07/08/2017
Sur vos écrans en 1998
EDITORIAL :
Par Edouard S.
Rendus certainement nerveux par le rythme de publication des notes zoomarrièresques passé de mensuel à très aléatoire, vous attendez fébrilement le titre du meilleur film de 1998 ? Et bien vous ne le dénicherez pas dans l'habituelle liste étoilée dressée ci-dessous !
Non, ce n'est pas Jackie Brown de Quentin Tarantino, film de la maturité poussant même les Cahiers du Cinéma à reconnaître enfin le talent du cinéaste excité. Non, ce n'est pas le sublime Fleurs de Shanghai, fascinante plongée dans le passé et plus gros succès du jusque-là confidentiel maître taïwanais Hou Hsiao-hsien. Non, ce n'est ni Minuit dans le jardin du bien et du mal, ni Harry dans tous ses états, bonnes cuvées proposées les sexagénaires Clint et Woody.
Le film de 1998 est en fait un documentaire produit et diffusé par Canal+ dès la fin de la Coupe du Monde de football remportée par l'équipe de France et réalisé par Stéphane Meunier au plus près du staff et des joueurs. Les Yeux dans les Bleus est, comme le stupéfiant Kingdom de Lars Von Trier, un produit télévisuel, et, comme le puissant Festen de Thomas Vinterberg, un film tourné caméra à l'épaule. Il est également, aussitôt, un succès populaire, comme le Titanic de James Cameron (et ses 20 millions et quelques spectateurs), et un film culte, comme le Big Lebowski des frères Coen, à ceci près que Les Yeux dans les Bleus montrent l'équipe du Capitaine Deschamps éviter l'iceberg brésilien et remporter le trophée en jouant non pas au bowling mais bien au football.
On trouve dans le documentaire de Meunier des répliques aussi mémorables que le fameux "Il s'appelle Just Leblanc" du Dîner de cons (30 secondes brillantes perdues dans un océan de nullité), avec, en premier lieu, le mythique "Muscle ton jeu Robert !" envoyé par le grand Aimé Jacquet à Robert Pirès. Notons également qu'il y eut, comme pour Les Visiteurs, deux suites oubliées par tous bien que reposant sur le même principe immersif (réalisées à l'occasion de la Coupe du Monde suivante en 2002).
Comme la première moitié d'Il faut sauver le soldat Ryan, Les Yeux dans les Bleus donnait le sentiment du jamais vu, par la proximité que Meunier était parvenu à entretenir avec les footballeurs français, une proximité qui, en 1998, sentait encore le vrai puisque nous n'étions pas encore entrés totalement dans notre société de la (fausse) transparence et de la véritable manipulation par l'image. Malheureusement, c'est surtout pour le pire que ce film inestimable annonce tout ce qui viendra par la suite dans le domaine du document sportif. A compter de cette date, tous les services des sports n'auront de cesse de proposer à leurs spectateurs des "plongées inédites dans l'intimité des champions", lassantes ribambelles d'images de vestiaires, d'entraînements et de discours motivants. Irrémédiablement privé des droits de retransmission des grands événements sportifs par les chaînes payantes, le service public s'est fait un spécialiste de l'exercice, qui est devenu ainsi une sorte de cache-misère.
Alors effectivement, Les Yeux dans les Bleus n'est pas un film de cinéma. Mais ce n'est pas juste un document. Stéphane Meunier a eu certes la chance d'être au bon endroit au bon moment et de voir la France l'emporter grâce à deux coups de boule (non répréhensibles ceux-là) du Roi Zidane. Encore fallait-il mettre ces instants captés en forme, bâtir une narration prenante, utiliser habilement les musiques en rendant par exemple supportable le I Will survive de Gloria Gaynor et prolonger la joie ressentie en juin et juillet 1998, avant de voir tout cela s'évaporer quelque peu avec le temps. Car aujourd'hui, il est vrai que les enfants courant après le ballon s'en "footent" un peu des Yeux dans les Bleus. Tandis que Kirikou, ça marche toujours...
LES CONSEILS DE NOTRE EQUIPE :
Une liste de 218 longs métrages (sur les 464 sortis en salles), avec, pour les étoiles en couleur, des liens vers des textes écrits par les contributeurs.
