Pathé de Paris vont accueillir le film de Carné pour un temps avant un retour dans le Sud en février 1944.
La mort dans l'âme, Abel Gance a quitté la France pour l'Espagne à l'été 43, malgré sa renommée et ses efforts pour se faire retirer de la liste juive. Il avait pourtant été très actif auprès du pouvoir pour développer une production authentiquement française autour de la Victorine. Les studios auront bien fonctionné durant le premier semestre avec surtout L’Éternel retour de Jean Delannoy, l'un des gros succès de l'année qui lancera la mode des pull Jacquard portés par Jean Marais et de la chevelure blonde et lisse de Madeleine Sologne, deux icônes de la jeunesse du moment. Lumière d'été, œuvre majeure de Jean Grémillon, tournée en partie à la Victorine, en partie en Corrèze, sur le site du barrage de l’Aigle en construction (régulièrement saboté par la Résistance), sort dans une atmosphère houleuse et ne sera pleinement apprécié qu'après la Libération. À La Gaude, Marcel Pagnol s'est mis à l'écart et, refusant de travailler pour l'occupant, il développe la culture des œillets en employant le personnel de ses studios comme ouvriers horticoles pour leur éviter le STO en Allemagne.
À Paris, la politique d'Alfred Greven et de la Continental, société de production montée par les Allemands en France, porte de beaux fruits, paradoxe d'une époque. Ce sont les sorties de La Main du Diable de Maurice Tourneur, rare incursion du cinéma français dans le fantastique, de Picpus de Richard Pottier d'après Simenon, de Au Bonheur des Dames d’André Cayatte d'après Émile Zola, du Val d'enfer de Maurice Tourneur, encore lui, et surtout, emblématique de son temps, du Corbeau d’Henri-Georges Clouzot, avec ses lettres anonymes, sa lampe qui se balance entre l'ombre et la lumière et ses français si moyens. Ce sont aussi, hors de la Continental, Marie-Martine d'Albert Valentin, avec une prestation mythique de Saturnin Fabre (« Tiens ta bougie...droite ! »), le premier long métrage de Robert Bresson, Les Anges du pêché, et un premier chef d’œuvre signé Jacques Becker Goupi Main-Rouges, autre peinture d'une certaine France où « la terre ne ment pas » mais pleine d'ironie. Le 8 mars s’éteint Harry Baur. Immense vedette de l'époque à l'égal de Raimu, Baur a régulièrement été accusé d’être juif, voire communiste, par la presse collaborationniste. Malgré les gages donnés à la Continental et un film tourné à Berlin où il a été piégé par la Tobis (autre société de production allemande), il est dénoncé et arrêté par la Gestapo en mai 1942 avec son épouse. Détenu et torturé quatre mois, il est libéré dans un état de faiblesse extrême et les séquelles sont telles qu'il ne se remet pas. Il est enterré au cimetière du Montparnasse et les autorités allemandes, pour ne pas être accusées d'avoir causé la mort d'un acteur si populaire, censurent l'information. Ainsi va le cinéma français en ces temps sombres...

 

LES CONSEILS DE NOTRE EQUIPE :

Une liste de 33 longs métrages (sur les 202 sortis en salles) avec, pour les étoiles en couleur, des liens vers des textes écrits par les contributeurs.

