24/11/2019
Sur vos écrans en 2018
LES CONSEILS DE NOTRE EQUIPE :
Une liste de 294 longs métrages (sur les 895 sortis en salles), avec, pour les étoiles en couleur, des liens vers des textes écrits par les contributeurs.
LE BOX-OFFICE :
1. Les Indestructibles 2, Brad Bird, 5 845 365 entrées
2. Les Tuche 3, Olivier Baroux, 5 687 200 entrées
3. La Ch'tite Famille, Dany Boon, 5 626 049 entrées
4. Avengers : Infinity War, Anthony et Joe Russo, 5 141 500 entrées
5. Bohemian Rhapsody, Bryan Singer, 4 372 506 entrées
LES PRIX ET RECOMPENSES :
- Prix Louis-Delluc : Plaire, aimer et courir vite (Christophe Honoré)
- Prix Méliès : Mektoub, my love : canto uno (Abdellatif Kechiche)
- Prix Jean Vigo : Shéhérazade (Jean-Bernard Marlin) & Un couteau dans le cœur (Yann Gonzalez)
- César du meilleur film : Jusqu'à la garde (Xavier Legrand)
- Oscar du meilleur film : La Forme de l'eau (Guillermo del Toro)
- Festival de Venise, Lion d'or : Roma (Alfonso Cuaron)
- Festival de Cannes, Palme d'or : Une affaire de famille (Hirokazu Kore-eda)
- Festival de Berlin, Ours d'or : Touch Me Not (Adina Pintilie)
- Festival de Locarno, Léopard d'or : A Land Imagined (Yeo Siew-hua)
- Festival de Saint-Sébastien, Coquille d'or : Entre dos aguas (Isaki Lacuesta)
A VOUS LA PAROLE !
A notre suite, nous vous invitons à dresser votre propre palmarès de l'année et à nous le faire parvenir, par l'intermédiaire des commentaires ou du bouton de contact, afin que nous le mentionnions à son tour ci-dessus.
(vous pouvez consulter la liste de tous les films sortis en France en 2018 sur le site Encyclo-Ciné)
12/09/2015
Sur vos écrans en 1981
EDITORIAL :
Par Vincent J.
"Regarde, quelque chose à changé / L'air semble plus léger / C'est indéfinissable", chantait Barbara à Pantin en octobre 1981. Elle a chanté aussi "Car de tous les souvenirs / Ceux de l’enfance sont les pire" mais je me souviens de cette atmosphère limpide du lundi 11 mai 1981. La veille mon père avait sorti le champagne, la France était socialiste et les lecteurs du Figaro attendaient les chars Russes sur la place de la Concorde. Je me souviens très bien de cet air du lundi matin et c'est loin d'être mon pire souvenir. Malgré tout ce qui s'est passé après, ce matin là, je ressentais un élan sur le chemin du lycée, puissant, inédit. J'avais quinze ans, assez vieux et à la fois assez jeune pour le ressentir pleinement, sans arrière-pensées, un élan idéal pour accompagner cette période où on laisse l'enfance derrière soi.
Je me souviens de 1981. J'ai quinze ans et mon rapport au cinéma ne cesse de s'affirmer. Il se structure. Depuis trois ans je fréquente la cinémathèque de Nice, dans la vieille ville, les salles du centre ville avec mes amis et le cinéma Art et Essais de la place Garibaldi, le Mercury et ses sept salles à deux pas de chez moi. A la maison, je tente de négocier sur la télévision les cinémas de minuit de Patrick Brion et le ciné-club de Claude Jean-Philippe. Je suis dans la presse les festivals de Cannes et après quelques essais, j'ai adopté un système de fiches que je range dans des petits classeurs noir, laissant tomber la notation par petites étoiles que je trouve trop scolaire. Je commence à acheter des livres (le John Wayne d'Allen Eyles en premier) et je regarde les revues sans encore me décider pour une. 1981, pour le cinéma, je suis dans l'élan aussi.
Je me souviens de l'été 1981. Les dernières grandes vacances chez ma grand-mère en Picardie. Je découpe les grandes pages de VSD, en noir et blanc, et un article surtout excite mon imagination tout le mois d'août. Il présente le nouveau héros devant envahir les écrans la rentrée : Indiana Jones. Chapeau mou, barbe de trois jours, fouet sur l'épaule, blouson de cuir, le regard franc de Harrison Ford dans la lignée de son personnage de Han Solo qui m'avait tant séduit l'an passé. Aux commandes, outre Georges Lucas, il y a un réalisateur dont j'ai pour l’instant manqué tous les rendez-vous : Steven Spielberg. Et je me souviens de la série d'affiches dans le passage souterrain de la gare quand je suis rentré à Nice, cette affiche où le héros semble sortir du mur, comme du souvenir d'un autre cinéma, celui que je connais bien. Cette affiche, je vais la mettre au dessus de mon lit et elle va y rester près de trente ans.
Je me souviens aussi des prémices. De l'émission Temps X des frères Bogdanoff bien avant qu'ils ne ressemblent à leurs momies botoxées, le samedi après-midi sur TF1. Ils diffusent un reportage sur le tournage du film et l'on y voit Harrison Ford tourner la scène où il est tiré derrière le camion. Et puis Métal Hurlant, la revue, qui met en couverture Indiana Jones dessiné par le grand Jim Steranko, l'auteur des peintures préparatoires, sublimes, pour Lucas et Spielberg. Un Indiana Jones fumeur à la carrure de Superman. "Les aventuriers de l'arche perdue est un film idiot, démagogique, nostalgique, tout ce que vous voulez, mais un film sain car il est fait pour rendre heureux" écrit Jean-Pierre Dionnet dans l'éditorial tandis que Philippe Manœuvre s'extasie sur plusieurs pages "J'étais pratiquement à quatre pattes sur la moquette, grattant le sol, jouant du fouet, boxant les nazis et serrant dans mes bras la divine Karen Allen".
