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14/03/2021

ZA de A à Z : HUSTON, John

Les films de JH vus par les contributeurs de ZA :

1941 - Le Faucon maltais
1942 - In This Our Life
1942 - Griffes jaunes
1948 - Le Trésor de la Sierra Madre
1948 - Key Largo par Christophe
1949 - Les Insurgés par Christophe
1950 - Quand la ville dort par Jean-Luc Lacuve
1951 - La Charge victorieuse
1951 - African Queen
1952 - Moulin Rouge par Jean-Luc Lacuve
1953 - Plus fort que le Diable
1956 - Moby Dick
1957 - Dieu seul le sait par Jean-Luc Lacuve
1958 - Le Barbare et la Geisha
1958 - Les Racines du ciel
1960 - Le Vent de la plaine par Vincent Jourdan
1961 - Les Désaxés par Vincent Jourdan
1962 - Freud, passions secrètes
1963 - Le Dernier de la liste
1964 - La Nuit de l'iguane
1966 - La Bible
1967 - Casino Royale par Benjamin Fauré
1967 - Reflets dans un œil d'or
1969 - Davey des grands chemins
1969 - Promenade avec l'amour et la mort par Benjamin Fauré
1970 - La Lettre du Kremlin
1972 - Fat City par Christophe
1972 - Juge et hors-la-loi par Jocelyn Manchec / par Christophe
1973 - Le Piège
1975 - L'homme qui voulut être roi par Rémi
1979 - Le Malin par Édouard Sivière
1980 - Phobia
1981 - A nous la victoire
1982 - Annie
1984 - Au-dessous du volcan par Édouard Sivière
1985 - L'Honneur des Prizzi
1987 - Gens de Dublin par Jean-Luc Lacuve

HustonJohn.jpg

Le Top5 John Huston de Zoom Arrière :

1. QUAND LA VILLE DORT
2. LES DÉSAXÉS
3. FAT CITY
4. GENS DE DUBLIN
5. LA NUIT DE L'IGUANE

15/05/2016

Sur vos écrans en 1988

EDITORIAL :

Par notre invité spécial, Pierre Audebert

debruit00.jpgJournal d'un condamné : après électrotéléportation (simple, brancher Cahiers du cinéma sur Positif!) 507 films, 30 jours de voyage et quelques complicités...

Janvier
"Le changement minimum entre deux plans est le constituant élémentaire du langage cinématographique". Le cinéaste expérimental allemand Werner Nekes le démontre de façon didactique dans Cinémagica, documentaire fleuve sur les images animées. S'y reflète le régime d'images de mon voyage dans le passé (de l'enchaînement minimum entre deux films...). Entrevu la beauté lumineuse d'El sur, presque par hasard. Le second film de Victor Erice acclamé à Cannes en son temps sort à la sauvette après six ans de purgatoire. Première B au lycée L. Tous les mardis soirs, je me rends religieusement à des séances art et essai... Je retrouve parmi les habitués de la ville de P. mon prof d'espagnol. A bonne distance, nous apprécions à l'unisson une programmation rêvée. Son rire résonne encore des premières frasques d'Almodovar. Nous apprécierons  successivement Salaam Bombay, Drowning by numbers ou le Sud en version traumatisée de Solanas. Point cardinal récurrent et ancrage de cette année marquée aussi par la découverte de la vraie vie, de la vodka et des nuits blanches. J'ai mal à la mémoire. Je titube sous les coups d'un prix cannois. Un polonais inconnu vient de jeter une ombre sur l'année avec quatre pépites noirissimmes et éblouissantes. Écho d'un chat qu'on étrangle dans une rue de Varsovie et gueule de bois de Remo Forlani qui ne voit sur RTL qu'"insolent navet et œuvre répugnante". Une fille, lunettes noires sur capuche blanche, me glisse un papier dans la poche. "Trois fois Jean-Claude Brisseau s'exerce... Trois fois il raconte la même histoire ou presque... C.".

Février
Quartier latin. Toujours embrumé par les visions et des relents pleins de bruit et de fureur qui me perturberont longtemps. La vietsploitation continue son enfumage, abreuvant les nostalgiques : clip intime et poignant de Dear America, correct mais un peu putassier Saigon, l'enfer pour deux flics et ce bien carré Hamburger hill, avec ses gi's en nems sur  barbecue (moins subtil que le pudding flambé d'Angelica!). Devant la fontaine St Michel, le dernier des mac mahoniens rédige des missives pour la postérité. Ça sent le roussi pour les soixante-huitards américains... Mais les mots griffonnés en bout de course ont abandonné l'abrasif du dramaturge et saluent un auteur "délaissant un temps sa panoplie de cinéaste engagé". Brouhaha, flashes. Des hordes de pénitents se traînent vers moi sur leurs genoux à vif, agitant pancartes et chapelets. Explosion...

Quelle époque... Tragédie finale à Ouvéa, première Intifada. Le Building à Bezançon. Le 11 octobre le Gaumont Opéra et le 14 octobre le Beaubourg. Et donc ce 22, attentat et bousculade à la sortie du St Michel. 13 blessés dont quatre graves. Pas de prison ferme pour les membres de l'Agrif. Judas n'a été qu'un mauvais lieutenant. Et  pas question d'IVG pour Marie Madeleine. Silence (des anges) au Vatican. Le père Berthier dénonce dans Télérama une vision du monde où le péché est toujours une faute liée à la sexualité...

Mars
Le petit Jésus est donc revenu parmi les siens, plus œcuménique que jamais. La satire façon Free time Chatiliez flatte les brebis (galeuses) du seigneur comme le prolo qui l'œil humide, voit l'esprit Groseille déteindre sur Momo Le Quesnoy. Quatre millions d'ouailles au pays de Bernadette - ne pas oublier ce bide à la noix, grand succès en province. Rire plutôt avec Rob Reiner et Peter Falk, nous replongeant en enfance pour Princess bride, quand John Hughes choisit la vie adulte avec Un ticket pour deux. Un ticket, deux amis pour la vie et un finale à la Capra. Année triomphale pour la comédie populaire. Celle réjouissante du travail en mars – ou comment entrer dans le Moullet ? - ou d'un temps où le merle Mocky vient chatouiller la force tranquille et agiter la génération Mitterrand d'une onde de plaisir dispersive. Jacqueline Maillan enflamme encore le docteur comme un courant alternatif. Stéthoscope à même la vhs, il se lance dans l'autopsie de Tim Burton, nouveau trublion américain, qui  trouve "en redonnant naissance à des corps « imparfaits » une incroyable profondeur". Beetlejuice ou le rire de profundis. Quittant la Bourgogne - sans monter à Solutré mais pas sans une offrande à Saint Bouyxou - je suis pris en chasse dans les faubourgs de Ciné city par une horde de Toons déglingués. Oh Zoom arrière, tu n'es pas un long fleuve tranquille...

Avril
"Le film fait ressentir tout de même, à travers ses yeux, quelque chose de la fascination puis de la peur que peuvent inspirer le monde animal (libre mais violent) à un enfant."  1988, un zoo la nuit. Le nageur au long cours qui m'a fait plonger dans ce grand merdier du cinéma populaire ne se doutait pas que 55 ans plus tard, le public coulerait à ces bestioles des yeux de bisounours. 9 millions d'entrées France pour quelques dauphin, la même chose pour un ours, auxquels s'ajoutent 2 millions pour Jean-Paul et les lions. Ce qui finalement fascine les enfants du Grand bleu,  ce ne sont pas tant des mammifères marins rigolards mais peu sensuels que l'immersion réussie dans un liquide amniotique pour une longue séance d'antistress. Aussi je m'y adonnerai trois fois cet été là (j'ai perdu ma mère jeune). Par contre, aucune fascination pour les alpages préfabriqués de Jean-Jacques Annaud et la solitude de l'ourson coureur de fond. De quoi faire flipper l'oncle Ed et les dauphins : "Deux heures trente à partager les émotions d'un animal, pour qui n'est pas familier de ces bêtes là, c'est long". Mais vint Chatran et tout d'un coup "Les enfants du ciel sont les étoiles scintillantes, les enfants de la terre sont les champignons, les enfants de l'eau sont les gouttes de rosée, les enfants de la forêt sont les arbrisseaux...". Alors, adieu Crocodile dundee, Roger rabbit, Mowgli et les Aristochats, Rox, Rocky, Bigfoot, Benji sans malice et alouette déplumée.

Mai
Suis allé boire un café à Cannes, j'm'y suis pelé. Préféré repartir pour Bagdad... Une créature de la nuit - entre l'Irma vep de Feuillade et celle d'Assayas - me lance sous la lune ce chant tubulaire ("Calling youuu..."). Elle a gravé à la pointe de la flèche "Décidément à Cannes, on adore la campagne". "Le toujours soporifique Bille August" casse la baraque du cinéma d'auteur indépendant européen et ses fans et les invalides se sentent pousser des palmes. C'est l'épidemic de l'académisme scandinave ! Passé Le chemin du serpent, Gabriel Axel réchauffe les vieilles badernes. Il est vrai que le spectateur français réfléchit mieux le ventre plein. Préfère la brève rencontre du cinéma de Mouratova et autres dégelés du bloc de l'est ou plonger dans les ténèbres poudreux d'Almodovar pour y palper au plus près cette insoutenable légèreté de l'être. Insoutenable fut aussi la dernière collaboration entre Werner Herzog et Klaus Kinski. En reste le venin d'un Cobra verde. Aguirre lui s'est dilué dans l'onirisme d'El Dorado et en fait de trésor, mieux vaut grimper à L'arbre du désir géorgien. Bientôt l'heure du thé sur la méridienne de Genève.

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Juin
Grand-messe blanche  pour pauv' petits noirs. La lutte des sud africains s'affiche à Hollywood et à Cannes, annonçant une libération proche. Le noir qui lance la pierre n'est plus seulement un sauvage et le regard de Molly se double enfin d'un poing levé. Seules image acceptables - avec la conviction de Jodhi May - du fade récit de Menges, qui déjà succède à un tristounet Cry freedom. Mapantsula véritable cri. Les manifestants anti-apartheid désertent les écrans (sauf pour les clips de Paul Simon, en état de grâce à plusieurs zéro) pour les scènes et les exhibitions du zoulou blanc Johnny Clegg, le "Biko" de Peter Gabriel et terminer ce 11 du mois au concert pour Mandela à Wembley. Black is beautiful. Eastwood se prend le blues, lui qui saura plus tard "prendre plaisir à filmer d’immenses espaces extérieurs (par exemple celui du palais présidentiel) qu’il oppose aux espaces intérieurs et confinés qui, inévitablement, rappellent l’enfermement passé de Nelson Mandela" ainsi que l'a tracé dans le sang un certain vampire. En attendant, cartes postales des colonies et bon sauvage. Chocolat, joli et nostalgique, accouche au moins d'une promesse. Les anglais sont OK là-bas au Kenya, romantique et guindé dans Sur la route de Nairobi. The kitchen toto convainc plus efficacement en adoptant le regard d'un enfant kikuyu terrorisé, mais sans nous épargner le manichéisme de la représentation d'indépendantistes féroces. L'innocence y a un prix et le racisme un ratio : 1 blanc pour 200 africains. L'Afrique s'affranchit des nécrologies et des clichés avec les débuts d'Idrissa Ouedraogo ou avec Papa Wemba dans La vie est belle, et Ferreri y mord à belles dents. Amertume. Un des plus grands films de l'année, signé par l'immense Ousmane Sembene, reste au placard. Camp de Thiaroye égratigne sévère l'image d'une France paternaliste bien avant l'indigent Indigènes.