  Christophe Edouard Vincent Ludovic Nolan Dr.Orlof FredMJG
Le Corbeau **** **** **** **** *** *** ****
Goupi Mains rouges **** ** **** **   *** ***
Lumière d'été **   **** ****   *** ****
La Main du diable *** * **** ***   ** ***
Les Anges du péché *** ***   ***   ** ***
Douce **** ***   ***     ***
Le Val d'enfer ****   *** **     **
Le Capitaine Fracasse *** *   ** **   **
L'Eternel Retour °   ** **     ***
Marie-Martine *   ***       **
La Couronne de fer **     **     **
Voyage sans espoir *   ***        
Le Baron fantôme *     *     **
Picpus     ***        
Adieu Léonard     ***        
Lumière dans la nuit ***            
Le Navire blanc **            
La Ville dorée       **      
Au bonheur des dames       **      
L'Homme de Londres       **      
Donne-moi tes yeux **            
La Ferme aux loups             **
Le Comte de Monte-Cristo *     *      
Une femme dans la nuit       *      
Le Loup des Malveneur *            
Secrets       *      
Les Deux Orphelines       *      
Les Mystères de Paris       *      
Le Colonel Chabert *            
Pierre et Jean *            
Dora Nelson *            
La Bonne Etoile °            
Ne le criez pas sur les toits °            
  Christophe Edouard Vincent Ludovic Nolan Dr.Orlof FredMJG

 

LES CHOIX DE NOS AMIS ET LECTEURS :

Pierre :
1-Le corbeau (Clouzot)**** 2-Adieu Léonard (Prévert)**** 3-Goupi mains rouges (Becker)*** 4-Donne moi tes yeux (Guitry)*** 5-Le baron fantôme (de Poligny)*** 6-La main du diable (Tourneur)** 7-Le capitaine Fracasse (Gance)** 8-Au bonheur des dames (Cayatte)** 9-Les mystères de Paris (de Baroncelli)** 10-Le comte de Monte-Cristo (Vernay)** 11-L'éternel retour (Delannoy)** 12-Titanic (Klinger et Selpin)** 13-Forces occultes(Mamy)* 14-Les ailes blanches (Péguy)*

 

A VOUS LA PAROLE !

A notre suite, nous vous invitons à dresser votre propre palmarès de l'année et à nous le faire parvenir, par l'intermédiaire des commentaires ou du bouton de contact, afin que nous le mentionnions à son tour ci-dessus
(vous pouvez consulter la liste de tous les films de long métrage sortis en France en 1943 sur le site Encyclo-Ciné)

21/10/2012

Sur vos écrans en 1947

EDITORIAL :

Par Edouard S.