Enfin, je me souviens très bien de la séance (le film sort le 16 septembre), avec mes amis du lycée, dans la grande salle à l'ancienne du Gaumont de l'avenue Jean Médecin. Plutôt ce qui me reste très clairement, c'est ce sentiment d’exhalation, d'excitation, et la façon très particulière dont il se prolongeait à la sortie. Cette joie sans retenue, cette envie de courir, de bondir sur les toits des voitures, d'être mal rasé et de porter un Fedora. J'avais déjà vu pas mal de films, j'en verrai bien d'autres, et si j'aurai des chocs esthétiques, émotionnels, intellectuels parfois plus forts, l'effet de Raiders of the lost ark reste unique. John Wayne était mort deux ans plus tôt, et Steven Spielberg, introduisant son héros de la même façon que John Ford dans Stagecoach (La chevauchée fantastique) par un vif travelling avant sur son visage, m'offrait une superbe passerelle entre mes admirations d'hier et les figures mythiques qui appartiendraient à ma génération en propre. De cette promesse naît aussi mon indéfectible admiration pour le réalisateur.
Mais il serait injuste de limiter mes souvenirs de 1981 à ce film. Deux autres œuvres m'ont beaucoup marqué cette année là et dans le même état d'esprit, avec une composante supplémentaire. Présenté au Festival de Cannes, Excalibur, la vision de John Boorman des récits des chevaliers de la table ronde a divisé la critique. Mais pour moi, c'était une vision sacrément neuve des films de chevalerie que je pratiquais jusqu'alors. Je découvrais les yeux ronds une succession d'images fantastiques, épiques, violentes et surtout sexuelles. L'étreinte entre le chevalier en armure (Uther joué par le débutant Gabriel Byrne) et Ygraine, duchesse de Cornouailles (jouée par Katherine Boorman) dans une ambiance d'ombres et de flammes, c'était quelque chose. Épique, violent, sexuel, c'était aussi le cas de Métal Hurlant, le film (d'animation), la machine à rêver comme l'écrivait la revue inspiratrice. L'équipe du canadien Gérald Potterton donnait le mouvement aux dessins de Richard Corben, Moebius ou Berni Wrightson. Le film a certes ses limites, mais sur l'instant, il est lui aussi un pur plaisir adolescent, musical et coloré, avec son abondance de monstres affreux, de femmes aussi pulpeuses que généreuses, de héros rugueux et de mondes incroyables. Et puis la vision de la guerrière Taarna chevauchant son ptérodactyle sur les accents lyriques d'Elmer Bernstein, à quinze ans, c'est unique.
Pour bien revenir à ces sentiments de 1981, il faut oublier tout le reste, le futur. Oublier tous les films que je découvrirai plus tard, John Carpenter et son New-York en ruines, Martin Scorsese et les vingt kilos pris par Robert De Niro pour jouer Raging Bull, Brian De Palma qui fait subir les derniers outrages à Angie Dickinson dans Pulsions, l'audace d'un cinéma français qui permet à Gérard Courant de sortir Cœur bleu en salles, à Guy Debord son fameux In girum imus nocte et consumimur igni et à un petit jeune, Jean-Jacques Beineix, de surprendre son monde avec Diva. Oublier que c'est la dernière fois que Sergio Corbucci est distribué en France. Oublier aussi que bêtement influençable, je ne suis pas allé voir Heaven's gate (La porte du paradis), le film de Michael Cimino précédé de sa mauvaise réputation américaine. Malgré l'accueil plus chaleureux de la critique française qui apprécie peut être le côté "marxiste" de l'épopée ciminesque, c'est dans l'air du temps, le public ne suit pas. Il faut dire que nous n'avons que la version amputée de plus d'une heure et qu'il faudra bien une dizaine d'années avant de découvrir Heaven's gate dans toute sa splendeur. Oublier aussi tous les autres, Rohmer, Lynch, le cinéma fantastique et d'horreur, Fulci le charcutier transalpin, Mann, Corneau, Truffaut et ses amants tragiques, Tavernier, Techiné, tous ces films dont je grappille à l'occasion des images à la télévision, comme pour le Stalker d'Andreï Tarkovski, qui ne me séduira guère plus tard. Oublier aussi que 1981, c'est le premier concert français de Bruce Springsteen dont j'ignore alors jusqu'au nom.
Oublier pour ne pas intellectualiser, pour ne pas prendre de recul, ne pas analyser en adulte, et mieux se souvenir. Et pour retrouver intact, je crois, ce sentiment ouvert où se mêlent dans le même élan l'Histoire, la vie et le cinéma, "Oh mes quinze ans, oh mes merveilles", il me suffit des premières mesures de la musique de John Williams et d'un claquement de fouet.
LES CONSEILS DE NOTRE EQUIPE :
Une liste de 194 longs métrages (sur les 721 sortis en salles) et 2 courts, avec, pour les étoiles en couleur, des liens vers des textes écrits par les contributeurs.
