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Dans vos kiosques en 1945

LES PERIODIQUES :

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Depuis la libération, nous pouvons lire un nouvel hebdomadaire dans lequel le cinéma tient une bonne place : Arts. Avec la même périodicité mais plus spécifiquement adressée aux professionnels, Le Film français, publication apparue dès l'an dernier poursuit son chemin. Par ailleurs, un autre hebdomadaire, L'Ecran français, après des mois passés dans la clandestinité, sort enfin au grand jour.

(Edouard S.)


LE TEXTE CRITIQUE :

"Pastiche et postiche ou le néant pour une moustache"
sur Le Dictateur par André Bazin dans Esprit, novembre 1945.

Sur ce texte :

L'idée de base est connue, elle repose sur le fait que Hitler aurait volé sa moustache à Charlot. Bazin évoque un processus dialectique : Hitler vole d'abord à Charlot sa moustache; avec le Dictateur, Charlot la lui reprend sauf qu'entre temps cette moustache est devenue aussi "la moustache d'Hitler", donc en la reprenant Charlot ne fait pas que récupérer son bien, il intègre aussi l'existence d'Hitler qu'il peut alors, à travers le personnage d'Hinkel, réduire à néant (d'où le titre : "Pastiche et postiche ou le néant pour une moustache").
Deux petites notes complémentaires:
1. C'est en 1920, quand est fondé le parti nazi, que Hitler "vole" à Charlot sa moustache (jusque-là il portait une grosse moustache broussailleuse, comme... les policiers de la Keystone !).
2. C'est Alexander Korda qui suggéra à Chaplin de faire un film sur Hitler et de jouer les deux rôles du dictateur et du petit barbier juif (non seulement Chaplin et Hitler portaient la même moustache, mais ils étaient quasiment jumeaux, nés presque le même jour).

(Buster)

Les premières lignes :

"Pour qui accorde à Charlot dans l'ordre de la mythologie et de l'esthétique universelle une importance au moins équivalente à celle d'Hitler dans l'ordre de l'histoire et de la politique ; pour qui ne trouve pas moins de mystère à l'existence de cet extraordinaire insecte noir et blanc dont l'image hante depuis trente ans l'humanité, qu'à celle de l'homme au poignet cassé qui obsède encore notre génération, le Dictateur est d'une signification inépuisable."

Les dernières lignes :

"Considérez que le Dictateur eût été impossible si Hitler avait été glabre ou s’il s’était taillé la moustache à la Clark Gable. Tout l’art de Chaplin n’y eût rien fait, puisque Chaplin sans sa moustache n’est plus Charlot, et qu’il fallait que Hinkel ne procédât pas moins de Charlot que d’Hitler, qu’il fût à la fois et l’un et l’autre pour n’être rien, que c’est l’exacte interférence des deux mythes qui les anéantit. Mussolini n’est pas annulé par Napaloni, il n’est que caricaturé, il se peut d’ailleurs qu’il ait assez peu d’existence pour être tué par le ridicule. Le cas d’Hinkel est différent : il repose sur les propriétés magiques de ce calembour pileux. Il eût été inconcevable si Hitler n’avait pas commis le premier l’imprudence de ressembler à Charlot par sa seule moustache.
Ce n’est pas le talent de mime, ce n’est même pas le génie de Chaplin qui l’autorisait à tourner le Dictateur. Ce n’était rien que cette moustache. Charlot a attendu le temps qu’il fallait, mais il a su reprendre son bien.
Puissance du mythe : la moustache de Hitler, elle, était vraie !"

(le texte intégral en accès payant ici)

 

COMPLEMENTS DE LECTURE :

1) ...Pourquoi les coiffeurs ? Notes actuelles sur Le Dictateur de Jean Narboni (Editions Capricci, 2010)

2) Chaplin, la grande histoire de Christian Delage (Editions Jean-Michel Place, 1998)

3) Les Enfants du paradis, un film grand format par Denis Marion dans Ciné-Club, décembre 1949 (repris sur le site hommage à Marcel Carné)

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