1947,ford,lubitsch,welles,dreyer,clouzot,walsh,lang,curtiz,hawks,hitchcockEn 1947, les déferlantes ont donc continué : les deux tiers des films présentés sur nos écrans étaient américains. Certes, un tri s'est avéré nécessaire afin d'écarter quantité de sous-produits mais un fois celui-ci réalisé, force est de constater que la moisson fut d'une richesse exceptionnelle. En douze mois, combien de films marquants ou, au minimum, intéressants ? Vingt ? Trente ? Quarante ? Cinquante ? Le système de production hollywoodien fonctionnant à plein régime, les réalisateurs se faisant toujours prolifiques et les retards accumulés lors des années de guerre étant comblés mois après mois, nous avons eu l'occasion de découvrir trois titres de Fritz Lang, trois Cukor, trois Siodmak, trois Ulmer, trois Lubitsch, quatre Walsh et cinq Curtiz. Les hasards de la programmation ont fait que d'un seul coup quatre des huit derniers vainqueurs de l'Oscar du meilleur film ont débarqués chez nous : Rebecca, Casablanca, Le Poison, Les Plus Belles Années de notre vie. Le titre ouvrant cette liste est le premier film qu'Alfred Hitchcock a réalisé en Amérique, bien que nous le découvrions après Soupçons. Le désordre le plus complet règne dans la distribution, rendant plus étonnant encore le fait que le troisième long métrage du petit génie Orson Welles, La Dame de Shanghai, nous ait été présenté bien avant que nos amis d'Outre-Altantique ne puisse le voir.
Comme je le disais à l'instant, Ernst Lubitsch nous a régalé trois fois, avec trois comédies différentes bien difficile à départager (même si Jeux dangereux alias To be or not to be brille d'un éclat singulier, passionnant à comparer avec celui émanant du récent Dictateur de Chaplin). Malheureusement, nous n'aurons plus de nouveaux exemples de la fameuse "Lubitsch touch" : le cinéaste est décédé en novembre. Il avait 55 ans.
Une genre nouveau apparu l'an dernier s'est affirmé encore : le film noir. Fritz Lang (responsable avec La Rue rouge d'un remake de La Chienne nullement indigne de l'original de notre Jean Renoir national), Robert Siodmak, Henry Hathaway, Raoul Walsh, Tay Garnett, Lewis Milestone, Edward Dmytryk s'y sont adonnés avec bonheur. Même Orson Welles en est passé par là, et de quelle façon, mettant le genre en miroir pour mieux l'exploser. Et Howard Hawks, bien sûr, avec le solide Port de l'angoisse et l'audacieux Grand sommeil, tous deux interprétés par Humphrey Bogart et Lauren Bacall. A ce propos, mieux que des acteurs ou des actrices, nous avons surtout admiré, cette année, des couples : Bogart, à nouveau, et Ingrid Bergman (Casablanca), Orson Welles et Rita Hayworth... Une Rita Hayworth, qui, pour rester encore dans le "noir", fit tenir quasiment à elle seule, du bout de ses gants, le Gilda de Charles Vidor.
Du côté des Américains toujours, nous avons pu observer les débuts de Vincent Minnelli (Un petit coin aux cieux puis Le Chant du Missouri) et de Joseph L. Mankiewicz, frère du célèbre scénariste Herman (Le Château du dragon). Mais nous retiendrons surtout que cette année 47 fut pour nous éminemment fordienne grâce à la sortie de deux des plus grands films du réalisateur de La Chevauchée fantastique, appartenant à deux veines différentes et réalisés à six ans d'écart : d'une part Les Raisins de la colère adaptation très attendue du roman de Steinbeck et modèle de film social, d'autre part La Poursuite infernale (que l'on peut préférer appeler par son titre original My Darling Clementine, beaucoup plus approprié) magnifique western illuminé (tout comme Les Raisins de la colère !) par la présence d'Henry Fonda.
Si l'on mentionne, pour terminer ce trop rapide panorama américain, les bons crus proposés par George Cukor, Frank Capra, Albert Lewin, William Wyler ou Leo McCarey, on comprend vite qu'il est difficile de demander mieux en termes de qualité cinématographique. Par ailleurs, nous suivrons avec attention les suites de l'affaire politique qui secoua tout Hollywood au cours de ces derniers mois : la suspension de dix professionnels reconnus, producteurs, scénaristes ou réalisateurs (comme Edward Dmytryk, dont nous avons pu voir cette année Feux croisés), suite à leur refus de répondre aux questions de la Commission d'enquête sur les activités anti-américaines chapeautée par le sénateur McCarthy.
Et la France dans tout ça ? Trois réalisateurs ont su particulièrement tirer leur épingle du jeu. Henri-Georges Clouzot et Julien Duvivier ont signé avec Quai des Orfèvres et Panique deux joyaux noirs, tandis que Jacques Becker offrait sa belle chronique Antoine et Antoinette. Du côté du documentaire, Farrebique, de Georges Rouquier se sera fait remarqué par son approche réaliste du monde paysan. René Clair et  Claude Autant-Lara ont quant à eux réalisé deux films qui ont amassés lauriers pour l'un et scandales pour l'autre. Le Silence est d'or et Le Diable au corps ont été vus et discutés : l'un a pu gêner par sa gentillesse, l'autre, au contraire, par son acidité. René Clément n'a pas forcément gagné à passer du train (La Bataille du rail) au sous-marin (Les Maudits) et Marcel Carné a perdu lui aussi, en quelque sorte, une bataille, en voyant le tournage de La Fleur de l'âge, sur un scénario de Prévert, s'interrompre définitivement. Enfin, Jean Renoir n'est toujours pas revenu des Etats-Unis...
Nous terminerons en disant qu'il a été réservé aux autres cinématographies, une nouvelle fois, des portions congrues. Toutefois, le maître danois Carl Theodor Dreyer a signé son retour, plus de dix ans après Vampyr. Le résultat, l'admirable et terrible Jour de colère est à la hauteur de l'attente. Le néo-réalisme italien impose de plus en plus sa présence et nous le voyons se nuancer de plusieurs tons de gris (Paisa, Sciuscia, Le bandit). Un mélodrame mexicain réputé est parvenu à trouver sa place sur nos écrans (Maria Candelaria) et les Anglais ont continué, sans toujours convaincre, leur chemin entre adaptations de prestige (Henry V, Les grandes espérances) et œuvres plus singulières (Une question de vie ou de mort).