Céline | Christophe | Dr.Orlof | Edouard | FredMJG | Jean-Luc | Jocelyn | Ludovic | Nolan | Vincent | |
La Porte du paradis (Cimino) | **** | *** | **** | **** | **** | *** | **** | **** | ||
Raging Bull (Scorsese) | **** | *** | *** | **** | **** | ** | **** | *** | **** | *** |
La Femme d'à côté (Truffaut) | *** | *** | **** | *** | **** | **** | *** | * | **** | |
Stalker (Tarkovski) | **** | * | **** | **** | *** | **** | ** | |||
Les Contes des chrysanthèmes tardifs (Mizoguchi) | *** | **** | **** | **** | *** | |||||
Le Salon de musique (Ray) | **** | * | *** | *** | **** | *** | *** | |||
Fondu au noir (Zimmerman) | *** | **** | **** | |||||||
Elephant Man (Lynch) | **** | **** | **** | **** | *** | ** | ** | *** | ** | *** |
Charulata (Ray) | **** | *** | *** | *** | *** | *** | ||||
La Femme de l'aviateur (Rohmer) | *** | **** | *** | ** | ** | *** | ||||
Les Aventuriers de l'arche perdue (Spielberg) | *** | * | ** | **** | **** | ** | **** | * | ** | **** |
Coup de torchon (Tavernier) | ** | ** | *** | *** | ** | **** | *** | *** | ||
Reporters (Depardon) | *** | *** | **** | |||||||
Excalibur (Boorman) | ** | *** | ** | *** | **** | *** | * | **** | ** | **** |
Garde à vue (Miller) | *** | ** | *** | *** | *** | * | *** | ** | *** | *** |
Un étrange voyage (Cavalier) | *** | *** | *** | *** | ||||||
Lili Marleen (Fassbinder) | ** | *** | ** | **** | ** | ** | *** | |||
La Tendresse du maudit (Costa, cm) | **** | *** | ||||||||
Le Choix des armes (Corneau) | ** | **** | ** | ** | *** | ** | *** | *** | ** | |
New York 1997 (Carpenter) | ** | * | ** | ** | **** | * | **** | ** | *** | *** |
Pulsions (De Palma) | ** | * | **** | * | **** | ** | **** | ** | ** | ** |
Beau-Père (Blier) | *** | *** | ** | *** | *** | ** | ** | |||
Eaux profondes (Deville) | ** | *** | *** | ** | *** | |||||
Scanners (Cronenberg) | ° | *** | ** | **** | ** | *** | * | *** | ||
Hôtel des Amériques (Téchiné) | ** | *** | ** | *** | ** | * | *** | |||
L'Au-Delà (Fulci) | ** | ** | **** | ** | ** | |||||
Le Solitaire (Mann) | *** | **** | * | * | *** | |||||
Lola une femme allemande (Fassbinder) | ** | *** | * | **** | ** | |||||
Métal hurlant (Potterton) | *** | ** | * | **** | ||||||
Neige (Berto & Roger) | *** | ** | **** | * | ||||||
Regards et sourires (Loach) | ** | ** | *** | *** | ||||||
In girum imus nocte et consumimur igni (Debord) | **** | ** | ** | |||||||
Quelques jours de la vie d'Oblomov (Mikhalkov) | *** | ** | ||||||||
Comme un homme libre (Mann) | *** | *** | ||||||||
Le Tigre de jade (Chor) | *** | *** | ||||||||
Quelque part dans le temps (Szwarc) | *** | *** | ||||||||
Réincarnations (Sherman) | *** | *** | ||||||||
La Nuit de la métamorphose (Papic) | **** | |||||||||
San Mao le petit vagabond (Zhao & Yang) | **** | |||||||||
La Chèvre (Veber) | * | **** | *** | ** | *** | ** | * | ** | ||
Le Choc des Titans (Davis) | *** | *** | ** | * | ** | |||||
Une étrange affaire (Granier-Deferre) | *** | ** | ** | ** | ** | |||||
Malevil (De Chalonge) | *** | ** | ** | ** | ||||||
Le Facteur sonne toujours deux fois (Rafelson) | *** | * | * | ** | *** | ** | ** | |||
Possession (Zulawski) | *** | * | **** | * | **** | * | ° | |||
Docteur Jekyll et les femmes (Borowczyk) | ** | *** | ** | |||||||
Le Loup-garou de Londres (Landis) | ** | ** | *** | * | ** | ** | ||||
Fantôme d'amour (Risi) | ** | ** | ** | ** | ** | |||||
Hurlements (Dante) | ° | *** | *** | * | *** | |||||
L'Année des treize lunes (Fassbinder) | ° | ** | **** | ** | ** | |||||
Outland - loin de la Terre (Hyams) | ** | *** | * | * | *** | |||||
Allemagne mère blafarde (Sanders-Brahms) | *** | ** | ||||||||
Carmen Jones (Preminger) | ** | *** | ||||||||
Francisca (Oliveira) | *** | ** | ||||||||
Harlequin (Wincer) | *** | ** | ||||||||
Le Bunker de la dernière rafale (Caro & Jeunet, cm) | *** | ** | ||||||||
Le Chinois (Clouse) | ** | *** | ||||||||
Le Policeman (Petrie) | *** | ** | ||||||||
Les Chiens de guerre (Irvin) | ** | *** | ||||||||
Les Faucons de la nuit (Malmuth) | ** | *** | ||||||||
Mélodie meurtrière (Corbucci) | ** | *** | ||||||||
Les Chariots de feu (Hudson) | ** | ** | ** | ** | * | ** | ||||
Diva (Beineix) | ** | ** | *** | * | * | |||||
Celles qu'on n'a pas eues (Thomas) | ** | ** | ** | |||||||
La Tragédie d'un homme ridicule (Bertolucci) | ** | ** | ** | |||||||
La Trente-Sixième Chambre de Shaolin (Liu) | ** | *** | * | |||||||
Le Faussaire (Schlöndorff) | *** | ** | * | |||||||
Polyester (Waters) | ** | * | *** | |||||||
Quartet (Ivory) | ** | ** | ** | |||||||
Trois Frères (Rosi) | ** | ** | ** | |||||||
Des gens comme les autres (Redford) | *** | |||||||||
Eugenio (Comencini) | *** | |||||||||
Katia et le crocodile (Simkova) | *** | |||||||||
Le Contrat (Zanussi) | *** | |||||||||
Le Maître du kung-fu (Sun) | *** | |||||||||
Messe noire (Weston) | *** | |||||||||
Sanglantes Confessions (Grosbard) | *** | |||||||||
Les Bas-Fonds (Kurosawa) | ** | ° | ** | ° | ** | **** | ||||
L'Homme de fer (Wajda) | ** | ** | ** | * | ||||||