Juillet
Fin de l'enfance et grandes vacances de la Suède à Taïwan, en passant par la Grèce embrumée. Un typhon japonais souffle sur l'été. Les ados essaient d'affoler Twist and shout. Dans Génération perdue, les vampires new look de Schumacher suivent la piste des nomades Mc Tiernanesques quand la jeunesse dorée de Beverly hills part en bad. Seul Spielberg promène encore sur le champ de bataille son œil d'enfant plein de soleil. La cinématique capte jaillissements et rebuffades des jeunes pousses et laisse fleurir le verbe d'une vie de chien. "Le devoir de désobéissance de l’adolescence entraîne un certain nombre de déconvenues esthétiques". Chez Breillat, qui toujours "brode sur les rapports entre virilité et brutalité - avec ses obsessions personnelles, comme vous pouvez l'imaginer...", elle a les traits d'Etienne Chicot. Normal que Delphine Zentout boude. Et Charlotte chez Claude Miller et les autres, devant la fascination de sa mère Jane Birkin pour le rejeton d'Agnès Varda et Jacques Demy. Et maman s'amuse à filmer le baiser de son déjà grand, la boum l'après-midi, des grappes d'ados un peu saouls qui scandent  "Je hais la guerre et je hais la haine !" sur les deux accords des Bérurier noir. Classe 88, nous étions des rebelles... Abracada- Boum !

Août
"C'est comme si tu faisais de la plomberie...". Isabelle Huppert, à Caen veut l'entendre, raconte les conseils de l'ancien de Pharmacie et la difficulté je jouer les faiseuses d'anges. 1988, bonne couvée pour la qualité française et déjà ce "portrait sans concession de la France sous l'occupation, où sont partagées les idées du maréchal Pétain". Ah la province, ses cures à Vichy et sa porcelaine de Limoges (et heureusement ses ciné-clubs). Je saute d'un avis à l'autre, sans pouvoir arrêter une opinion après Quelques jours avec moi. Bientôt le bicentenaire... De Broca fait refleurir les lys de l'ancien régime au pays du fou. Dans le bordelais, Jessua a emprunté Jean Rabier en toute innocence pour des joutes psychologiques et criminelles qui font grincer la critique. Elle préfère les causeries littéraires et la ligne coquine de Miou-Miou à la Deville comme à l'écran. N'oublions pas le couple Adjani-Nuytten. Un film fort bien éclairé, moins figé que dans mon souvenir, où Rodinpardieu s'effrite face au talent conjugué, et de la comédienne, et de l'artiste réincarnée.

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Septembre
Les stars américaines jouent les fakirs. Pour un Mc Guffin et deux belles ou Ford chez Polanski. Je fonds devant Emmanuelle-Kryptonite-Seigner, à qui l'on doit la belle renaissance de Roman. Un exalté me secoue à la rentrée : "Vous imaginez si Die Hard, aka Piège de Cristal, s'était appelé "Barefoot and stuck with terrorists in a building ?"". Pas vraiment, aurait fallu oser. Le nouveau high concept de Mc Tiernan est un genre de roman d'apprentissage pour mari en stand by qui déclare sa flamme avec un humour spectaculaire. De quoi prolonger le plaisir pur du cinéma d'action en rénovant la figure du héros nu. Abracada-boumako pour le début de la carrière américaine du hollandais sanglant Verhoeven. "Le début du film reste un traumatisme pour certains d'entre nous, à commencer par moi qui ai vu le film à sa sortie, en 1987, soit à l'âge de 14 mois". Excellent tour de chauffe... Nous on s'enferme dans La bête de guerre et son éprouvant périple afghan. Puis Steven Seagal est arrivé (quand, beaucoup plus dommageable, Nico, la grande prêtresse, nous a quittés.)... Andrew Davis graisse sa série B comme Mamet ses engrenages. Le thriller américain part en goguette à Amsterdam. Ce Dick Maas a du chien, au delà d'un petit côté "office du tourisme" de sa chasse à l'homme-grenouille.

Octobre
L'automne est tombé comme un solo sur le Bird de Clint Eastwood. Mise en scène sobre et colorimétrie soignée, écrasées par la performance du grand Forest Whitaker. Si on a pu dire parfois "Jusque là rien de très original dans l’œuvre du pessimiste joyeux qu'est Woody Allen", voilà qu'il revient par la fenêtre et, pour la première fois depuis Intérieurs, aborde par la gravité "cet instantané d'une nuit privée d'électricité où de maladroits et solitaires intellectuels se blessent les uns les autres de ne savoir vivre ou se parler vraiment". On quitte les années Reagan pour Bush 1er et Coppola en vire au marbre. "Quand et comment doivent faire les cinéphiles pour connaître le moment de partir vers le monde des grandes personnes ? Quand et comment doivent faire les cinéphiles pour calmer la tristesse de ce moment ?" me miaule Chatran, fielleux félin qui préfère la vie au cinéma.

Novembre
Les feuilles et les mortes-vivantes se ramassent à la pelle. Tu vois Vincent, je n'ai pas oublié, ce territoire des morts que tu as labouré... "Il n'est pas innocent, je suppose, que chacun des zombie se distingue par des vêtements qui traduisent son métier et trimbale jusque dans la mort ses outils de travail et les gestes qui vont avec (couperet du boucher, clef du mécanicien, pompe du garagiste, tondeuse du jardinier). Aliénation par le travail mon cher Marx !" Mais en 1988, une batterie de variations imposent d'autres visions décomposées à la nature complexe. Les écorchés de Barker en ont les atours et une certaine décrépitude morale. Chez Carpenter, les suppôts du diable en reprennent la démarche, le teint livide et l'appétit. Chez Lustig, le revenant est vigilante et psycho-killer. Qu'importe le mal tant que la panoplie rafraîchit le thriller urbain. Alors Flic ou zombie ? Après l'attaque d'animaux zombifiés surréalistes dans les cuisines d'un restau chinois, Hong Kong brouille carrément les gênes avec ses fantômes dans un grand bazar survolté, érotique et bleuté. Première salve dans nos salles de leur nouvelle vague. Plus important dans cet élan viral, tout se boucle en Haïti. Craven revisite scientifiquement le vaudou et réalise un mètre étalon du genre. Le politique y est en putréfaction au premier plan et ça n'a rien d'une formule.

Décembre
L'amour à mort inspire Yoshida pour son étrange version de Hurlevent. Eros et Thanatos encore chez Fulci pour de pervers plaisirs de mise en scène. Présence sans fin des défunts ou pressentiment de notre fin inéluctable ? Les lignes deviennent perméables. Tarkovski et Paradjanov sont mis en parallèle dans un court documentaire qui évoque pour l'arménien l'insupportable perte de l'ami russe. Il interroge aussi leur rapport à cet au-delà sans aucune "pornographie de la mort qui fait le prix ignoble de certains documentaires, de montrer sur le vif, si l’on peut dire, en direct, des hommes en train de réellement mourir ; et le scandale de cette mort violente monnayée en document sensationnel ; et le scandale de ce mort ainsi à jamais privé de paix, transformé en histrion de son propre calvaire par le cynisme des projections permanentes." Ces lignes baziniennes de homme qui ne rit jamais (mais marque souvent) ne se prêtent pas d'avantage au long crépuscule du bourreau de Lyon radiographié par Ophuls. Ailleurs dans la fiction, Huston égraine son testament irlandais sur la harpe fragile d'Alex North. Et parce qu'il est conscient de ses mutations, Godard achève le premier chapitre de ses Histoire(s) du cinéma - celui qui nous a tout appris et fait perdre l'esprit. Matilda (et moi) s'envole sur le dernier film de Jacques Demy - début de la fin d'Yves Montand...

Dernier message des étoiles :
Ciné-lecteurs, ciné blogueurs,
une rétro ça peut durer des heures,
Cinextrémiste, Cinéphagique,
Zoom arrière est mon analgésique...

 

LES CONSEILS DE NOTRE EQUIPE :

Une liste de 187 longs métrages (sur les 507 sortis en salles), avec, pour les étoiles en couleur, des liens vers des textes écrits par les contributeurs.