 

LES CONSEILS DE NOTRE EQUIPE :

Une liste de 108 longs métrages (sur les 479 sortis en salles) et 1 court métrage avec, pour les étoiles en couleur, des liens vers des textes écrits par les contributeurs.

  Antoine Asketoner Buster Christophe Dr.Orlof Edouard Jean-Luc Jocelyn Ludovic Nolan Timothée Vincent
La Poursuite infernale (Ford) **** **** **** **** **** **** ****   *** *** **** ****
Jeux dangereux (Lubitsch) **** ** **** **** **** **** *** **** *** **** **** ****
La Dame de Shanghai (Welles) **** *** **** *** **** *** *** **** *** ****   ****
Jour de colère (Dreyer) **** **** **** *** *** **** **   ***      
Les Raisins de la colère (Ford)   **** *** **** ** **** *** **** **   ** ****
Quai des Orfèvres (Clouzot) ***   ** **** ** ****   *** ****     ****
La Rue rouge (Lang) ****   *** *** *** *** ** *** *** **** *** ***
La Charge fantastique (Walsh)     **** ****   *** ** *** **   *** ****
Casablanca (Curtiz) *** ** *** **** *** *** ** *** *** *** *** ****
La Folle Ingénue (Lubitsch)   ** *** ****     ***     ****   ***
Le Port de l'angoisse (Hawks) ** *** *** *** *** **** ** *** ** *** *** ****
Le Grand Sommeil (Hawks) *** * *** * *** **** *** **** ** *** **** ****
Rebecca (Hitchcock) *** **** **** *   *** ** **** **   *** ***
Indiscrétions (Cukor) *** ** *** *** **** ** *** *** *   *** ****
Le Chant du Missouri (Minnelli)     **** ***     ***   *   **** ***
Paisa (Rossellini)   **** *** ***   *** ***   **   ** ***
Panique (Duvivier)     *** **** ** *** ** *** ***     ***
Les Tueurs (Siodmak) ***   *** *** *** *** ** **** ** ***   **
L'Aigle des mers (Curtiz)     *** ****   ** *** **** **     **
Illusions perdues (Lubitsch)   ** *** ****   *** **   **   ****  
L'Impasse tragique (Hathaway)     **** ** *** ***            
Le Démon de la chair (Ulmer)     *** ****   ***     **      
La Grande Evasion (Walsh)     ** **** ** *** **   ***     ***
Antoine et Antoinette (Becker)     *** **** *** *** *          
Les Plus Belles Années de notre vie (Wyler)     *** ****                
L'Homme de la rue (Capra) *   ** **** ** *** **   **   **** ***
Les Bourreaux meurent aussi (Lang) *** ** **** *   *** **   ** ****   ***
Le Vaisseau fantôme (Curtiz)     *** **** ** *** **   **      
Le Portrait de Dorian Gray (Lewin) ** * *** ** *** *** ** **** **     ***
Le Château du dragon (Mankiewicz) **   ***   ***   ** ***     *** **
Le Facteur sonne toujours deux fois (Garnett) ** ** ***     ***   **** **     **
Les Cloches de Sainte-Marie (McCarey)     **** ***     **          
Un cœur pris au piège (Sturges)     *** *** ** *** **   *   ***  
Une question de vie ou de mort (Powell & Pressburger)   **** *** * ** ** *   ***     ***
Gilda (Vidor) *** * ** ** ** ** ** *** **   ** ***
Hantise (Cukor) **   **   *** *** * *** *   ***  
Péché mortel (Stahl)   * *** **   *** ** *** **      
Une nuit à Casablanca (Mayo)   *** **   **   ** ** **     ***
Une femme dangereuse (Walsh)     ** ***   ** **   **     ***
L'Entraîneuse fatale (Walsh)     ** ***   ***     *   ***  
Farrebique (Rouquier)     **** ***     **   *      
L'Emprise du crime (Milestone)       ***       ***       **
Angoisse (Tourneur)     *** **   **     **      
L'Amour chante et danse (Sandrich)           ***     *     ***
Jack l'Eventreur (Brahm)   ** **         ***        
La Femme aux deux visages (Cukor)     **   ** ***     *     **
Cape et poignard (Lang) *   *** **     *   *     **
La Caravane héroïque (Curtiz)       ****         *      