Clara et les chics types (Monnet) | * | * | ** | * | *** | |||||
Rox et Rouky (Stevens, Berman & Rich) | * | ** | ** | ** | ||||||
Brubaker (Rosenberg) | ** | ** | ||||||||
L'Arme à l'œil (Marquant) | ** | ** | ||||||||
L'Œil du témoin (Yates) | ** | ** | ||||||||
La Malédiction finale (Baker) | ** | ** | ||||||||
La Revanche (Lary) | ** | ** | ||||||||
Le Chasseur (Kulik) | ** | ** | ||||||||
Le Survivant d'un monde parallèle (Hemmings) | ** | ** | ||||||||
Les Ailes de la colombe (Jacquot) | ** | ** | ||||||||
Massacres dans le train fantôme (Hooper) | * | *** | ||||||||
Out of the Blue - garçonne (Hopper) | *** | * | ||||||||
Cannibal Holocaust (Deodato) | ** | *** | ** | * | * | |||||
Au-delà du réel (Russell) | ° | ** | *** | |||||||
Est-ce bien raisonnable ? (Lautner) | ** | * | ** | |||||||
L'Emmurée vivante (Fulci) | * | *** | * | |||||||
La Formule (Avildsen) | ** | * | ** | |||||||
La Peau (Cavani) | ** | ** | * | |||||||
La Provinciale (Goretta) | ** | ** | * | |||||||
Viens chez moi, j'habite chez une copine (Leconte) | * | *** | * | * | ** | * | ° | ** | ||
L'Année prochaine si tout va bien (Hubert) | * | ** | * | * | ** | |||||
La Guerre du feu (Annaud) | * | * | * | * | * | ** | * | ** | ||
Les Hommes préfèrent les grosses (Poiré) | ** | *** | ° | ° | ||||||
Popeye (Altman) | ° | * | ** | ** | * | |||||
Pour la peau d'un flic (Delon) | ** | * | * | * | * | |||||
Les Uns et les autres (Lelouch) | ° | * | ** | ** | ||||||
Salut l'ami, adieu le trésor (Corbucci) | * | * | ** | |||||||
Allons z'enfants (Boisset) | ** | * | ||||||||
Asphalte (Amar) | ** | * | ||||||||
La Dame aux camélias (Bolognini) | ** | * | ||||||||
Les Fourberies de Scapin (Coggio) | ** | * | ||||||||
Rude Boy (Hazan & Mingay) | ** | |||||||||
Shogun (London) | ** | * | ||||||||
Signé Furax (Simenon) | ** | * | ||||||||
Une affaire d'hommes (Ribowski) | * | ** | ||||||||
Baiser macabre (Bava) | ** | |||||||||
Ça va cogner (Van Horn) | ** | |||||||||
Ceinture noire contre kung-fu (Chang) | ** | |||||||||
Chasse à mort (Hunt) | ** | |||||||||
Cœur bleu (Courant) | ** | |||||||||
Divine Madness (Ritchie) | ** | |||||||||
Il faut tuer Birgitt Haas (Heynemann) | ** | |||||||||
L'Ombre rouge (Comolli) | ** | |||||||||
La Bible ne fait pas le moine (Feldman) | ** | |||||||||
La Femme objet (Mulot) | ** | |||||||||
La Flambeuse (Weinberg) | ** | |||||||||
La Vengeance de la femme violée (Zarchi) | ** | |||||||||
Le Corps et le fouet (Dietrich) | ** | |||||||||
Le Monstre du train (Spottiswoode) | ** | |||||||||
Les Enfants du numéro soixante-sept (Barthelmess-Weller & Meyer) | ** | |||||||||
Les Mercenaires de l'espace (Murakami) | ** | |||||||||
Noces de sang (Saura) | ** | |||||||||
Numéros zéro (Depardon) | ** | |||||||||
Rendez-Vous chez Max's (Donner) | ** | |||||||||
Rivages sanglants (Liberatore) | ** | |||||||||
Psy (De Broca) | ** | ° | * | * | ||||||
Quand tu seras débloqué, fais-moi signe (Leterrier) | ** | ° | ° | ** | * | |||||
Rien que pour vos yeux (Glen) | * | ** | ** | ° | ° | |||||
Le Professionnel (Lautner) | * | * | * | * | * | * | ° | ° | ||
C'est la vie (Vecchiali) | ° | ** | ||||||||
Contamination (Cozzi) | * | * | ||||||||
La Mort au large (Girolami) | ° | ** | ||||||||
Passion d'amour (Scola) | ** | ° | ||||||||
San-Antonio ne pense qu'à ça (Séria) | ° | ** | ||||||||
Une sale affaire (Bonnot) | ° | ** | ||||||||
Condorman (Jarrott) | ° | ** | * | ° | ||||||
Vendredi treize (Cunningham) | ° | *** | ° | |||||||
Flash Gordon (Hodges) | ° | * | * | * | ° | |||||
A nous la victoire (Huston) | ° | * | * | |||||||
Moi Christiane F., treize ans, droguée, prostituée (Edel) | ° | * | * | |||||||
Dominique (Anderson) | * | |||||||||
Faut s'faire la malle (Poitier) | * | |||||||||
L'Amour nu (Bellon) | * | |||||||||
La Foule en délire (Hawks) | * | |||||||||
La Gueule du loup (Leviant) | * | |||||||||
La Plage sanglante (Bloom) | * | |||||||||
La Secte des cannibales (Lenzi) | * | |||||||||
Le Bahut va craquer (Nerval) | * | |||||||||
Le Jour se lève et les conneries commencent (Mulot) | * | |||||||||
Le Lagon bleu (Kleiser) | * | |||||||||
Le Miroir se brisa (Hamilton) | * | |||||||||
Le Petit Lord Fauntleroy (Gold) | * | |||||||||
Les Bas de soie noire (Bernard-Aubert) | * | |||||||||
Les Fruits de la passion (Terayama) | * | |||||||||
Les Malheurs de Sophie (Brialy) | * | |||||||||
On m'appelle Malabar (Lupo) | * | |||||||||
Pétrole ! Pétrole ! (Gion) | * | |||||||||
Sphinx (Schaffner) | * | |||||||||
Tu fais pas le poids shérif (Needham) | * | |||||||||
Une robe noire pour un tueur (Giovanni) | * | |||||||||
La Coccinelle à Mexico (McEveety) | * | * | ° | |||||||
Inseminoid (Warren) | ° | * | ||||||||
L'Equipée du Cannonball (Needham) | * | ° | ||||||||
La Puce et le privé (Kay) | ° | * | ||||||||
Le Chêne d'Allouville (Penard) | * | |||||||||
Prends ta rolls et va pointer (Balducci) | ° | * | ||||||||
Un assassin qui passe (Vianey) | * | ° | ||||||||
La Soupe aux choux (Girault) | ° | ° | ° | * | ° | ° | ° | * | ||