                                    
Antoine Céline Christophe Dr.Orlof Edouard FredMJG Jean-Luc Ludovic Nolan Rémi Vincent
De bruit et de fureur (Brisseau)     *** *** *** **** *** ****   *** ***
A bout de course (Lumet)     ****   **** ***         ***
Les Gens de Dublin (Huston)   **** **** * **** **** * ***     ****
Tu ne tueras point (Kieslowski)   ****   ** **** **** * ****     ***
Hôtel Terminus (Ophuls)   *** ****   ****            
Drowning by Numbers (Greenaway)       *** **** **** * ****     **
Matador (Almodovar)   ****   *** *** **** *       ***
Beetlejuice (Burton) ** ***   *** *** **** **   ** *** ***
Bird (Eastwood)   *** ** ** *** **** ** *** ** ** ****
Drôle d'endroit pour une rencontre (Dupeyron)   ***   ** ***     ***     ***
La Commissaire (Askoldov)         ***           ****
La Bête de guerre (Reynolds)           ***         ****
Le Sud (Solanas)   ****     ***            
La Petite Voleuse (Miller)   ***   *** *** **   **     ***
Jardins de pierre (Coppola)     ***     **         ****
L'Emprise des ténèbres (Craven)       ***   ****   **      
Quelques jours avec moi (Sautet)   **** * *** *** ** ** ***   **  
Aux frontières de l'aube (Bigelow)       **   ****       * ****
Histoires de fantômes chinois (Ching)       ***   ****     *   ***
Le Festin de Babette (Axel)   ***   **
  *** **     ***  
Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (Zemeckis) *** *** ** ° ** *** ** * *** **** ***
Engrenages (Mamet)       ** *** ***   **     ***
La Loi du désir (Almodovar)   ***   ** *** *** **        
L'Empire du soleil (Spielberg)   ** **   ** ***   *   *** ****
Frantic (Polanski)   ****   *** *** ** * ** ** *** *
Robocop (Verhoeven)   ** *** * ** *** *   ** ** ****
Prince des ténèbres (Carpenter)     ° *** * **** ** *   *** ****
L'Insoutenable Légèreté de l'être (Kaufman)   *** * ** *** *** * ***     **
Une affaire de femmes (Chabrol)   **   **** ** *** ** *      
La Dernière Tentation du Christ (Scorsese)     ** * ** *** *** ***      
Hidden (Sholder)       *** ** ***   **   ** **
Sammy et Rosie s'envoient en l'air (Frears)       ** ** **** **        
China Girl (Ferrara)       **   ***   **     ***
Hellraiser - Le Pacte (Barker)       **   ***         ***
Paysage dans le brouillard (Angelopoulos)       *** *** **          
Le Hasard (Kieslowski)       ** ****            
La Table tournante (Grimault & Demy)               ***     ***
Shadows in Paradise (Kaurismäki)           ****          
Piège de cristal (McTiernan) * * *** ** ° ****     ** ** ****
La Lectrice (Deville)   ***   ** ** ***   *   ** ***
September (Allen) ** **   *** **   *       ***
Mort à l'arrivée (Morton & Jankel)         ** ***       * ***
Epidemic (Von Trier)       ** ** ***   **      
Jane B. par Agnès V. (Varda)       *** ** **          
Maniac Cop (Lustig)       **   **         ***
Trois Places pour le vingt-six (Demy)     ** ***       **      
Wall Street (Stone)   ***   ** ** ** * * *   ***
Alouette je te plumerai (Zucca)     *** **              
Cobra Verde (Herzog)           ***         **
Elmer, le remue-méninges (Henenlotter)       **             ***
Une bringue d'enfer (Reynolds)     ***     **          
Urgences (Depardon)         ***   **        
Y'a bon les Blancs (Ferreri)       **       ***      
Princess Bride (Reiner)   **   ° ** *** * ** ** ° ****
Good Morning Vietnam (Levinson)   **   ** ** ** *   * ** **
Colors (Hopper)     ***     **     *    
Corentin ou les Infortunes conjugales (Marbœuf)       *       **     ***
Dans les ténèbres (Almodovar)       ** * ***          
Hairspray (Waters)       **   *** *        
Milagro (Redford)           ***   *     **
U2 Rattle and Hum (Joanou)         * ***         **
Un enfant de Calabre (Comencini)   ** ***         *      
Chocolat (Denis)       ** **           **
Les Possédés (Wajda)       **   **   **      
Aux quatre coin-coin du Canard (Baissat)                     ***
Chuck Berry Hail ! Hail ! Rock'n'roll (Hackford)                     ***
L'Amateur (Kieslowski)         ***            
La Sorcière (Bellocchio)           ***          
Le Sang du châtiment (Friedkin)           ***          
Onimaru (Yoshida)       ***              
Pacte avec un tueur (Flynn)           ***          
Stormy Monday (Figgis)           ***          
Sur la route de Nairobi (Radford)           ***          
The Last Movie (Hopper)           ***          
Un ticket pour deux (Hughes)                   ***  
Walker (Cox)           ***          
Camille Claudel (Nuytten)   **   ** ** **   *   *  
Itinéraire d'un enfant gâté (Lelouch)   *   ** **   * **   ** *
Powaqqatsi (Reggio)           *         ***
Balance maman hors du train (De Vito)   **                 **
Encore (Vecchiali)     ** **              
Les Enfants de Salem (Cohen)       **   **          
Les Modernes (Rudolph)       **       **      
Mémoires d'un Juif tropical (Morder)       **     **        
Star Trek 4 (Nimoy)                   ** **
Bagdad Café (Adlon)   *   ** ** *   * *   **
Bad Taste (Jackson)       **       ** *    
Midnight Run (Brest)           **   * **    
Trente-Six fillette (Breillat)       *** ° ** *        
Pelle le conquérant (August)         ** *   *     **
La Vie est un long fleuve tranquille (Chatiliez) * *   ** * **   * ** * **
Traquée (Scott)       ** * *     °   ***
A gauche en sortant de l'ascenseur (Molinaro)   ** ** **   °       *  
Willow (Howard) * *   °   **   * * *** *
Chouans ! (De Broca)   * ** **       *     °
La Maison assassinée (Lautner)   ** ** *         * °  
Un prince à New York (Landis)           *     ° *** *
Amsterdamned (Maas)       °   **     *   **
L'Œuvre au noir (Delvaux)   ***   °              
Le Marin des mers de Chine (Chan)                 °   ***
Bonjour l'angoisse (Tchernia)       **       *      
Broadcast News (Brooks)           *         **
La Comédie du travail (Moullet)     * **              
Les Saisons du plaisir (Mocky)       **       *      
Meurtre à Hollywood (Edwards)     *               **
Prison (Harlin)       *   **          
Rendez-vous avec la mort (Winner)           **   *      
Saigon, l'enfer pour deux flics (Crowe)           *         **
Suspect (Yates)           *         **
Vices et caprices (Brass)       *             **
Critters 2 (Garris)                   **  
Dear America, lettres du Vietnam (Couturie)         **            
Duo à trois (Shelton)           **          
Eclair de lune (Jewison)           **          
Eddie Murphy Show (Townsend)           **          
En toute innocence (Jessua)           **          
Fréquence meurtre (Rappeneau)   **                  
Hamlet Goes Business (Kaurismäki)       **              
Kung-Fu Master (Varda)           **          
L'Arbre du désir (Abouladzé)         **            
La Basketteuse numéro cinq (Xie)                     **
La Passerelle (Sussfeld)   **                  
Le Beau-Père (Ruben)           **          
Made in Heaven - Bienvenue au paradis (Rudolph)               **      
Miracle sur la Huitième rue (Robbins)                   **  
Patty Hearst (Schrader)           **          
Salaam Bombay ! (Nair)       **              
Sans fin (Kieslowski)       **              
Savannah (Pico)       **              
Un été chez grand-père (Hou)             **        
Un zoo la nuit (Lauzon)       **              
Big (Marshall)   *   °   *     ° ** **
Le Grand Bleu (Besson) ° * * * * ** * *   ° *
Les Prédateurs de la nuit (Franco)       °   *   *     **
Liaison fatale (Lyne)   **   *   *   °     °
Double Détente (Hill)   °                 **
Fatal Beauty (T. Holland)           *       *  
Hamburger Hill (Irvin)         *           *
La Main droite du diable (Costa-Gavras)           *   *      
Randonnée pour un tueur (Spottiswoode)           *         *
Sans peur et sans reproche (Jugnot)       **   °     ° *  
Génération perdue (Schumacher)       *   *   °     *
Presidio, base militaire, San Francisco (Hyams)           *     °   *
Blue Jean Cop (Glickenhaus)           *          
Dandin (Planchon)               *      
Etroite Surveillance (Badham)           *          
Flic ou zombie (Goldblatt)           *          
Homeboy (Seresin)                     *
L'Ane qui a bu la Lune (Treilhou)     *                
La Septième Prophétie (Schultz)           *          
Le Complot (A. Holland)                     *
Les Mendiants (Jacquot)       *              
Masquerade (Swaim)           *          
Nuit de folie (Columbus)                     *
Retour de flamme (Cates)           *          
The Gate - la Fissure (Takacs)                     *
Un monde à part (Menges)           *          
Une femme en péril (Yates)                     *
Une nuit à l'Assemblée nationale (Mocky)       *              
Cry Freedom, le cri de la liberté (Attenborough) °             * °   *
L'Ours (Annaud) * ° ° ° ° *   ° ° * *
Baby Boom (Shyer)   *       °          
Fantômes en fête (Donner)     *           °    
La Bohème (Comencini)       °       *      
Le Palanquin des larmes (Dorfmann)   °                 *
Le Proviseur (Cain)           *          
Mangeclous (Mizrahi)       °       *      
Ne réveillez pas un flic qui dort (Pinheiro)           *   °      
Running Man (Glaser)       °         *    
Crocodile Dundee 2 (Cornell)         °       * °  
La Vénitienne (Bolognini)       °   °   *      
Nico (Davis)     *     °     °    
A notre regrettable époux (Korber)       °              
Benji la malice (Camp)   °                  
Class 89 (Gross)               °      
Hitman le Cobra (Ho)                     °
La Chute de la maison Usher (Franco)       °              
Le Diable rose (Reinhard)       °              
Le Justicier braque les dealers (Lee-Thompson)                 °    
Les Pyramides bleues (Dombasle)               °      
Moonwalker (Chilvers & Kramer)                 °    
Police Academy 5 (Myerson)                   °  
Saxo (Zeitoun)   °                  
Trois Hommes et un bébé (Nimoy)   °   °           °  
Rambo III (MacDonald)         ° °     ° °  
L'Etudiante (Pinoteau) ° °   °         ° °  
  Antoine Céline Christophe Dr.Orlof Edouard FredMJG Jean-Luc Ludovic Nolan Rémi Vincent
Inédits :                      
As tears go by (Wong)           ****       *** ****
I Giorni del commissario Ambrosio (Corbucci)                     **

 

LES CHOIX DE NOS AMIS ET LECTEURS :

Frédéric :
1- De bruit et de fureur (Brisseau), 2- Le Sud (Erice), 3- Gens de Dublin (Huston), 4- Encore (Vecchiali), 5- Tu ne tueras point ( Kieslowski), 6- Bird (Eastwood), 7- Jardins de pierre (Coppola), 8- Shadows in Paradise (Kaurismaki), 9- Un été chez grand-père (Hou), 11- Piège de cristal (McTiernan), Prince des ténèbres (Carpenter)
Ancien : Longs Adieux (Muratova)

Orangina Rose :
Piège de Cristal / Princess Bride / Beetlejuice / Le Festin de Babette / Good Morning Vietnam / Bad Taste / Robocop / Qui veut la peau de Roger Rabbit ? / Bird / Histoire de fantômes chinois

Un simple amateur :
1. Hôtel Terminus (Ophuls) 2. Tu ne tueras point (Kieslowski) 3. A bout de course (Lumet) 4. Les Gens de Dublin (Huston) 5. Un été chez grand-père (Hou) 6. Le Sud (Erice) 7. Paysage dans le brouillard (Angelopoulos) 8. De bruit et de fureur (Brisseau) 9. Le Festin de Babette (Axel) 10. Drowning by numbers (Greenaway)

Mister Arkadin :
**** : Les Gens de Dublin (8) ; Tu ne tueras point (8)
*** : Quelques jours avec moi (8) ; De bruit et de fureur (7) ; Bird (7)
** : Frantic (7) ; Histoires de fantômes chinois (6) ; Shadows in Paradise (6) ; September (6) ; Pelle le conquérant (6) ; Un état en grand-père (6) ; La Table tournante (5) ; U2 Rattle an Hum (5) ; Trente-Six fillette (5)
* : Un enfant de Calabre (4) ; Chocolat (4) ; Beetlejuice (3)
o : Rambo III (2)
- (vus, mais plus assez de souvenirs pour noter, ou vus trop jeune pour avoir vraiment une opinion ; sont par définition absents ceux que j’ai vus, mais qui m’ont laissé tellement peu de souvenirs que je ne m’en rappelle même plus !) : Matador ; Sammy et Rosie s’envoient en l’air ; La Lectrice ; Alouette je te plumerai ; L’Amateur ; Sans peur et sans reproche