L'Amour vint en dansant (Lanfield)                     ** ***
Feux croisés (Dmytryk)     **                 ***
Les Naufrageurs des mers du Sud (De Mille)       **     *   **     ***
Voyage au pays de la peur (Foster)     **         *** **     *
Le Silence est d'or (Clair)     ** °   **           ****
Bambi (Hand, Disney)     * *       *** * ***   **
Dumbo, l'éléphant volant (Sharpsteen, Disney)     * **   ** * *** *     **
Les Grandes Espérances (Lean)     ** *     *   **     ***
Sciuscià (De Sica)     ** °   *** **   **      
Le Cygne noir (King)     * **               ***
Une femme cherche son destin (Rapper)           ***            
Carnegie Hall (Ulmer)       ***                
Voyage-Surprise (Prévert)     ***                  
Non coupable (Decoin)       ***                
Pavillon noir (Borzage)     ** * ** *     *     ***
La Maison des sept péchés (Garnett)   **       **     *     **
Le Roman de Mildred Pierce (Curtiz)   * ** **     **   *      
Le Diable au corps (Autant-Lara)     ** °   *** *   **      
Au pays des mages noirs (Rouch, cm)   **     **              
Tueur à gages (Tuttle)     ** **                
Deux Mains la nuit (Siodmak)   **             **      
Tous les biens de la terre (Dieterle)     *     ***            
La Valse dans l'ombre (Le Roy)     *** °     **          
Débuts à Broadway (Berkeley)     **   **       *      
Pour qui sonne le glas ? (Wood)     *           *     ***
Hellzapoppin (Potter)     *   *       *     ***
Henry V (Olivier)     **     *     *     **
Le Poison (Wilder)     ** °     *   **     *
Mon épouse favorite (Kanin)     * **                
Swing Romance (Potter)               *     **  
Arènes sanglantes (Mamoulian)     **           *      
Le Trésor de Tarzan (Thorpe)                 *     **
La Double Enigme (Siodmak)     ** *                
Les Deux Légionnaires (Horne & Parrott)                       **
Le Chevalier de la vengeance (Cromwell)       **                
Buffalo Bill (Wellman)       **                
Le Fantôme de l'opéra (Lubin)     **                  
Agent secret (Shumlin)             **          
La Duchesse des bas-fonds (Leisen)             **          
Boomerang (Kazan)     **                  
Treize, rue Madeleine (Hathaway)     **                  
Voyage sentimental (W. Lang)     **                  
Le Diable souffle (Gréville)                       **
Les Maudits (Clément)     *     *           **
La Lettre (Wyler)     *           *      
Un petit coin aux cieux (Minnelli)         **       °      
Le Diable s'en mêle (Wood)                 *      
Tortilla Flat (Fleming)                 *      
Le Chant de Bernadette (King)       *                
Maria Candelaria (Fernandez)     *                  
Le Bandit (Lattuada)                 *      
Humoresque (Negulesco)     *                  
Les Amants du pont Saint-Jean (Decoin)                 *      
Copie conforme (Dréville)     * °   °           *
Monsieur Vincent (Cloche)     * °                
Ames rebelles (Litvak)                 °      
Le Triomphe de Tarzan (Thiele)                 °      
L'Ile des péchés oubliés (Ulmer)       °                
Scandale à la cour (Preminger)       °                
Fantômas (Sacha)       °                
Les Jeux sont faits (Delannoy)     °                  
  Antoine Asketoner Buster Christophe Dr.Orlof Edouard Jean-Luc Jocelyn Ludovic Nolan Timothée Vincent