Le Lac des morts-vivants (Rollin) | ° | * | ° | |||||||
Le Roi des cons (Confortès) | ° | ° | * | |||||||
On n'est pas des anges... elles non plus (Lang) | ° | ° | * | |||||||
Le Maître d'école (Berri) | ° | ° | ° | * | ° | ° | ||||
Tais-toi quand tu parles (Clair) | ° | * | ° | ° | ||||||
L'Amant de lady Chatterley (Jaeckin) | ° | ° | ||||||||
La Terreur des zombies (Girolami) | ° | ° | ||||||||
Belles, blondes et bronzées (Pécas) | ° | |||||||||
Croque la vie (Tacchella) | ° | |||||||||
Fais gaffe à la gaffe (Boujenah) | ° | |||||||||
L'Homme qui valait trois milliards (Crosland II) | ° | |||||||||
Le Maestro (Giraldi) | ° | |||||||||
Les Bidasses aux grandes manœuvres (Delpard) | ° | |||||||||
Les Folies d'Elodie (Génovès) | ° | |||||||||
Les Gardiennes du pénitencier (Franco & Thierry) | ° | |||||||||
Les Surdoués de la première compagnie (Gérard) | ° | |||||||||
Madame Claude 2 (Mimet) | ° | |||||||||
Céline | Christophe | Dr.Orlof | Edouard | FredMJG | Jean-Luc | Jocelyn | Ludovic | Nolan | Vincent |
Et ceux que l'on attendra encore longtemps sur nos écrans :
Céline | Christophe | Dr.Orlof | Edouard | FredMJG | Jean-Luc | Jocelyn | Ludovic | Nolan | Vincent | |
Lucifer rising (Anger, cm) | *** | ** | **** | ** | ||||||
Un court jour de travail (Kieslowski) | ** |
Rémi :
**** : La Porte du paradis / La Femme d'à côté / Le Salon de musique / La Femme de l'aviateur / Les Aventuriers de l'arche perdue
*** : Raging Bull / Elephant Man / Lili Marleen / New York 1997
** : Excalibur / Le Choc des Titans / Ebirah contre Godzilla / Les Soirées d'une épouse pervertie
* : La Chèvre / Rox et Rouky / Viens chez moi, j'habite chez une copine / La Guerre du feu / Les Hommes préfèrent les grosses / La Soupe aux choux / Le Maître d'école
° : Cannibal Holocaust / Quand tu seras débloqué, fais-moi signe / Vendredi treize / La Coccinelle à Mexico / L'Amant de lady Chatterley
Antoine :
**** : Stalker
*** : La Femme d'à côté / Coup de torchon / Garde à vue / Pulsions
** : Les Aventuriers de l'arche perdue / Excalibur
* : Elephant Man / Viens chez moi, j'habite chez une copine / La Guerre du feu / Rude Boy / Flash Gordon
° : Rien que pour vos yeux / Le Chêne d'Allouville / La Soupe aux choux / Le Maître d'école
Timothée :
**** : La Porte du paradis / Raging Bull / La Femme d'à côté / Stalker
*** : Elephant Man / Les Aventuriers de l'arche perdue / Coup de torchon / Garde à vue / Quelques jours de la vie d'Oblomov
* : Les Charriots de feu
LES CHOIX DE NOS AMIS ET LECTEURS :
Frédéric :
1- Francisca, La Porte du paradis, Le Salon de musique, La Tragédie d'un homme ridicule, 5- Charulata, Les Contes des chrysanthèmes tardifs, La Femme de l'aviateur, 8- Allemagne, mère blafarde, L'Année des treize lunes, Pulsions, Stalker
Mister Arkadin :
**** : Stalker (10) ; La Porte du paradis (9) ; Raging Bull (8)
*** : Coup de torchon (8) ; La Chèvre (7)
** : Pour la peau d’un flic (6) ; Pulsions (6) ; Beau-père (6) ; Garde à vue (6) ; Excalibur (6) ; Les Aventuriers de l’arche perdu (6) ; La Femme d’à côté (6) ; Le Salon de musique (6) ; Les Bas-Fonds (5) ; Clara et les chics types (5) ; Rox et Rouky (5) ; La Guerre du feu (5)
* : A nous la victoire (4) ; Rien que pour vos yeux (4) ; Diva (4) ; Le facteur sonne toujours deux fois (4) ; Eaux profondes (4) ; Les Fourberies de Scapin (4) ; L’Amour nu (4) ; Popeye (3) ; Les Fruits de la passion (3)
o : Belles, blondes et bronzées (2) ; L’Amant de Lady Chatterley (2) ; La Soupe aux choux (2) ; Pétrole ! Pétrole ! (2) ; Les hommes préfèrent les grosses (2) ; Viens chez moi, j’habite chez une copine (2) ; Le Maître d’école (2)
- (vus, mais plus assez de souvenirs pour noter, ou vus trop jeune pour avoir vraiment une opinion ; sont par définition absents ceux que j’ai vus, mais qui m’ont laissé tellement peu de souvenirs que je ne m’en rappelle même plus !) : Elephant Man ; Le Choix des armes ; Lola une femme allemande ; Une étrange affaire ; Eugenio ; Les Uns et les autres ; Noces de sang ; Le Professionnel ; Condorman ; Flash Gordon
Foxart :
Stalker (Tarkovski), Beau-Père (Blier), Un étrange voyage (Cavalier), L'au-delà (Fulci), La femme d'à coté (Truffaut), Polyester (Waters), Documenteur & Murs murs(Varda), Mad Max 2 (Miller), Blow out (DePalma), Le loup garou de Londres (Landis), Les aventuriers de l'Arche perdue (Spielberg), L'année des 13 lunes (Fassbinder), La porte du paradis (Cimino)
Pierre :
Top 10 : 1- Stalker (Tarkovski), 2-La porte du paradis (Cimino), 3-La tragédie d'un homme ridicule (Bertolucci), 4-L'au-delà (Fulci), 5-Beau-père (Blier), 6-Out of the blue-Garçonne (Hopper), 7-La 36ème chambre de Shaolin (Liu Chia Liang), 8-Les fruits de la passion (Terayama), 9-L'année des treize lunes (Fassbinder), 10-La grande escroquerie du rock'n roll (Temple)