Pierre :
Top 16 1-Tu ne tueras point (Kieslowski) 2-El sur (Erice) 3-La dernière tentation du christ (Scorsese) 4-Bird (Eastwood) 5-L'amateur (Kieslowski) 6-Gens de Dublin (Huston) 7-Princess bride (Reiner) 8-Piège de cristal (Mc Tiernan) 9-L'arbre du désir (Abouladzé) 10-Onimaru (Yoshida) 11-Shadows in paradise (Kaurismaki) 12-Les prédateurs de la nuit (Franco) 13-Un été chez grand-père (HHH) 14-Krysar le joueur de flute (Barta) 15-Trois places pour le 26 (Demy) 16-Une affaire de femmes (Chabrol)
Les 50 hors liste restants La méridienne (Amiguet)*** Notes pour Debussy (Lettre ouverte à Jean-Luc Godard) (Lebel)*** Plaisirs pervers / le miel du diable (Fulci)*** Trois soeurs (Von Trotta)*** Brèves rencontres (Mouratova)*** La nuit bengali (Klotz)*** Ma vie de chien (Hallstrom)*** Cinemagica (Nekes)*** Dilan (Kiral)*** La rage de jouir / It's my body (Bronson)*** Neige sur Beverly hills (Kanievska)*** Terre de fer, ciel de cuivre (Livanelli)*** Typhoon club (Somaï)*** La vie est belle (Mweze et Lamy)*** Native son (Freedman)*** Les aventures de Chatran (Hata)*** The kitchen toto (Hook)*** Les feux de la nuit (Bridges)*** American chicano (Marin)*** El dorado (Saura)*** Prisonnières (Silvera)*** La petite revanche (Barrera)** Le chemin du serpent (Widerberg)** Le choix (Ouedraogo)** Les aventuriers de l'enfer (Margheriti)** Twist and shout (August)** Poltergeist 3 (Sherman)** Can't buy me love (Rash)** Mapantsula (Schmitz)** Navigator (Ward)** Night demons (Mangine)** Parle à mon psy ma tête est malade (Ritchie)** L'enfer vert (Climati)** Camomille (Charef)** MacBeth (D'Anna)** Les guerriers du futur (Santiago)** Dragnet (Mankiewicz)* Emmanuelle 6 (Zincone)* Rush (Ricci)* Blanc de Chine (Granier-Deferre)* Ballade à Sarajevo/ 19 filles et un marin (Kosovac)* Le retour des morts-vivants 2 (Wiederhorn)* La maison du cauchemar (Lenzi)* L'enfance de l'art (Girod)0 La queue de la comète (Lièvre)0 Ironweed (Babenco)0 Rio zone (Diegues)0 Corps z'a corps (Halimi)00 Deux minutes de soleil en plus (Vergez)00 L'attaque des morts-vivants (Milliken)00
38 longs-métrages inédits en salle 1-Camp de Thiaroye (Sembène)**** 2-Mermaid in a manhole (Hino)**** 3-The firm (Clarke)**** 4-Re-wind (Sato)**** 5-Evil dead trap (Ikeda)**** 6-Celia (Turner)*** 7-A summer story (Haggard)*** 8-As tears go by (Wong Kar Wai)*** 9-Dogora Magura (Matsumoto)*** 10-Tales of the Gimli hospital (Maddin)*** 11-Le vampire de l'espace (Wynorski)*** 12-Parents (Balaban)*** 13-Paperhouse (Rose)*** 14-Marquis de Sade prosperities of vice (Jissoji)*** 15-Peril sur la Lune / Moontrap (Dyke)** 16-Le démon d'Halloween (Winston)** 17-Waxwork (Hickox)** 18-L'été d'Aviya (Cohen)** 19-Hanussen (Szabo)** 20-Catacombes (Schmoeller)** 21-Dead or alive (Guillermin)** 22-La ligne du diable (Englund)** 23-L'aventurier du bout du monde (Romero)** 24-Space mutiny (Winters)** 25-Intruder (Spiegel)** 26-L'oeil du python (Friedkin)** 27-Hurlements 4 (Hough)** 28-The great outdoors (Deutch)** 29-Decisive match : girls dorm against boys dorm (Sion)** 30-The murder secret (Bianchi)* 31-Le fantôme de Sodome (Fulci)* 32-Maya (Avallone)* 33-La mort des soleils (Mayersberg)* 34-School daze (Lee)* 35-Operation war zone (Prior)* 36-P'luch melody (Shayne)0 37-On the run (Cheung)0 38-Ratman (Carmineo)000
15 courts-métrages 1-Sculpture physique (Picquer)**** 2-Flora (Svankmajer)*** 3-Nina splits in two (Williams)*** 4-Another kind of love (Svankmajer)*** 5-Trois jours (Poupaud)** 6-Mongolitos (Ambiel)** 7-Le cyclope de la mer (Jullien)** 8-Fioritures (Bardine)** 9-Lolita separerar (Andersson)** 10-Juillet (Omirbaev)** 11-Les miracles de la Cène (Aubier)** 12-Devil's circuit (Ito)** 13-Rhume d'enfer (Burgard)** 14-Chez le médecin (Aubier)** 15-Le cauchemar de Mélies (Etaix)*
4 moyens métrages 1-Histoire(s) du cinéma : toutes les histoires (Godard)**** 2-Andreï Tarkovski and Sergueï Paradjanov : islands (Gervorkyants)*** 3-Dirk Digler story (Anderson)*** 4-Androïd of Notre Dame (Kuramoto)**

 

LE SONDAGE TWITTER DU DR. ORLOF :

Quel est le meilleur film sorti en 1988 ? (70 votants)

1- A bout de course (Lumet) 13 voix
2- Die Hard (John McTiernan) 9 voix
3- Une affaire de femmes (Chabrol), Les gens de Dublin (Huston), Qui veut la peau de Roger Rabbit (Zemeckis) 4 voix
6- Beetlejuice (Burton), Bird (Eastwood) 3 voix
8- La Lectrice (Deville), Prince des ténèbres (Carpenter), Robocop (Verhoeven), Epidemic (Lars Von Trier), De Bruit et de fureur (Brisseau), Le Festin de Babette (Axel) 2 voix
Cités une seule fois : Matador (Almodovar), L'Empire du soleil (Spielberg), Jardins de pierre (Coppola), Le Hasard (Kieslowski), Le Sud (Solanas), La Loi du désir (Almodovar), Once more (Vecchiali), Frantic (Polanski), Liaison fatale (Lyne), L'insoutenable légèreté de l'être (Kaufman), Camille Claudel (Nuytten), La Dernière tentation du Christ (Scorsese), Drowning by numbers (Greenaway), Un été chez grand-père (Hou Hsiao-Hsien), Le Sang du châtiment (Friedkin), Dans les ténèbres (Almodovar), Princess bride (Reiner), Bagdad café (Adlon)

 

LE BOX-OFFICE :

1. Le Grand Bleu, Luc Besson, 9 194 118 entrées
2. L'Ours, Jean-Jacques Annaud, 9 136 803 entrées
3. Qui veut la peau de Roger Rabbitt ?, Robert Zemeckis, 5 890 854 entrées
4. La Vie est un long fleuve tranquille, Etienne Chatiliez, 4 088 239 entrées
5. Itinéraire d'un enfant gâté, Claude Lelouch, 3 254 397 entrées

 

LES PRIX ET RECOMPENSES :

- Prix Louis-Delluc : La Lectrice (Michel Deville)
- Prix Méliès : La Petite Voleuse (Claude Miller)
- Prix Jean Vigo : La Comédie du travail (Luc Moullet)
- César du meilleur film : Camille Claudel (Bruno Nuytten)
- Oscar du meilleur film : Le Dernier Empereur (Bernardo Bertolucci)
- Festival de Venise, Lion d'or : La Légende du saint buveur (Ermanno Olmi)
- Festival de Cannes, Palme d'or : Pelle le conquérant (Bille August)
- Festival de Berlin, Ours d'or : Le Sorgho rouge (Zhang Yimou)
- Festival de Locarno, Léopard d'or : Distant Voices, Still Lives (Terence Davies) & Schmetterlinge (Wolfgang Becker)
- Festival de Saint-Sébastien, Coquille d'or : On the black hill (Andrew Grieve)

 

A VOUS LA PAROLE !

A notre suite, nous vous invitons à dresser votre propre palmarès de l'année et à nous le faire parvenir, par l'intermédiaire des commentaires ou du bouton de contact, afin que nous le mentionnions à son tour ci-dessus.
(vous pouvez consulter la liste de tous les films sortis en France en 1988 sur le site Encyclo-Ciné)

12/01/2015

Sur vos écrans en 1973

EDITORIAL :

(Retrouvez également un texte de Pierre Audebert au bas de cette note)

Autant en emporte le nunchaku

Par Fred MJG

cris00.jpgIl y a quelque chose de putride au royaume de 1973. De déliquescent, de funèbre. Et de prophétique. Après la violence révélée par Edouard en 1972, restait la dialectique à exploiter, mais comme certains ont annoncé qu’elle ne cassait pas des briques, le cinéma s’est rattrapé avec le Sexe. Et le Scandale. Et la Souillure. Et beaucoup de gaudriole.

1973, c’est 648 films sortis (contre 804 cette année, de quoi se plaint-on ?) où Le sexe nu, Les coolies en ont ras le bol, Ça [se] branle [donc] dans les bambous. Logique.
1973, année kung foufou ? avec l’avènement du petit dragon avec Big boss et La fureur de vaincre et le choc de sa disparition, 3 films de Chang Cheh et une imagination débordante chez des traducteurs manifestement inspirés par de bien bas instincts qui ferait rougir de honte nos créatifs d’aujourd’hui.

1973, c’est le triomphe de la série B et un déferlement de séries Z. Il y a même un téléfilm qui arrache la 5e place du top 10. Du jamais vu. Jusqu’à 2014 où certains se sont insurgés de trouver une série télévisée dans les top cinéma. Fin de l’aparté.
1973, le sexe est brûlant bien qu’en noir et blanc chez Wakamatsu, fruité pour Jean-François Davy, mais il est surtout mécanique outre-Atlantique. Dans Duel (4e), un monstre beau comme un camion durassien, à la libido exacerbée, tente par des moyens peu vertueux de faire subir les derniers outrages au véhicule écarlate d’un Dennis Weaver qui n’en espérait pas tant, dans Macadam à deux voies (5e), les garçons sont plus amoureux de leur bagnole que de la fille qui les accompagne. Quand au héros de Dérapage contrôlé de James-William Guercio (45e), il ne rêve que de faire l’amour en cuir à son cheval de fer.
1973, James Bond a désormais les traits et le torse imberbe de Roger Moore. Saint Maclou n'approuve pas.
1973, c’est l’année du Limier. La dernière œuvre de Jo Mankiewicz, l’intelligence faite homme. Trahison, arnaque, cynisme et mise à mort. Le sexe est là, objet de la discorde, mais s’est passé en coulisses.

"Menteur, car le plan de toi et de Jacqueline Bisset l'autre soir chez Francis n'est pas dans ton film, et on se demande pourquoi le metteur en scène est le seul à ne pas baiser dans La nuit américaine."
Jean-Luc Godard

1973, c’est la sortie de La nuit américaine (10e) qui marquera la rupture définitive du couple terrible Godard/Truffaut avec un échange de lettres demeuré célèbre.
1973, Billy Wilder déshabille Jack Lemmon sous la douche, rendant ainsi un touchant hommage à toutes les demoiselles se pliant depuis des années à cette forme imposée.
1973, le cœur du giallo bat toujours et Dario Argento est 8e avec ses 4 mouches de velours gris où comme dans Jeux particuliers aka Mais qu'avez-vous fait à Solange ? (79e) de Massimo Dallamano et Mon cher assassin (89e) de Tonino Valerii - dont une scène d'un trouble vénéneux vouerait aujourd'hui le réalisateur aux gémonies - le scénario s'attache à la destruction absolue de l’innocence.
1973, Visconti dégringole de son piédestal avec son Ludwig morbide (Le crépuscule des dieux est en 46e position pour Zoom arrière mais en 21e au box-office français).
1973, c’est pas moins de 3 Peckinpah - l’ultra violent et très sexué Guet-apens (29e), l’apaisé Junior Bonner (34e) le le crépusculaire Pat Garrett et Billy le Kid (4e). La musique est de Bob Dylan et son Knockin' on Heaven's door file la chair de poule pour l'éternité.
1973, voit se croiser l'Europe et l'Ouest sauvage. Tandis qu'Henry Fonda passe la main à Terence Hill dans Mon nom est personne (24e position mais 2e au box-office français) de Tonino Valerii, Clint Eastwood rend un hommage tordu à Sergio Leone avec L'homme des hautes plaines 1973, c’est aussi John Huston qui, avec Juge et hors la loi (25e), ressuscite la beauté d’Ava Gardner pour abimer celle de Stacy Keach dans Fat city (9e). A noter que l’acteur est également à l’affiche des Flics ne dorment pas la nuit, un film mésestimé car si peu vu de Richard Fleischer.
1973, c'est la sortie d'un film le plus zarbi qui soit - Some call it loving de James B. Harris -, redistribué en janvier 2014. Amateur d'étrangetés, ne pas s'abstenir.