Et ceux que l'on attendra encore longtemps sur nos écrans :

  Antoine Asketoner Buster Christophe Dr.Orlof Edouard Jean-Luc Jocelyn Ludovic Nolan Timothée Vincent
L'amour de l'actrice Sumako (Mizoguchi)     *** **     ***          
Récit d'un propriétaire (Ozu)     *** °   ***            

 

LES CHOIX DE NOS AMIS, LECTEURS ET AUTRES CONTRIBUTEURS :

Benjamin (La Kinopithèque):
**** : Jeux dangereux
*** : Casablanca / Gilda / Rebecca
** : Angoisse / Farrebique / Hantise

Mister Arkadin :
**** : Casablanca / Paisa / La Poursuite infernale / Sciuscià
*** : Les Bourreaux meurent aussi / Le Facteur sonne toujours deux fois / Gilda / La Grande Evasion / Le Grand Sommeil / Hantise / L'Homme de la rue / L'Impasse tragique / Jeux dangereux / Péché mortel / Le Port de l'angoisse / Quai des Orfèvres / Un cœur pris au piège / Une question de vie ou de mort
** : L'Aigle des mers / Angoisse / Antoine et Antoinette / Bambi / Cape et poignard / La Charge fantastique / Le Château du dragon / Copie conforme / Le Cygne noir / La Dame de Shanghai / Le Démon de la chair / Le Diable au corps / Humoresque / Johnny Apollo / Panique / Le Poison / Le Portrait de Dorian Gray / Les Raisins de la colère / Rebecca / Le Roman de Mildred Pierce / La Rue rouge / Le Silence est d'or / Le Trésor de Tarzan / Les Tueurs / Une femme dangereuse / Une nuit à Casablanca / La Valse dans l'ombre / Voyage-Surprise
* : La Folle Ingénue / Illusions perdues / Indiscrétions / Les Jeux sont faits / La Maison des sept péchés

FredMJG (Les nuits du chasseur de films) :
La treizaine magnifique : Jour de colère / Jeux dangereux / La dame de Shanghai / Une question de vie ou de mort / Panique / Le portrait de Dorian Gray / Le grand sommeil / Le port de l’angoisse / La poursuite infernale / Rebecca / Quai des Orfèvres / La rue rouge / Péché mortel
Les fashion victims : Les tueurs / Gilda / Le facteur sonne toujours deux fois / L’emprise du crime / Le Château du dragon / Indiscrétions / Tueur à gages
La découverte tardive : Le démon de la chair
Les classiques : Casablanca / Les plus belles années de notre vie
Hors compétition : Les bourreaux meurent aussi / Paisa
Les bizarreries : Angoisse / Le signe du cobra
Le trio walshien : Une femme dangereuse / La grande évasion / La charge fantastique
Quelques excellentes pelloches : L’aigle des mers / Le cygne noir / Jack l’éventreur / Hellzapoppin / Antoine et Antoinette / La double enigme / Un cœur pris au piège / La lettre / Hantise / Le poison / Les deux légionnaires / Le diable au corps / L’homme de la rue / Le fantôme de l’opéra / Les naufrageurs des mers du Sud / Le roman de Mildred Pierce / Une nuit à Casablanca / En marge de l’enquête / Feux croisés / Cape et poignard / Le chevalier de la vengeance
(le détail, ici)