Hors liste : -La brune et moi (Puycouyoul)***, -La princesse Chang Pin (Woo)***, -Votre enfant m'intéresse (Carré)*** -La maison au fond du parc (Deodato)*** -Les années lumière (Tanner)*** -Chaudes adolescentes / Ballets roses (Kikoïne)***, -Héros d'apocalypse (Margheriti)***, -Mephisto (Szabo)***, -La nuit des extra-terrestres / Le jour de la fin des temps (Cardos)***, -Virus (Fukasaku)**, -La révolte des boxers (Chang cheh)**, -Survivance (Lieberman)**, -Les longues vacances de 36 (Camino)**, -Le zombie venu d'ailleurs (Warren)**, -Moto massacre (Massi)**, -Chaleurs collectives / Sissy's hot summer (Colberg), -Mondo cannibale (Franco)**, -ça plane les filles (Lyne)**, -La nuit fantastique des morts-vivants/ Demonia (D'Amato)**, -Terreur express (Baldi)**, -L'homme des cavernes (Gottlieb)**, -Retourne moi c'est meilleur / Pensionnat de jeunes filles (Kikoïne)**, -Les motos sauvages (Rose)*, -Histoire d'Adrien (Denis)*, -Le lion sort ses griffes (Siegel)*, -Putain d'histoire d'amour (Béhat)*, -Les soirées d'une épouse pervertie (Bernard-Aubert)°, -Tarzan l'homme singe (Derek)°, -Un amour infini (Zeffirelli)°, -Téhéran 43 (Alov et Naoumov)°°
14 longs-métrages inédits : 1-Il pianeta azzuro (Piavoli et Poli) ***, 2-L'homme du bois Brésil (De Andrade) ***, 3-Djeli conte d'aujourd'hui (Kramo-Lanciné)***, 4-Ils ne portent pas de smoking (Hirzman)***, 5-Tête à tête (Robinson)***, 6-The nights of terror (Bianchi)***, 7-Nice dreams (Chong)**, 8-Samouraï reincarnation (Fukasaku)**, 9-Dragon princess (Kodeira)**, 10-La petite Ida (Mikkelsen)**, 11-Little hero (Cheng Hung Ming)**, 12-Point de mire (Lori)*, 13-L'aube des zombies (Agrama)*, 14-Starcrash 2 (Albertini)*
Un moyen métrage (documentaire) : Une vallée contre un empire (De Ponfilly et Bony)**
3 courts métrages : 1-Le bunker de la dernière rafale (caro et jeunet) ***, 2-La tendresse du maudit (Costa)***, 3-Epoussette mon blues (Grimberg)**
Un simple amateur :
1- Stalker (Tarkovski) 2-Le Salon de musique (Ray) 3-La porte du paradis (Cimino) 4-Raging Bull (Scorsese) 5-Charulata (Ray) 6-Un étrange voyage (Cavalier) 7-La femme de l'aviateur (Rohmer) 8-Quelque part dans le temps (Szwarc) 9-Elephant Man (Lynch) 10-La Femme d'à côté (Truffaut)
LE SONDAGE TWITTER DU DR. ORLOF :
Quel est le meilleur film sorti en 1981 ? (73 votants)
1- La porte du paradis (Cimino) et Raging Bull (Scorsese) (9 voix)
3- Elephant man (Lynch) et Stalker (Tarkovski) (6 voix)
5- Excalibur (Boorman) (5 voix)
6- Garde à vue (Miller), Les aventuriers de l'arche perdue (Spielberg) (4 voix)
8- In girum imus nocte et consumimur igni (Debord), La femme d'à côté (Truffaut), Le salon de musique (Ray), Le solitaire (Mann) (3 voix)
2 voix : Pulsions (De Palma), New-York 1997 (Carpenter), Beau-père (Blier)
1 voix : Un étrange voyage (Cavalier), Hurlements (Dante), Charulata (Ray), Le loup-garou de Londres (Landis), La femme de l'aviateur (Rohmer), Coup de torchon (Tavernier), Possession (Zulawski), Le professionnel (Lautner), Rien que pour vos yeux (Glen), Francisca (Oliveira), Outland (Hyams) et Hôtel des Amériques (Téchiné)
LE BOX-OFFICE :
1. La Chèvre, Francis Veber, 7 080 137 entrées
2. Rox et Rouky, Art Stevens, Richard Rich, Ted Berman, 6 687 862 entrées
3. Les Aventuriers de l'arche perdue, Steven Spielberg, 6 397 117 entrées
4. Le Professionnel, Georges Lautner, 5 243 511 entrées
5. La Guerre du feu, Jean-Jacques Annaud, 4 951 574 entrées
LES PRIX ET RECOMPENSES :
- Prix Louis-Delluc : Une étrange affaire (Pierre Granier-Deferre)
- Prix Méliès : Coup de torchon (Bertrand Tavernier) & Garde à vue (Claude Miller)
- Grand prix du cinéma français : Garde à vue (Claude Miller)
- Prix Jean Vigo : Le Jardinier (Jean-Pierre Sentier)
- César du meilleur film : La Guerre du feu (Jean-Jacques Annaud)
- Oscar du meilleur film : Des gens comme les autres (Robert Redford)
- Festival de Venise, Lion d'or : Les Années de plomb (Margarethe von Trotta)
- Festival de Cannes, Palme d'or : L'Homme de fer (Andrzej Wajda)
- Festival de Berlin, Ours d'or : Vivre vite ! (Carlos Saura)
- Festival de Locarno, Léopard d'or : Chakra (Rabindra Dharmaraj)
- Festival de Saint-Sébastien, Coquille d'or : Conte de la folie ordinaire (Marco Ferreri)
A VOUS LA PAROLE !
A notre suite, nous vous invitons à dresser votre propre palmarès de l'année et à nous le faire parvenir, par l'intermédiaire des commentaires ou du bouton de contact, afin que nous le mentionnions à son tour ci-dessus.
(vous pouvez consulter la liste de tous les films sortis en France en 1981 sur le site Encyclo-Ciné)
13/12/2013
Sur vos écrans en 1961
EDITORIAL :
L’œil de Cassavetes prend le relais des mille yeux du docteur Mabuse
Par Jean-Luc L.
"Angela tu es infâme" et celle-ci de répondre, victorieuse, à Emile : "non, je suis une femme". Ce pétillant dialogue en scope et en couleur entre Jean-Claude Brialy et Anna Karina dit tout le romantisme qui parcourt notre cinéma français, à rebrousse-poil de la sinistrose et de morosité à l’œuvre dans le reste du monde. Non seulement un enfant naîtra donc après le générique final d’Une femme est une femme mais le rêve d’amour se prolongera peut-être aussi après L’année dernière à Marienbad alors que Lola sera récompensée d’avoir su attendre Michel à Nantes.