"C’est un scandale ! Un scandale ! Ça gagne du pognon ça ! Sur le dos du populot !"
Une dame bien mise à la sortie de la projection de La grande bouffe à Cannes [Source : ina.fr]

1973, c’est l’année d'un triple scandale cannois (mais la véritable abjection n'est jamais là où on le croit). On se rapportera avec gourmandise aux mots de Jean-Louis Bory, parus dans le Nouvel Observateur du 4 juin 1973, sous le titre : La bataille de "La grande bouffe". Jamais texte n’a été aussi actuel dans un pays où l’on dégonfle un sapin en plastique sous de fallacieux prétextes. Jamais film n’a aussi bien traversé les âges et n’a autant inspiré les générations futures (des comptes Instagram dédiés au #pornfood au prout rien moins que délicat de la délicieuse Julianne Moore).

"Vous empestez le Truffaut, je ne veux pas de cette odeur là chez moi. Je ne veux pas de ce parfum là chez moi."
Jean Eustache à Jean-Pierre Léaud et Bernadette Lafont
Propos rapportés par Philippe Azoury, journaliste aux Inrockuptibles et auteur de "Jean Eustache, une balle à la place du cœur" [Source : Forum des images]

1973, c'est la sortie forcément (?) scandaleuse de La maman et la putain de Jean Eustache, d'une durée de 220 minutes (Nuri Bilge Ceylan, si tu nous lis). Et le sexe, c'est finalement Bernadette, liberté faite femme, qui en parle le mieux.


1973, c’est l’année qui voit enfin Ingmar Bergman accéder à la première place avec ses insatisfaites poupées érotiques - accessoirement toutes les femmes de sa vie qui le rendirent fou sur le plateau* - rattrapées par la mort et l’altération de(s) la chair(s). Une scène emblématique y fera scandale et Lars Von Trier ne manquera pas de lui faire écho de 36 ans après. Il est toutefois bon de reconsidérer l’effroi et le désespoir ressentis devant la vision de Cris et chuchotements, dès lors que l’on apprend par une Liv Ullmann hilare, héroïne du documentaire Liv et Ingmar de Dheeraj Akolkar, comment leur réalisateur, leur maître, leur mari, leur amant s'acharna à courir chaque soir de chambre en chambre pour enfermer ses actrices aux fins de leur éviter de comploter contre lui et son film en faisant le mur et la tournée des grands ducs.
1973, aux propositions si disparates, est semble-t-il une année en demi-teintes pour le gang de Zoom Arrière qui n’a guère accordé beaucoup de 4 étoiles.
1973, les mois d'août sont meurtriers. John Ford disparaît. D’où ce sentiment que rien ne sera jamais plus comme avant. Alors devant tant de désespoir, le public se rue dans les salles pour faire un triomphe aux comédies, y compris les plus lourdingues. Mais qu’est-ce que les cinéphiles/phages ont fait au… #pardon

*****

Addendum. 1973, année censément fêtée en janvier 2014 est désormais entachée d'une tristesse infinie.

"Les films sont plus harmonieux que la vie. Il n'y a pas d'embouteillages dans les films, pas de temps mort. Les films avancent comme des trains, tu comprends, comme des trains dans la nuit. Des gens comme toi, comme moi, tu le sais bien, on est fait pour être heureux dans le travail, dans notre travail de cinéma."
Dialogue extrait de La nuit américaine de François Truffaut

Mais la réalité finit toujours par dépasser la fiction.

 

LES CONSEILS DE NOTRE EQUIPE :

Une liste de 229 longs métrages (sur les 648 sortis en salles), avec, pour les étoiles en couleur, des liens vers des textes écrits par les contributeurs.

  Buster Christophe Dr.Orlof Edouard FredMJG Jean-Luc Jocelyn Ludovic Rémi Vincent
Cris et chuchotements (Bergman) *** **** **** **** **** ****   **** **** ****
La Maman et la putain (Eustache) **** ° **** **** **** ****   **** **** ***
Le Limier (Mankiewicz) ** * *** **** **** ** *** **** **** ****
Pat Garrett et Billy le Kid (Peckinpah) *** *   *** **** ** **** ** **** ****
Duel (Spielberg) *** ** *** *** *** * **** ** **** ***
Macadam à deux voies (Hellman) **** ° **** *** **** ** *** *** ****  
La Grande Bouffe (Ferreri) ***   **** *** **** ** **** **** ** ****
Fat City (Huston) *** ***   *** ****   ***      
Quatre Mouches de velours gris (Argento) ***       ****   *** ***   ***
La Nuit américaine (Truffaut) ** *** *** *** *** *** **** * *** ****
Le Privé (Altman) ***   ** *** **** ** **** ** *** ***
L'Homme des hautes plaines (Eastwood) ** ** *** ** *** ** **** ** ** ***
L'Epouvantail (Schatzberg) *** ** ** *** **** **   ** **** ***
Avanti ! (Wilder) *** ** ** *** *** ***   ** *** ****
De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites (Newman) *** ***     **** **   * ***  
Du côté d'Orouët (Rozier) *** ° ****         *** ****  
Les Noces rouges (Chabrol) *** *** ** ** **** ** **** *   **
Le Magnifique (De Broca) * *** *** ** ****   **** **   ***
Chaque soir à neuf heures (Clayton)   ****     ***          
Les Flics ne dorment pas la nuit (Fleischer)   ****     ***          
Sleeping Beauty (Harris) ***       ****          
La Planète sauvage (Laloux) **     *** **** **        
La Rose de fer (Rollin)     **         ***   ****
Mon nom est Personne (Valerii) * ***     ***   **** ** ** ****
La Barbe à papa (Bogdanovich) ** **         ****   ***  
Juge et hors-la-loi (Huston) *** *     ***   ***     ***
Les Zozos (Thomas) *** *** **   **     ***    
Fureur apache (Aldrich) ** **   ** ***     ** *** ***
L'Idiot (Kurosawa) ** ° *** ***       ***   ***
Le Guet-Apens (Peckinpah) ** * ° ** ***   **** ** **** ***
Lucky Luciano (Rosi) ** *** * ** *** **   **   ***
La Rage du Tigre (Chang)   * ** * ***   ***   ** ****
Pleure pas la bouche pleine (Thomas) ** *** **   **   *** ***    
Traitement de choc (Jessua) ** **     ***   *** **    
Junior Bonner (Peckinpah) **       ***   **     ***
Théâtre de sang (Hickox)     **   ***   **     ***
Charlie et ses deux nénettes (Séria) **   **         ****    
La Queue du scorpion (Martino)         ***   **     ***
Sex Jack (Wakamatsu)     ***   **** *        
The King of Marvin Gardens (Rafelson) ***       ***     **    
La Dialectique peut-elle casser des briques ? (Tu, Lam & Viénet)     ***             ***
La Main de fer (Chen)         ***         ***
Les Treize Fils du Dragon d'or (Chang)         ***         ***
Dérapage contrôlé (Guercio)         ****          
Tex Avery Follies (Avery)                   ****
Le Crépuscule des dieux (Visconti) *** * * ** **** **       **
Bertha Boxcar (Scorsese) ** ° ** *** ***          
La Baie sanglante (Bava)   ° **   ****   *** **   **
Les Trois Mousquetaires (Lester) ** *   *** *** **   **    
Punishment Park (Watkins)       * *** * *** ***    
Fais-moi très mal mais couvre-moi de baisers (Risi) ** *** **         **    
L'Invitation (Goretta) **   ** ** ***          
Themroc (Faraldo) **   ** ** ***          
Big Boss (Lo & Wu)         ***   **     **
Jeux particuliers (Dallamano)   *     ***         ***
L'Abominable Docteur Phibes (Fuest)         ***   *** *    
L'Empereur du Nord (Aldrich) **       ***     **    
Ma femme est un violon (Festa-Campanile)     **         * ****  
Tuez Charley Varrick (Siegel) *       ***   ***      
Les Aventures de rabbi Jacob (Oury) ° * ** * **** * *** * ** ***
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander (Allen) **   ** *   * ** * ** ***
L'Aventure du Poseidon (Neame) **       **   *** *   **
Voyages avec ma tante (Cukor) ** *   ** *** **        
L'Italien des Roses (Matton) **       ***          
La Femme en bleu (Deville)     ***         **    
Le Cirque des vampires (Young)         **         ***
Meurtres dans la Cent Dixième rue (Shear)         ***         **
Mon cher assassin (Valerii)         ***         **
Rude Journée pour la reine (Allio) ***   **              
L'An zéro un (Doillon) *   ** *           ****
L'Audience (Ferreri) ** ** ** **            
Turkish Delices (Verhoeven)     * ° ****   ***      
Heat (Morrissey) *   ** ** **       **  
La Mort d'un bûcheron (Carle) *   **   ***          
La Troisième Partie de la nuit (Zulawski)     * ** ***          
RAS (Boisset) *   **   ***          
Salut l'artiste (Robert) **       **         **
Dommage qu'elle soit une putain (Patroni-Griffi) ***                  
Images (Altman)         ***          
L'Appel de la chair (Miraglia)         ***          
La Dame rouge tua sept fois (Miraglia)         ***          
Le Corrupteur (Winner)         ***          
Les Poulets (Colla)         ***          
Ludwig requiem pour un roi vierge (Syberberg)         ***          
Peppermint frappé (Saura)         ***          
Quand meurent les légendes (Millar)         ***          
Qui donc a vu ma belle ? (Sirk)     ***              
Roi, dame, valet (Skolimowski)         ***          
Superfly (Parks Jr)         ***          
Je sais rien mais je dirai tout (Richard) °   **   **   *** *   **
Moi y'en a vouloir des sous (Yanne) °   **   **   ** *   ***
Nathalie Granger (Duras) ***   ° **   **   *    
Quelques messieurs trop tranquilles (Lautner) °   **   **   ***     **
La Bonne Année (Lelouch) ** **     **         *
La Valise (Lautner)     **   *   **     **
Le Silencieux (Pinoteau)     *   ***     *   **
Alice au pays des merveilles (Sterling)               *   ***
Au rendez-vous de la mort joyeuse (Buñuel) *       ***          
Dracula 73 (Gibson)         **         **
L'Appel de la forêt (Annakin)         **         **
La Chine (Antonioni) **         **        
La Créature invisible (Reeves)     **   **          
Le Grand Duel (Santi)         **         **
Le Meilleur des mondes possibles (Anderson) *       ***          
Le Moine (Kyrou)       ** **          
Le Voleur qui vient dîner (Yorkin)     **   **          
Les Cordes de la potence (McLaglen)         **         **
Les Inassouvies (Franco)     **         **    
M comme Mathieu (Adam) **       **          
Saint Michel avait un coq (Taviani) **             **    
Un homme à respecter (Lupo)         **         **
Une journée bien remplie (J.-L. Trintignant) *       ***          
Viol en première page (Bellocchio)     **   **          
La Fureur de vaincre (Lo)         ***   **   * **
L'Emmerdeur (Molinaro) ° ** *   ***   ** *   **
L'Evénement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune (Demy) *   *       ** *   **
Big Guns, les Grands Fusils (Tessari)   **     **     *    
Chacal (Zinnemann) *       **         **
L'Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse-Chemise (Companeez)         *   ** **    
La Méprise (Bridges) * **     **          
La Révolte des morts-vivants (De Ossorio)     *   **         **
Le Train (Granier-Deferre) *   *   **     **    
Etat de siège (Costa-Gavras) * °     **     *   ***
L'Héritier (Labro) ° *     **   *** *    
Vivre et laisser mourir (Hamilton) *       **   ***     °
Le Serpent (Verneuil) ° *     *   ** *   **
Elle court elle court la banlieue (Pirès) °       °   ** **   **
L'Affaire Dominici (Bernard-Aubert) *       *   * *   **
Le Grand Bazar (Zidi)       ° *   ****     *
Flesh (Morrissey) *   **   **     °    
Prêtres interdits (De La Patellière) ** **     °     *    
Les Insatisfaites Poupées érotiques (Di Leo)     °   ***         *
Scorpio (Winner) *       **     *    
Christina princesse de l'érotisme (Franco)     ** *            
J'irai comme un cheval fou (Arrabal) *   **              
L'Affrontement (Leonard)         **         *
L'Ile mystérieuse (Bardem & Colpi)         **         *
Les Voleurs de trains (Kennedy)         **         *
On m'appelle Providence (Petroni)               *   **
Un homme est mort (Deray) *       **          
Au nom du père (Bellocchio) **                  
Bel Ordure (Marbœuf) **                  
C'est la loi des Siciliens (Bazzoni)         **          
Défense de savoir (N.Trintignant)         **          
Duel dans la poussière (Seaton)         **          
Dunwich Horror (Haller)         **          
El Magnifico (Barboni)                   **
Gunn la gâchette (Hartford-Davis)         **          
Je, tu, elles... (Foldes)           **        
Joe Petit Boum Boum (Image)                   **
L'Ile au trésor (Hough, Bianchi & Margheriti)                 **  
L'Impossible Objet (Frankenheimer)         **          
La Brute, le bonze et le méchant (Chang & Pao)         **          
La Mort remonte à hier soir (Tessari)         **          
La Semaine d'un assassin (De La Iglesia)         **          
La Soif du vampire (Sangster)         **          
La Vengeance du Sicilien (Lizzani)         **          
Lady Sings the Blues (Furie)         **          
Le Fauve (Kulik)         **          
Le Gang des otages (Molinaro)         **          
Les Granges brûlées (Chapot)         **          
Les Nouveaux Exploits de Shaft (Parks)         **          
Maison de poupée (Losey) **                  
Massacre (Starrett)         **          
Nous sommes tous en liberté provisoire (Damiani)         **          
On m'appelle Alleluia (Carnimeo)                   **
Projection privée (Leterrier)     **              
Quatre Salopards pour Garringo (Iquino)         **          
Sans sommation (Gantillon)         **          
The French Love (Bénazéraf)     **              
Deux Hommes dans la ville (Giovanni) ° ** °   **     *    
La Bataille de la planète des singes (Lee-Thompson)         **     °   *
La Planète des tempêtes (Klouchantsev)     *         °   **
L'Or noir de l'Oklahoma (Kramer)         *         *
Le Cercle noir (Winner) °       **          
Le Complot (Gainville) °       **          
Le Flingueur (Winner)         **          
Le Maître et Marguerite (Petrovic) *             *    
Le Mataf (Leroy)         *     *    
Les Hommes (Vigne)     *   *          
Une maîtresse dans les bras, une femme sur le dos (Frank) **       °          
Mais où est donc passée la Septième compagnie ? (Lamoureux) °     ° *   * ° ** **
Le Fils (Granier-Deferre) °   °   **          
Maintenant on l'appelle Plata (Colizzi)         *   *      
Alerte à la bombe (Guillermin)         *          
Alfredo Alfredo (Germi) *                  
Avortement clandestin (Chevalier)     *              
Barbe-Bleue (Dmytryk)         *          
Belle (Delvaux) *                  
Brève Rencontre à Paris (Wise)         *          
Classe 44 (Bogart) *                  
Des amis comme les miens (Preminger)   *                
Et viva la révolution ! (Tessari)                   *
Homme de la Manche (Hiller)               *    
Jeremy (Barron)         *          
Journal intime d'une nymphomane (Franco)               *    
L'Affaire Crazy Capo (Jamain)         *          
L'Insolent (Roy)         *          
La Belle Affaire (Besnard)         *          
La Punition (Jolivet)     *              
La Vénus en fourrure (Dallamano)                 *  
La Villégiature (Leto) *                  
Le Dépravé (Dallamano)         *          
Le Diable a sept faces (Civirani)         *          
Le Far West (Brel)                   *
Le Plaisir des dames (Amateau)         *          
Les Confidences érotiques d'un lit trop accueillant (Lemoine)               *    
Les Griffes du lion (Attenborough)         *          
Les Tentations de Marianne (Leroi)     *              
Nid d'espions à Istanbul (Collinson)         *          
Peter et Tillie (Ritt) *                  
Portnoy et son complexe (Lehman)               *    
Prenez la queue comme tout le monde (Davy)               *    
Profession aventuriers (Mulot)         *          
Te deum (Girolami)         *          
Un officier de police sans importance (Larriaga)         *          
Bananes mécaniques (Davy)     °         *    
Quoi ? (Polanski) *   °              
Don Juan soixante-treize (Vadim) °   °   °     *    
Adieu cigogne, adieu (Summers)         °          
Blacula, le vampire noir (Crain)         °          
Il n'y a pas de fumée sans feu (Cayatte)         °          
La Brigade en folie (Clair)         °          
La Dernière Bourrée à Paris (André)         °          
Le Concierge (Girault)                   °
Les Voraces (Gobbi)         °          
Na ! (Martin)     °              
Quand c'est parti c'est parti (Héroux)         °          
Ton diable dans mon enfer (Albertini)     °              
  Buster Christophe Dr.Orlof Edouard FredMJG Jean-Luc Jocelyn Ludovic Rémi Vincent