LES CHOIX DE NOS AMIS ET LECTEURS :
Frédéric :
1- Histoire(s) du cinéma (Godard) 2- Titanic (Cameron) 3- Conte d'automne (Rohmer) 4- Jackie Brown (Tarantino) 5- Secret défense (Rivette) 6- Snake Eyes (De Palma) 7- Les Fleurs de Shanghai (Hsiao-Hsien) Kanzo sensei (Imamura) 9- Inquiétude (de Oliveira) Les Rebelles du Dieu Néon (Ming-Liang) + un court-métrage : Mort à Vignole (Smolders)
Mister Arkadin :
**** :
*** : The Big Lebowski (8) ; Snake Eyes (7) ; Sue perdue dans Manhattan (7) ; La Prisonnière espagnole (7) ; Pas vu, pas pris (7) ; Conte d’automne (7)
** : Mary à tout prix (6) ; L’Enjeu (6) ; Sexcrimes (6) ; Hors d’atteinte (6) ; Wild Man Blues (6) ; La Vie rêvée des anges (6) ; Titanic (6) ; Harry dans tous ses états (6) ; Aprile (6) ; Le Général (6) ; Les Rebelles du dieu néon (6) ; Insomnia (6) ; U-Turn (5) ; Small Soldies (5) ; Jackie Brown (5) ; Minuit dans le jardin du bien et du mal (5) ; Les Fleurs de Shanghai (5) ; L’Ennui (5) ; Chat noir, chat blanc (5) ; Bienvenue à Gattaca (5) ; My name is Jo (5)
* : Souviens-toi l’été dernier (4) ; La vie est belle (4) ; The Truman Show (4) ; Le Dîner de cons (4) ; Vidange (4) ; Will Hunting (3) ; Boogie Nights (3) ; Jeanne et le garçon formidable (3) ; A vendre (3) ; Place Vendôme (3)
o : Les Couloirs du temps (Les Visiteurs II) (2) ; Serial Lover (2) ; Une chance sur deux (2) ; Taxi (2) ; Lolita (2) ; Ceux qui m’aiment prendront le train (2) ; Le Masque de Zorro (2)
- (vus, mais plus assez de souvenirs pour noter ; sont par définition absents ceux que j’ai vus, mais qui m’ont laissé tellement peu de souvenirs que je ne m’en rappelle même plus !) : Kirikou et la sorcière ; Ouvre les yeux ; The Second Civil War ; Secret Défense ; Scream 2 ; Déjà mort ; A la place du cœur ; L’Ecole de la chair
Pierre :
Top 10 : 1-La pomme (Makhmalbaf) 2-Les idiots (Von Trier) 3-0ssos (Costa) 4-Titanic (Cameron) 5-Mary à tout prix (Farelly) 6-Le roi des masques (Wu Tian Ming) 7-Snake eyes (De Palma) 8-Violent cop (Kitano) 9-Les fleurs de Shangaï (hou Hsiao Hsien) 10-Kirikou et la sorcière (Ocelot)
les 20 hors liste suivants The bible and gun club (Harris)*** L'arche du désert (Chouikh)*** Massoud l'afghan (De Ponfilly)*** Le garçon boucher (Jordan)*** Animals (Di Giacomo)*** Si bleu si calme (De Latour)** Memory & desire (Brooks)** Heavy (Mangold)** Slam (Levin)** Devarim (Gitaï)** Central do Brasil (Salles)** En plein coeur (Jolivet)** A la recherche du paradis perdu (Salis)** La dette (Buenaventura et Alvarez)** Les taudis de Beverly hills (Jenkins)** C'est la tangente que je préfère (Silvera)* Les puissants (Chelsom)* Au-delà de nos rêves (Ward)* Kurt & Courtney (Broomfield)* Argent comptant (Rattner)00
et puis 19 longs-métrages inédits 1-Dil se (Ratnam)**** 2-Bird people of China (Miike)**** 3-Garçons d'Athènes (Gianadis)*** 4-The book of life (Hartley)*** 5-La dernière danse (Tsai Ming Liang)*** 6-Storm riders (Lau)*** 7-Le vol de l'abeille (Usmonov)*** 8-Lithium (Flmhole)** 9-Monella (Brass)** 10-Attractions fatales (Maxwell)** 11-Palmetto (Schlöndorff)** 12-Dead end (Bullock)** 13-Future sport (Dickerson)* 14-Frankfurt millenium (Karmakar)* 15-Le dentiste 2 (Yuzna)* 16-Le couloir de la mort (Baker et michaels)0 17-Post mortem (Pyun)0 18-Maleficia (Pelissier)0 19- Pur et dur / One tough cop (Barreto)0
Un moyen métrage Ici ou là-bas (Zegaoui)**