En Italie, le couple est en revanche mis à mal. Belmondo quitte ses habits d’Ernest Lubitsch, son personnage d’Une femme est une femme, pour incarner Amerigo, jeune fils de paysan désespéré qui reprendra le chemin de La Viaccia à la fin du film de Bolognini car la belle Claudia Cardinale n’aura pas voulu de lui. Amerigo aura pourtant fait mieux que le bel Antonio (Marcello Mastroianni) mis en scène par le même Bolognini l’année précédente dont l’impuissance survenait dès qu’il essayait de faire l'amour avec une femme qu'il aimait. La mise en scène du film exploite les dimensions politiques, symboliques et romanesques de cette impuissance amoureuse qui vaut pour toute la jeunesse idéaliste de Catane, obligée de se compromettre auprès du député local. C'est toute la société sicilienne qui a abandonné tout idéalisme au profit d'une vile exploitation des pulsions.
Dans Divorce à l'italienne Pietro Germi peint au vitriol les habitudes sexuelles dans un pays toujours très influencé par la morale religieuse. Rocco et ses frères laisseront Nadia (Annie Girardot) sur le carreau mais, à la fin de La Notte, Giovanni (Marcello Mastroianni) fait-il mieux en assurant Lidia (Jeanne Moreau) de son amour ? Celle-ci lui avoue qu’elle ne l'aime plus et n'éprouve plus pour lui que de la pitié. Elle déplie de son sac une lettre dactylographiée, une lettre d'amour lui gageant un amour plus fort que l'habitude. Giovanni voudrait savoir qui l’a écrite. Lidia, désabusée, lui répond que c'est lui-même autrefois. Giovanni, blessé de cet oubli de lui-même et de son amour qu'il avait crû éternel, étreint Lidia sur le sable du parc pour étouffer ses refus et son désespoir. Le jour qui se lève ne sera probablement pas une aube nouvelle pour eux. Si les lignes des bâtiments filmés avec soin par Antonioni sont droites, les pensées des hommes sont trop courbes et seul l'instinct des femmes leur permet de trouver, un peu mieux, leur chemin.
Et comme si cela ne suffisait pas, 1961 voit la sortie sur les écrans français de La soif / La Fontaine d'Arhétuse, huis-clos en mouvement, partiellement sartrien qui décrit l'impossibilité de l'harmonie dans la vie de couple, puisque les défauts des hommes et des femmes s'additionnent et s'amplifient au cours d'une interminable guerre des sexes. Bergman ne parle pourtant pas d'enfer du couple, car l'enfer de la solitude, décrite avec les personnages de Viola et Valborg est évoqué avec terreur comme un enfer bien pire encore.
Les américains continuent de s’intéresser à des histoires d’hommes, celles des Deux Cavaliers, de Spartacus, d’Elmer Gantry, le charlatan, et ceux des Bas-fonds de New York. Moins heureux car moins ironique qu'habituellement, John Huston fait preuve d’un romantisme un peu niais dans Les Désaxés quand Marilyn se bat pour l’amour des chevaux, dans une symbolique de liberté à conquérir un peu facile.
Bien plus grinçants sont leurs héros adolescents. Minnelli, vétéran d’Hollywood, décrit dans Celui par qui le scandale arrive, comment, dans une petite ville du Texas, espace rêvé pour une tragédie américaine, un adolescent trop sensible est englué dans un décor schizophrène et oppressant : d'un côté la forêt et les marais où il chasse en compagnie de son père ; de l'autre, le grenier et les souvenirs de l'enfance gardés par la mère. Une perspective sera pourtant finalement ouverte tout comme dans Shadows, premier film de Cassavetes où Davy parviendra à amadouer Lelia, déçu par le racisme de Tony. Ben, son frère de couleur, prend aussi conscience qu'il ne peut passer son temps à voler les filles et s’en va seul dans la nuit, probablement décidé à changer.
Cassavetes remet ainsi en cause les valeurs de la beat generation tout en ouvrant la voie du cinéma indépendant. En 1957, Cassavetes est un acteur en vogue à la télévision ; formé aux méthodes de l'Actor's Studio. Il est un adepte de l'improvisation qui donne ses propres cours de théâtre. Un soir, il annonce qu'il doit se rendre à l'émission de Jean Shepherd, Night people, à 1h00 du matin. Là, Cassavetes déclare qu'il est possible de faire un film totalement libre des contraintes commerciales imposées par les studios si chaque auditeur lui envoie un dollar. Le lendemain, Cassavetes reçoit 2 000 billets de 1 dollar. De retour au Variety arts studio, il annonce à ses comédiens qu'ils vont faire un film à partir de leur travail. Durant quatre mois, Cassavetes tourne des scènes sans méthode "Je croyais dit-il tenir un outil magique pour filmer des impressions ; ce que sont les gens plutôt que leur vie intérieure". Le film, tourné en 16mm, dure une heure… et est un grave échec lors de sa première au Paris Theater. "La salle était comble mais, rapidement, toutes les personnes sont parties sauf un critique, un ami qui a trouvé le film merveilleux". Cet ami c'est probablement Jonas Mekas qui, comme le raconte Dominique Noguez, proclamera triomphalement dans Film Culture que les cinéastes de la nouvelle génération pouvaient désormais faire leurs films eux-mêmes. Après l'échec de la première qui semblait irréparable, le producteur Papatakis prête néanmoins 2 000 dollars et des amis encore 13 000 dollars pour continuer et permettre 10 jours de tournage supplémentaires. "La première version a été montrée à des cinéphiles qui l'ont trouvé merveilleuse et le bruit a couru que la seconde version était plus commerciale. Mais je préfère les 10 jours du nouveau tournage aux quatre mois de tournage improvisé" dira Cassavetes qui présentera cette seconde version, gonflée en 35 mm, dans les festivals et les salles du monde entier.
Cette modernité c’est aussi ce que recherche Fritz Lang dans ce que l’on ne sait pas encore être son dernier film. Le diabolique docteur Mabuse utilise des moyens modernes de vidéo surveillance pour espionner ses victimes. Le titre original "Les mille yeux du Dr Mabuse" est plus significatif que le titre français mais le propos politique sur l'ère de l'audiovisuel triomphant et sur les nouvelles formes technologiques de l'emprise du Mal rivalise mal avec la sombre atmosphère de montée du nazisme des deux précédents opus. Ainsi, peur contre peur, l’équipe de Zoom arrière lui préfère encore aujourd’hui Le Masque du démon de Mario Bava… sous estimant sans doute le regard terrible Edgard Morin dans Chronique d’un été que Jean Rouch égaie pourtant d’un épisode à Saint-Tropez.