Et ceux que l'on attendra encore longtemps sur nos écrans :

  Buster Christophe Dr.Orlof Edouard FredMJG Jean-Luc Jocelyn Ludovic Rémi Vincent
Willow springs (Schroeter)     **             ***
Al Otro lado del espejo (Franco)     ***              

Céline :
**** : La Maman et la putain
*** : Cris et chuchotements / Le Limier / Duel / L'Epouvantail / De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites / Du côté d'Orouët / Les Noces rouges / La planète sauvage / L'Idiot
** : La Grande Bouffe / La Nuit américaine / Le crépuscule des dieux / Bertha Boxcar / Nathalie Granger / L'Evénement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune
* : Le Magnifique / Pleure pas la bouche pleine / Les Aventures de rabbi Jacob / Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander / L'Emmerdeur
° : Le Grand Bazar / Mais où est donc passée la septième compagnie ?

Nolan :
**** : Le Limier / Duel / L'Homme des hautes plaines
*** : La Nuit américaine / Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander
** : La Maman et la putain / Avanti ! / Le Magnifique / Mon nom est personne / Les Aventures de rabbi Jacob
* : La Grande Bouffe / La Fureur de vaincre / L'Emmerdeur / Vivre et laisser mourir
° : Le Flingueur / Mais où est donc passée la septième compagnie ? / Maintenant on l'appelle Plata

Antoine :
**** : Pat Garrett et Billy le Kid
*** : Cris et chuchotements / Duel / L'Homme des hautes plaines
** : Avanti ! / La Planète sauvage / Les Aventures de rabbi Jacob / Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander
* : Mon nom est personne / Quelques messieurs trop tranquilles / L'Emmerdeur / Mais où est donc passée la septième compagnie ?
° : La Fureur de vaincre

Timothée :
**** : La Maman et la putain / L'Homme des hautes plaines
*** : Le Limier / Duel / Macadam à deux voies / La Nuit américaine / Avanti ! / Le Magnifique / Bertha Boxcar / Les Aventures de rabbi Jacob
** : La Grande Bouffe / Du côté d'Orouët
* : L'Evénement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune

 

LES CHOIX DE NOS AMIS ET LECTEURS :

Frédéric :
1- La Maman et la putain, 2- Du côté d'Orouët, 3- Avanti !, 4- Voyages avec ma tante, 5- Macadam à deux voies, 6- Le Privé, 7- Nathalie Granger, 8- De l'influence des rayons gamma..., 9- La Grande bouffe, 10- Les Noces rouges & Quatre mouches de velours gris
Inédit : Hôtel Monterey (Akerman), Willow Springs (Schroeter)

Mister Arkadin :
**** : Le Limier (9) ; Fat City (8)
*** : La Bonne année (7) ; Le Privé (7) ; L’Homme des hautes plaines (7) ; Les Aventures de Rabbi Jacob (7)
** : Le Magnifique (6) ; L’Emmerdeur (6) ; La dialectique peut-elle casser des briques ? (6) ; Les Cordes de la potence (6) ; La Nuit américaine (5) ; Mon nom est Personne (5)
* : Avanti ! (4) ; Juge et hors-la-loi (4) ; Le Crépuscule des Dieux (4) ; Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander (4) ; Quoi ? (3)
o : Mais où est donc passée la septième compagnie ? (1)
- (vus, mais plus assez de souvenirs pour noter, ou vus trop jeune pour avoir vraiment une opinion ; sont par définition absents ceux que j’ai vus, mais qui m’ont laissé tellement peu de souvenirs que je ne m’en rappelle même plus !) : La Maman et la putain ; Duel ; La Grande Bouffe ; Les Noces rouges ; La Planète sauvage ; Fureur Apache ; L’Idiot ; Lucky Luciano ; La Femme en bleu ; Quelques messieurs trop tranquilles ; L’Affaire Dominici ; Deux hommes dans la ville ; Maintenant on l’appelle Plata ; Tex Avery Follies ?

Pierre :
1-La maman et la putain, 2-Punishment park, 3-La rage du tigre, 4-Duel, 5-RAS, 6-La nuit américaine, 7-Aventi!, 8-Turkish delices, 9-La barbe à papa, 10-La queue du scorpion
Moyens métrages : 1-High row (Amber), 2-Puisqu'on vous dit que c'est possible (marker), 3-Helen, queen of the nautchgirls (Korner), 4-Jusqu'au bout (Cinélutte)
Courts métrages : 1-L'ordre (Pollet), 2-Bourdigou doit vivre (Mare), 3-La grève des ouvriers de Margoline (Thorn), 4-L'agression (Cassenti), 5-Launch (Martin et Roberts), 6-Liberté Jean (Carré), 7-La mort du rat (Aubier), 8-Mona Lisa (Matsumoto), 9-Rubber (Braun), 10 Oh Yoko! (Tanaami)
22 films inédits en salle : 1-Duvidha (Kaul)****, 2-Une rivière nommée Titas (Ghatak)****, 3-The mansion of madness (Moctezuma)****, 4-Un amleto di meno (Bene)****, 5-Sigui synthèse: l'invention de la parole et de la mort (Rouch et dieterlen)****, 6-Experience (Kiarostami)***, 7-Torso (Martino)***, 8-La femme scorpion: la tannière de la bête (Ito)***, 9-24 heures ou plus (Groulx)***, 10-Lemora (Blackburn)***, 11-Death smiles at murder (D'amato)***, 12-Sex and fury (Suzuki)***, 13-Baby cart: dans la terre de l'ombre (Misumi)***, 14-le tramway (Argento)***, 15-The bastard (Chu Yuan)***, 16-Realismo socialista (Ruiz)***, 17-Combat sans code d'honneur (Fukasaku)***, 18-La leçon de lecture (Van der keuken)***, 19-The pyx (Hart)***, 20-Le pensionnat des jeunes filles perverses (Suzuki)**, 21-Schoolgirls in chains (Jones)**, 22-Afrika (Cavallone)**
Les hors listes : Les 12 médaillons d'or (Cheng Kang)****, Savages (Ivory)***, Jesus christ superstar (Jewison)***, La première année (Guzman)***, Adrift (Kadar et kloos)***, Valparaiso Valparaiso (Aubier)***, Vote + fusil (Soto)***, Le trône de feu (Franco)**, Women in cages (De Leon)**, Les expériences érotiques de frankenstein (Franco)**, Quoi de neuf en Suède ? (Wolman)**, Combien de fois faut-il faire l'amour pour être un couple normal? (Meyer)**, Qu'est-ce que je vois? (Verhoeven)**
Godspell (Green)**, Le domptage du feu (Khrabrovitsky) **, Le crépuscule des crapules (gu Wen son)**, Jeunes filles impudiques (Rollin)**, Dracula prisonnier de Frankenstein (Franco)**, François et le chemin du soleil (Zeffirelli)**, Les âmes damnées du Rio choco (Batzella)**, Le journal d'un suicidé (Stanojevic)*, Le décaméron interdit (infascelli, Raccioppi)*, Black killer (Croccolo)*, El puro la rançon est à toi (Mulargia)*, Les négriers (Prosperi et jacopetti)00