Rémi (Il a osé !) :
**** : La Dame de Shanghaï / Les raisins de la colère / La Rue rouge / L'homme de la rue / To be or not to be
*** : Casablanca / Rebecca / Gilda / arrebique
** : Le Roman de Mildred Pierce / Hantise
* : Le diable au corps

Frédéric :
1- Le Port de l'angoisse, 2- La Poursuite infernale, 3- La Dame de Shanghai, 4- Le Grand Sommeil, 5- Jeux dangereux, 6- Jour de colère, 7- Paisa, 8- Rebecca, 9- Les Raisins de la colère, 10- Le Chant du Missouri

Oriane :
**** : Jeux Dangereux / Rebecca / L'Homme de la rue
*** : Jour de colère / Casablanca / Illusions perdues / les Bourreaux meurent aussi / Les Grandes Espérances / Sciuscà
** : Le Grand Sommeil / Bambi / Récit d'un propriétaire
* : Dumbo, l'éléphant volant

Un simple amateur :
1- Jour de colère (Dreyer) 2- La Poursuite infernale (Ford) 3- Quai des Orfèvres (Clouzot) 4- Le Grand Sommeil (Hawks) 5- Paisa (Rossellini) 6- Les Plus Belles Années de notre vie (Wyler) 7- Les Raisins de la colère (Ford) 8- Jeux dangereux (Lubitsch) 9- Le Chant du Missouri (Minnelli) 10- Rebecca (Hitchcock)

 

LE BOX-OFFICE :

1. Le Bataillon du ciel, 8 649 691 entrées
2. Pour qui sonne le Glas ?, 8 274 596 entrées
3. Monsieur Vincent, 7 055 290 entrées
4. Pas si bête, 6 195 419 entrées
5. Quai des Orfèvres, 5 544 721 entrées

 

LES PRIX ET RECOMPENSES :

- Prix Louis-Delluc : Paris 1900 (Nicole Vedrès), sortie prévue en 1948
- Prix Méliès (du Syndicat français de la critique de cinéma) : Le Silence est d'or (René Clair)
- Oscar du meilleur film : Les Plus Belles Années de notre vie (William Wyler)
- Mostra de Venise, Grand prix international : Sirena (Karel Stekly), sortie française prévue en 1949
- Festival de Cannes, Grands Prix par genres : Ziegfeld Follies (Vincente Minnelli, comédies musicales), Dumbo (Walt Disney, dessins animés), Les Maudits (René Clément, films d'aventures et policiers), Antoine et Antoinette (Jacques Becker, films psychologiques et d'amour), Crossfire (Edward Dmytryk, films sociaux)
- Festival de Locarno, Léopard d'or : Le Silence est d'or (René Clair)

 

RESULTAT DE SONDAGE :

Sur la page Facebook de Zoom Arrière, est posée la question "Quels sont les meilleurs films sortis en France en 1947 ?" Au soir du 9 décembre 2012, 146 votes ont été enregistrés, dégageant ce classement :
1. La Dame de Shanghai (9 voix), 2. Jeux dangereux (8), 3. La Poursuite infernale, Le Grand sommeil & Le Portrait de Dorian Gray (7), 6. Indiscrétions, La Charge fantastique,Gilda, Panique & Rebecca (6)

 

A VOUS LA PAROLE !

A notre suite, nous vous invitons à dresser votre propre palmarès de l'année et à nous le faire parvenir, par l'intermédiaire des commentaires ou du bouton de contact, afin que nous le mentionnions à son tour ci-dessus
(vous pouvez consulter la liste de tous les films de long métrage sortis en France en 1947 sur le site Encyclo-Ciné)