France-USA-Italie, c’est encore le trio de tête de la cinéphilie mondiale car l’Asie se rapproche encore bien trop lentement. Il a fallu six ans pour que le beau film d’aventures de Mizoguchi, Le Héros sacrilège, nous parvienne. Mais que dire des films de Kurosawa dont ne sort sur les écrans français de 1961 que Chien enragé qui date de 1949. Yojimbo / Le Garde du corps sort immédiatement dès 1961 aux USA mais mettra des années à sortir en France tout comme Dernier caprice de Ozu.
LES CONSEILS DE NOTRE EQUIPE :
Une liste de 124 longs métrages (sur les 413 sortis en salles) et 1 court, avec, pour les étoiles en couleur, des liens vers des textes écrits par les contributeurs.
Antoine | Buster | Christophe | Dr.Orlof | Edouard | FredMJG | Jean-Luc | Jocelyn | Ludovic | Vincent | |
Rocco et ses frères (Visconti) | *** | **** | ** | **** | **** | *** | *** | **** | ||
Lola (Demy) | **** | *** | **** | *** | *** | *** | **** | |||
Les Bas-Fonds new-yorkais (Fuller) | *** | **** | *** | **** | **** | |||||
Les Désaxés (Huston) | *** | ** | *** | **** | **** | * | **** | **** | ||
Shadows (Cassavetes) | *** | ** | **** | **** | *** | *** | *** | |||
Le Port de la drogue (Fuller) | *** | *** | **** | *** | ** | **** | *** | *** | *** | |
Le Chien enragé (Kurosawa) | **** | *** | ** | ** | *** | **** | ** | **** | ||
Le Masque du démon (Bava) | *** | ** | *** | *** | **** | *** | *** | **** | ||
Le Diabolique Docteur Mabuse (Lang) | *** | *** | *** | *** | *** | ** | *** | *** | ||
Le Héros sacrilège (Mizoguchi) | *** | *** | *** | *** | ** | |||||
L'Année dernière à Marienbad (Resnais) | ** | ° | *** | **** | *** | **** | *** | |||
Les Deux Cavaliers (Ford) | *** | **** | *** | *** | ** | ** | *** | *** | ||
Spartacus (Kubrick) | * | *** | **** | ** | ** | **** | ** | *** | ** | **** |
Elmer Gantry, le charlatan (Brooks) | *** | **** | *** | *** | ** | *** | ** | |||
Mère Jeanne des Anges (Kawalerowicz) | ** | **** | **** | |||||||
La Fontaine d'Aréthuse / La Soif (Bergman) | ** | *** | *** | **** | ||||||
Le Dingue du palace (Lewis) | *** | *** | *** | *** | ||||||
Le Testament du docteur Cordelier (Renoir) | ** | **** | * | ** | *** | **** | *** | |||
Celui par qui le scandale arrive (Minnelli) | *** | **** | ** | *** | *** | * | *** | |||
La Grande Pagaille (Comencini) | *** | **** | *** | * | *** | |||||
La Vengeance aux deux visages (Brando) | *** | *** | **** | *** | * | |||||
Le Bel Antonio (Bolognini) | ** | **** | ** | *** | *** | |||||
Une femme est une femme (Godard) | **** | * | ** | ** | ** | ** | *** | *** | ||
La Nuit (Antonioni) | *** | ** | ° | *** | *** | *** | *** | **** | ** | |
Les Criminels (Losey) | *** | *** | ** | *** | ||||||
Les Cent Un Dalmatiens (Disney) | *** | ** | * | **** | * | *** | ||||
Léon Morin, prêtre (Melville) | ** | ** | **** | ** | ** | ** | ** | ** | ||
Les Garçons (Bolognini) | ** | ** | ** | *** | *** | |||||
Exodus (Preminger) | *** | *** | ** | ** | ||||||
La Ruée vers l'ouest (A. Mann) | ** | ** | *** | |||||||
Cendrillon aux grands pieds (Tashlin) | ** | *** | *** | |||||||
La Jeune Fille (Buñuel) | **** | ** | ** | |||||||
Samedi soir, dimanche matin (Reisz) | ** | *** | *** | |||||||
Ailleurs l'herbe est plus verte (Donen) | *** | *** | ||||||||
L'Ile nue (Shindo) | **** | ** | ||||||||
Un taxi pour Tobrouk (La Patellière) | * | * | *** | *** | *** | |||||
Paris nous appartient (Rivette) | *** | ° | ** | *** | ** | |||||
La Machine à explorer le temps (Pal) | ** | ** | *** | ** | ** | |||||
Les Sept Mercenaires (Sturges) | ** | *** | * | ** | ** | ** | ** | ** | * | |
El cochecito (Ferreri) | *** | ** | ** | |||||||
La Nuit du loup-garou (Fisher) | * | *** | *** | |||||||
Pleins Feux sur l'assassin (Franju) | ** | * | ** | ** | ** | *** | ||||
Le Cid (A. Mann) | *** | * | * | * | **** | |||||
L'Enquête de l'inspecteur Morgan (Losey) | ** | *** | ||||||||
Le Grand Sam (Hathaway) | * | ** | ** | *** | ||||||
L'Homme à la peau de serpent (Lumet) | * | * | ** | *** | * | ** | ** | |||
Les Canons de Navarone (Lee-Thompson) | * | ** | * | * | ** | |||||
Bellissima (Visconti) | * | *** | ** | * | ** | |||||
La Viaccia (Bolognini) | ** | * | * | ** | *** | |||||
Jugement à Nuremberg (Kramer) | * | ** | *** | |||||||
L'Inconnu de Las Vegas (Milestone) | ** | ** | ** | |||||||
Les Mains d'Orlac (Gréville) | ** | *** | * | |||||||
Critique de la séparation (Debord, cm) | *** | |||||||||
La Lettre inachevée (Kalatozov) | *** | |||||||||
La Reine des barbares (Grieco) | *** | |||||||||
La Victime (Dearden) | *** | |||||||||
Le Bossu de Rome (Lizzani) | *** | |||||||||
Le Cheval qui pleure (Donskoï) | *** | |||||||||
Le Cirque des horreurs (Hayers) | *** | |||||||||
Esther et le roi (Walsh) | ** | * | ** | ** | ||||||
Le Capitaine Fracasse (Gaspard-Huit) |