Foxart :
1/La nuit américaine 2/La maman et la putain 3/Ludwig 4/La baie sanglante 5/Cris et chuchotements 6/La dame rouge tua sept fois 7/Quatre mouches de velours gris 8/La planète sauvage 9/Le cirque des vampires 10/La grande bouffe
La suite ici

Un simple amateur :
1-Cris et chuchotements (Bergman) 2-La maman et la putain (Eustache) 3-Le Limier (Mankiewicz) 4-Macadam à deux voies (Hellman) 5-De l'influence des rayons gamma... (Newman) 6-La nuit américaine (Truffaut) 7-Fat City (Huston) 8-La grande bouffe (Ferreri) 9-L'Idiot (Kurosawa) 10-Punishment park (Watkins)

 

LE BOX-OFFICE :

1. Les Aventures de Rabbi Jacob, Gérard Oury, 7 295 811 entrées
2. Mon nom est Personne, Tonino Valerii, 4 733 136 entrées
3. Mais où est donc passée la septième compagnie ?, Robert Lamoureux, 3 944 014 entrées
4. Le Grand Bazar, Claude Zidi, 3 913 477 entrées
5. L'Emmerdeur, Édouard Molinaro, 3 354 756 entrées

 

LES PRIX ET RECOMPENSES :

- Prix Louis-Delluc : L'Horloger de Saint-Paul (Bertrand Tavernier), sortie prévue en 1974
- Prix Méliès : La Nuit américaine (François Truffaut)
- Grand prix du cinéma français : Projection privée (François Leterrier)
- Prix Jean Vigo : Absences répétées (Guy Gilles)
- Oscar du meilleur film : Le Parrain (Francis Ford Coppola)
- Festival de Cannes, Palme d'or : La Méprise (Alan Bridges) & L'Épouvantail (Jerry Schatzberg)
- Festival de Berlin, Ours d'or : Tonnerres lointains (Satyajit Ray), sortie prévue en 1985
- Festival de Locarno, Léopard d'or : Illumination (Krzysztof Zanussi)
- Festival de Saint-Sébastien, Coquille d'or : L'Esprit de la ruche (Víctor Erice), sortie prévue en 1977

 

A VOUS LA PAROLE !

A notre suite, nous vous invitons à dresser votre propre palmarès de l'année et à nous le faire parvenir, par l'intermédiaire des commentaires ou du bouton de contact, afin que nous le mentionnions à son tour ci-dessus.
(vous pouvez consulter la liste de tous les films sortis en France en 1973 sur le site Encyclo-Ciné)

 

BONUS :

L'œil de Pierre Audebert sur 1973
(texte publié sur Facebook en février 2015)

1973... une année de crise, marquée par un déferlement de sorties, mais un net essoufflement des grands films. Au moins deux fois moins que l'année précédente, (ça n'a guère changé aujourd'hui, elles se suivent mais ne se ressemblent jamais !) Mais est-ce ce que la qualité d'une année de cinéma se mesure à sa quantité ?

Oui d'après les distributeurs, qui pour célébrer l'avènement, fort court, de Bruce Lee, décident de sortir des wagons entier de pelloches mal foutues en provenance de Hong Kong. Une profusion qui fait aujourd'hui le bonheur d'une petite chapelle de spécialistes, pendant que le plus grand nombre préfère leur casser des briques sur le dos (maintenant je comprends un peu mieux les griefs et l'exaspération de l'équipe de la Revue du cinéma à la fin des 70's). Un peu facile, et il faudra bientôt s'attaquer au grand chantier de ce cinéma martial,trop vite vu et oublié.
Pour ma part, je ne retiendrai que les excellents Bruce Lee, toujours bien tournés par le valeureux Lo Wei qui n'a pas son pareil pour célébrer la gestuelle et le jeu d'acteur unique de la star mondiale météore. « Big boss » est à ce titre un régal, bien que le scénario de « la fureur de vaincre », sur une classique trame de rivalité sino-japonaise, lui soit supérieur. De ce marasme de titres fleuris, se détache la figure épique de Chang Cheh. C'est en 1973 donc que sort sur les écrans la tornade « la rage du tigre » qui va immortaliser dans la mémoire cinéphilique des scènes féroces et cultissimmes, réalisées avec maestria. Bien qu'il soit plus sage, le scénario de « la brute , le bonze et le méchant » (ou « La revanche des boxers » en vhs) reste très intéressant historiquement et Chang Cheh s'avère aussi très doué pour les chorégraphies de masse. Succès encore pour « la main de fer » qui ne bénéficie pas d'une mise en scène inoubliable mais marquera les fans et le grand public.

Année Kung fu mais aussi année érotique en diable, ce qui fait le bonheur des aventuriers du petit budget et plus encore, du public qui se rue dans les salles. 1973, année du zoom foufounesque, ou année Franco. Une bonne adaptation de Sade, « les inassouvies » (retitrée « Eugénie » en dvd), le superbe « les expériences érotiques de Frankenstein » qui compense un scénario ahurissant par une très belle photographie et une mise en scène assez inspirée. Et plus de budget que pour « Christina princesse de l'érotisme », qui fut (snif!) il y a longtemps ma première entrée en matière dans la filmographie du maître.
Toujours dans l'hexagone, « Jeunes filles impudiques » de Jean Rollin, qui s'il est clairement moins intéressant que ses films fantastiques les plus personnels garde quand même quelques beaux atours de ce génie inclassable du cinéma français déviant, qui ne s'appelait pas encore Michel Gentil.
Mais cette année là encore, le meilleur de la production vient de l'étranger. De Scandinavie d'abord, dont tout un chacun peut redécouvrir chez Bach films la carrière de la délicieuse Christina Lindberg. Pour un scénario assez minimal sur le thème des vacances chez sa grande sœur d'une lycéenne encore niaise, on peut néanmoins constater que le sieur Wolman sait mettre en scène un film et « Quoi de neuf en Suède ? » se regarde mi-amusé, mi-ému, pour les plus indulgents et surtout pour les fans. En 73 sort avec un peu de retard « Combien de fois faut-il faire l'amour pour être un couple normal ? » (ou « Common law cabin » pour les impatients). C'est vrai que ce n'est pas un des grands Russ Meyer de la décennie, mais ce huis clos dans un marais est assez truculent pour nous faire passer un bon moment, toujours avec un casting de choc mais aussi, ça et là quelques idées de cinéma marrantes. On rigole moins du côté des Philippines, pays en passe de se spécialiser dans le Women in prison pour producteurs américains délocalisés. Cette bande de l'inusable Gerardo de Leon est moins marquante que les précédentes du grand Jack Hill esthétiquement, mais est toutefois très intéressante dans sa variante asiate. Un autre regard suffit à rénover un genre, qui plus est, avec un bon scénario qui en fait un des fleurons du genre.
Du côté de l'Italie, ça bouge aussi, sur les traces de Pasolini qui a lancé la mode des adaptations des contes grivois de Boccace. Le public français découvre donc ce sous-sous genre qu'est le décamérotique. Je m'y colle avec « le Décaméron interdit », mis en scène avec les pieds mais qui a un chouette casting de créatures girondes, en tout premier lieu la grande Malisa Longo qui justifie à elle seule de perdre son temps devant un écran. Prière d'oublier le nom des metteurs en scène ! Maigre bilan pour ceux qui rongent leurs freins (et astiquent leurs gourdins), quant on pense que les japonais ont maille à partir avec le genre depuis dix ans déjà. D'ailleurs c'est cette même année que Christina Lindberg tourne pour Norifumi Suzuki l'excellent « Sex and fury », demeuré inédit en nos contrées de même que son « Pensionnat des jeunes filles perverses » appartenant au genre Kyofu Joshikoko, sur la délinquance juvénile en milieu scolaire. Ici c'est plutôt le corps enseignant qui fait régner la terreur, à travers une bande de jeunes filles sadiques le tout pour pouvoir s'approvisionner impunément en chair fraîche. Le style nerveux de Suzuki (mi manga, mi caméra agitée à la Fukasaku) reste assez anarchique et frais pour rendre le film intéressant, bien que cet immense réalisateur nous ait habitué à bien mieux.
Voilà pour la partie « kung foufoune », tout cela reste encore assez convenable. Relativisons puisqu'il reste à découvrir des centaines de titres, aussi oubliés qu'introuvables !

Pour rester dans la famille du cinéma de genre à couleurs chaudes, un tour par le giallo pour une année sublime. D'abord avec le plus grand de tous les films de Sergio Martino, l'échevelé « La queue du scorpion ». Il imprime une marque romanesque proche du roman photo, qui vient s'intercaler entre les magnifiques scènes du genre (dont un meurtre qui rappelle « 6 femmes pour l'assassin »). Le scénario étant aussi malin que la mise en scène est délirante, on est happé par ce film haletant qui finit en beauté par une superbe scène aquatique et ensoleillée. Incontournable !
Tout autant que le génial « la baie sanglante » de Mario Bava. Considéré parfois avec dédain à cause d'un scénario-prétexte pas très exaltant, il est pourtant la réponse stylistique du génial Bava au monstrueux Hitchcock et à son « Frenzy ». Tous deux emmènent le psychokiller aux portes de la modernité. Les meurtres à l'arme blanche rivalisent de beauté graphique dans un esprit de recherche qui atteint l'épure. A voir et revoir en boucle...
C'est aussi l'année où Tonino Valerii confirme que son talent ne se limite pas au western. La preuve avec ce « Folie meurtrière », à la fois, maîtrisé esthétiquement, prenant dramatiquement, sur une sombre affaire d'enlèvement d'enfant. Vénéneux et entêtant.

Glissons donc vers le fantastique avec l'arrivée du génial « Dr Phibes », qui sera le sommet seventies de la carrière de Vincent Price. La mise en scène de Robert Fuest emmène ce premier opus vers d'abominables et délectables sommets.
Mais c'est aussi la découverte du très étonnant cinéma de Amando de Ossorio, à qui l'histoire du cinéma reste redevable d'avoir créé ces zombies templiers à fière allure. Il crée une atmosphère onirique sur une base très simple, les ruines du abbaye en ruines où s'ébattent quelques filles égarées, et avec un effet on ne peut plus élémentaire : le ralenti. Mais les cavalcades de ses chevaliers fantômes sont totalement fascinantes,défiant parfois toute cohérence et véritable passerelle vers un autre monde. Son finale grandiose avec un train infernal achève d'immortaliser ce très beau spécimen et donne envie de découvrir d'urgence la suite de sa tétralogie.
Il faut souligner deux belles surprises restées inédites sur les écrans français. Un Joe D'Amato tout à fait étrange, « Death smiles at murder », son premier fait d'armes en solitaire, avec le libidineux Kinski et une apparition fantomatique meurtrière. Certes, l'inquiétante étrangeté est souvent due à des trous spatiaux temporels dans une intrigue quasi giallesque, concentrée sur la perte de mémoire, mais c'est aussi ce qui fait le charme imparable de cet objet plutôt très concluant. Juste de quoi nous assurer qu'avec cette bande sérieuse, notre Aristide préféré, excellent photographe et cadreur, aurait pu devenir un grand réalisateur gothique. Enfin, en 1973, Dario Argento réalise pour la télévision un segment assez court intitulé « Le tramway », qui possède une belle atmosphère, un solide sens du découpage et annonce le futur et excellent quoi qu'en disent les sceptiques, « Sang des innocents ». Il mériterait sans détour une édition DVD !