et puis pour finir 17 courts-métrages 1-Gilbert & Sullivans the very models (Purves)**** 2-Human remains (Rosenblatt)*** 3-Paradis artificiels (Manas)*** 4-Mort à Vignolle (Smolders)*** 5-Mon lit ton lit (Tamou)*** 6-Brushing (So Nyon-Ghi)*** 7-Crazy glue (Rosenthal)*** 8-Les larmes (Sen)** 9-Electrons statiques (Moutoud)** 10-Exercice of steel (Caro)** 11-Ma couleur et nous (Mc Lean)** 12-Grace (Enoch)** 13-Le cyclope de la mer (Jullien)** 14-De passage (Olive)** 15-L'étranger venu d'Afrique (Kembela)** 16-Alias (De Van)* 17-Flammes (Bokanowski)*
Un simple amateur :
1-Mère et fils (Sokourov) 2-Les fleurs de Shangaï (hou Hsiao Hsien) 3-Les idiots (Von Trier) 4-Kanzo sensei (Imamura) 5-Festen" (Vinterberg) 6-The Big Lebowski (Coen) 7-Conte d'automne" (Rohmer) 8-La pomme (Makhmalbaf) 9-Minuit dans le jardin du bien et du mal (Eastwood) 10-Insomnia (Nolan)
LE SONDAGE TWITTER DU DR. ORLOF :
Quel est le meilleur film sorti en 1998 ? (92 votants)
17 voix pour "The Big Lebowski"
2ème (9 voix) : "Jackie Brown" (Tarantino)
3ème (8 voix) : "Starship Troopers" (Verhoeven)
4ème (7 voix) : "Festen" (Vinterberg)
5ème (4 voix) : "Titanic" (Cameron)
6ème (3 voix) : "Harry dans tous ses états" (Allen), "Dieu seul me voit" (Podalydès), "Conte d'automne" (Rohmer), "Aprile" (Moretti), "Velvet Goldmine" (Haynes), "Will Hunting" (Gus Van Sant)
Viennent ensuite avec 2 voix : "Il faut sauver le soldat Ryan" (Spielberg), Bienvenue à Gattaca (Niccol), Claire Dolan (Kerrigan), Sue perdu à Manhattan (Kollek), The second civil war (Dante), Le Festin chinois (Tsui Hark), Boogie Nights (PTA)
Cités une fois : Snake eyes (De Palma), Le Général (Boorman), Les yeux dans les bleus (Meunier), "Sexcrimes" (McNaughton), Piège à Hong-Kong (Tsui Hark), Fleurs de Shanghai (HHH), The Boxer (Sheridan), Inquiétude (Oliveira), Comme elle respire (Salvadori), Insomnia (Skjoldbjaerg), Sitcom (Ozon), Kirikou (Ocelot), Chat Noir, chat blanc (Kusturica), The Truman show (Weir), Las Végas parano (Gilliam)
LE BOX-OFFICE :
1. Titanic, James Cameron, 20 634 793 entrées
2. Le Dîner de cons, Francis Veber, 9 247 001 entrées
3. Les Visiteurs 2 : Les Couloirs du temps, Jean-Marie Poiré, 8 043 129 entrées
4. Taxi, Gérard Pirès, 6 522 121 entrées
5. Mulan, Barry Cook & Tony Bancroft, 5 793 697 entrées
LES PRIX ET RECOMPENSES :
- Prix Louis-Delluc : L'Ennui (Cédric Kahn)
- Prix Méliès : La Vie rêvée des anges (Erick Zonca)
- Prix Jean Vigo : Dis-moi que je rêve (Claude Mouriéras)
- César du meilleur film : La Vie rêvée des anges (Erick Zonca)
- Oscar du meilleur film : Titanic (James Cameron)
- Festival de Venise, Lion d'or : Mon frère (Gianni Amelio)
- Festival de Cannes, Palme d'or : L'Éternité et un jour (Théo Angelopoulos)
- Festival de Berlin, Ours d'or : Central do Brasil (Walter Salles)
- Festival de Locarno, Léopard d'or : Zhao xiansheng (Lu Yue)
- Festival de Saint-Sébastien, Coquille d'or : Le Vent en emporte autant (Alejandro Agresti)
A VOUS LA PAROLE !
A notre suite, nous vous invitons à dresser votre propre palmarès de l'année et à nous le faire parvenir, par l'intermédiaire des commentaires ou du bouton de contact, afin que nous le mentionnions à son tour ci-dessus.
(vous pouvez consulter la liste de tous les films sortis en France en 1998 sur le site Encyclo-Ciné)
| Tags : 1998, tarantino, hou, coen, podalydès, rohmer, von trier, vinterberg, allen, eastwood, kusturica | Lien permanent | Commentaires (5) | Imprimer | Facebook | | |