1973 est aussi un bon cru pour les thrillers. Hormis le fameux « Un homme est mort » de Jacques Deray, j'ai pu découvrir que Michele Lupo mériterait un réexamen de son éclectique carrière. En effet, ce n'est pas que le charisme de Kirk Douglas qui fait la classe d' « Un homme à respecter », bon film de casse qui déjoue habilement les pièges d'un budget modeste avec beaucoup de savoir faire, un sens plastique parfois étonnant, bref plus d'ambition que pour l'honnête série des Malabar.
Bruno Gantillon surtout connu pour l'éroticofantastique « Morgane et ses nymphes » (de bonne tenue, pour beaucoup de créatures en petites tenues), réussit un beau film d'action situé dans le milieu des barbouzes post OAS. Ce récit d'infiltration bénéficie d'un casting hors pair où la fragilité de Maurice Ronet est parfaitement utilisée. On suit sans temps mort cette jolie série B à la française. Mais le clou de l'année revient à un vieux briscard américain. Film culte pour beaucoup, « the new centurions » ou « Les flics ne dorment pas la nuit » est une superbe dérive urbaine et nocturne en compagnie des patrouilleurs de Los Angeles. S'il appartient sans aucun doute à la vague réactionnaire qui accompagne les années Nixon, il est nettement plus nuancé que les séries B tirées des univers paranoïaques et new-yorkais de Larry Cohen et autres futurs vigilantes. Personnages émouvants, éventail de situations à caractère sociologique, violence et parfois naïveté désarmante ( l'idylle de Stacy Keach avec une jolie femme black qu'il a secourue). Mais la somptueuse mise en scène de Richard Fleischer vaut bien des films urbains à venir, notamment ceux de Scorsese. C'est le même blues qui nous étreint jusqu'à un dénouement sec comme un coup de trique.

Découverte côté polars de « l'insolent », une bonne petite bande bis de Jean-Claude Roy , qui ajoute d'autre cordes à son arc que la paillardise habituelle. La preuve avec cette excellente scène d'évasion liminaire, où Henry Silva se fait la belle. Par la suite la collection de trognes fait que notre intérêt ne faiblit pas, en dépit de quelques maladresses (la scène peu crédible de la fausse attaque du fourgon).
Il faut ajouter à la moisson deux bons films d'espionnage, le solide « Chacal » de Fred Zinnemann, mais surtout le sublime « Scorpio ». Michael Winner était alors un grand cinéaste, capable de soigner sa mise en scène, griffant des plans composés avec amour de panoramiques tendus comme autant de tics nerveux, conférant à son style une brutalité sans pareille. Mais à cette caractéristique, il ajoute cette fois un vrai sens visuel, dont la maîtrise de la colorimétrie. L'affrontement de deux géants (Delon, Lancaster) suffit à donner toute la saveur à un scénario minimal ou disons, resserré et délesté d'un contexte politique passé de mode. A redécouvrir séance tenante !

Du côté du western, après la rigueur d'Aldrich, la folie d'Eastwood et la gaudriole façon Valerii-Leone, on tombe vite dans la fin de stock du bis européen. Pour le meilleur avec Luigi Batzella, qui arrive à nous faire suivre ses « Ames damnées du Rio Chico » agréablement, autour d'une intrigue pas trop crétine. Avec « Quatre salopards pour Garingo », Ignacio Iquino fait illusion le temps de deux scènes. Il est en effet remarquablement doué pour les poursuites dans l'immensité des sierras espagnoles. Après un beau début formel, on s'attend donc au meilleur cru mais ce sens de l'espace ne sera hélas plus utilisé, le réalisateur perdant même toute inspiration, pour nous assommer de plans moyens sans âme et qui plombent les innombrables scènes de saloon. Le scénario est honorable mais arrive tout juste à nous tenir éveillés. Pas le meilleur représentant du western tortillas (ni le pire!). Le peu expressif Robert Woods récidive dans « El Puro la rançon est à toi » de Mulargia, encore plus pénible et dénué du moindre goût esthétique. Seule Rosalba Neri y mérite le détour, et encore.

Je profite de cette rétrospective pour revoir un de mes cauchemars de gosse, « L'aventure du Poséidon » du bon artisan Ronald Neame. Seul le personnage de Shelley Winters m'avait marqué, le côté maternel peut-être. Mais je me souvenais des péripéties de ce petit groupe de survivants et de la violence des décès successifs. Le côté évangélique surprend aujourd'hui carrément avec son discours libéral au possible et alourdit quand même, une très honnête narration et lagestion efficace des effets spéciaux, à l'ancienne mais tout à fait convaincants. Ça ne soutient pas la comparaison avec du Cameron mais c'est divertissant et avec de beaux moments.
Du côté du film en costumes, mais là très modeste, Jess Franco (encore lui!) livre un bon film d'inquisition avec « le Trône de feu », issu d'une époque où on voulait bien lui donner un peu plus de moyens. C'est pas du Michael Reeves mais c'est une réussite. J'ai même osé un film de Zeffirelli, qui m'enchantait enfant avec sa vie de Jésus (avant de m'en dégoûter quelques années plus tard). « François et le chemin du soleil » est une production anglaise avec une musique signée Donovan (au moins vous ne perdrez pas tout à fait votre temps). Le film est réussi mais les excès de Zeffirelli commencent à pointer à l'horizon. Ce goût sulpicien d'abord, qui le rapproche de l'abjection d'un Mel Gibson, puis cette naïveté confondante qui dérange, surtout quand il s'adresse aux lépreux (qui jouent en effet très bien la comédie) sur ce ton enjoué, limite neuneu. La faute sans doute à l'interprétation forcée du jeune comédien qui interprète St François d'Assise plus qu'au scénario cosigné avec la grande spécialiste du bonhomme, Liliana Cavani. Si vous aimez les beaux paysages toscans,que les coquelicots vous manquent, vous ne serez pas déçus. Pour ma part j'ai préféré la dernière partie, avec sa visite au Vatican et ses costumes extraordinaires, signés du grand maître Danilo Donati.

Mais ce qui entérine le triomphe du genre en cette première moitié des seventies, gavée de sorties, c'est le cross over. Le mélange gagne en effet tous les genres en vogue, donnant les résultats les plus improbables.
Prenons « Blacula » de Bob Kelljan, qui s'élève nettement au dessus du nanar, par une très belle mise en scène qui parvient à créer une esthétique gothique au couleurs chaudes, essentiellement dans des déclinaisons de rouges et de marrons. Certes les effets spéciaux sont cartoonesques et premier degré, dans l'esprit des séries télé de base de l'époque. Mais cette tentative hilarante de faire émerger un seigneur des ténèbres noir, réussit grâce à une équipe rompue à tous les exercices et codes de la Blaxploitation. Pam Grier n'y est peut-être pas très à l'aise en Mina Harker, mais la réinterprétation de certains personnages (Reinfield, Van Elsing) est savoureuse. Plus intéressant, le croisement de la mythologie vampiresque avec le vaudou et toute une culture de divinités afroaméricaines. On garde une patine kitch, on tremble peu, c'est vrai, mais le plaisir est aussi coupable que revigorant.
1973 voit aussi un vétéran s'attaquer au genre gothique avec une nouvelle version de « Barbe bleue ». C'est un retour aux racines européennes pour Edward Dmytryk. Première constatation, la mise en scène d'abord modeste prend son essor en habitant la demeure au décor délirant de ce noble sanguinaire, dont la figure est ici transposée dans l'Allemagne pré hitlérienne. Richard Burton force un peu l'interprétation et le gothique flirte parfois avec la comédie. Sans doute que les flashes back successifs retraçant les mariages ratés de ce monstre misogyne et nationaliste, menacent de faire sombrer le film dans le n'importe quoi. Mais la fin emporte le morceau. Le film vaut surtout pour ses couleurs, qui tirent l'ensemble vers l'expressionnisme et les œuvres du célèbre groupe Der blaue reiter. Le film, tombé aux oubliettes, mérite largement plus qu'une tendresse polie.
Idem du côté de « Dracula 73 », boudé par les fans de la Hammer, car la transposition dans un Liverpool pychédélisant entraîne la célèbre franchise vers le grand guignol. Pourtant la mise en scène d'Alan Gibson ne manque pas de talent et il s'en sort fort bien. La comédie n'est d'ailleurs pas ce qu'il y a de pire ici. Peut-être que Peter Cushing n'est pas au mieux de sa forme, quand Christopher Lee, presque secondaire, joue fort bien de ses canines et de sa mâchoire inférieure. Caroline Munro y a aussi un tout petit rôle et a l'honneur de se faire vider de son sang la première. Moins réussi, le « Dracula contre Frankenstein » de Jess Franco, qui flirte avec le Z de par son esthétique et son scénario de bric et de broc, mais se regarde quand même gentiment.

Parmi les mélanges peu ragoûtants, celui de la comédie musicale et du péplum avec le célébrissimme « Jesus Christ superstar », kitch mais d'heureuse mémoire. Du coup, celui de la religion et du flower power dans « Godspell » avait de quoi inquiéter un peu. Et c'est vrai que les apparitions d'une sorte d'ange clignotant dans le quotidien new-yorkais, réunissant une bande de Freaks autour d'un sauveur, fait d'abord hurler de rire. Fauché comme les blés, le film se présente comme une chorégraphie dans les décors naturels de New York. Après un baptême dans les bassins de quelques points d'eau, nos illuminés s'ébattent joyeusement un peu partout (la palme au Golgotha version Central park), sur des chansons rarement très attrayantes, plus proches de Starmania que de Jefferson airplane. Malgré un message quelque peu effrayant, le côté dépenaillé force quand même l'admiration et l'ensemble fait souvent rire. Une gageure quand on nous raconte une parabole avec ses dix doigts pour tout visuel. Le metteur en scène David Greene ne marquera pas vraiment son époque, visiblement plus intéressé par son propos que par le cinéma. Toutefois, comment s'empêcher de penser devant tant de candeur que le Movement, une fois tombé en religion, a pu enfanter des atrocités du style « Enfants de dieu » et autres sectes de fous chantants ?

Parmi les mélanges pas totalement réussis, ce premier détournement post IS, où une bande refait les dialogues d'un film martial de série, repeint aux couleurs de la rhétorique post situ. Il y a des passages très drôles, des textes parfois fulgurants mais l'ennui guette. Sans doute parce que la réalisation du film hong kongais choisi, n'est pas si mauvaise que cela. Parfois on aimerait mieux suivre le film originel que les divagations de « la dialectique peut-elle casser des briques ? ». Les enjeux sont peut-être passionnants mais ce premier essai reste trop ludique et sérieux pour amuser pleinement. En terme de dérive poétique, l'IS fera bien mieux, Debord surtout. Bref, pas inoubliable et à réserver aux initiés.
Que faire du plutôt raté « Quoi ? » de Roman Polanski ? Ce ramassis d'obsessions vaguement freudiennes et très sexuelles, ne parvient jamais à décoller. Perdus dans une maison labyrinthique ainsi que les affectionne Gérard Brach (de « Wonderwall » au « Nom de la rose »), les personnages se retrouvent en butte aux fantasmes de leurs auteurs. Le temps semble exercer son pouvoir sur ce monde clos, ainsi que le suggèrent des séquences et dialogues récurrents mais tout le monde a visiblement perdu la clé.
Enfin le mélange d'aventures exotiques et de grosse poilade de cet affligeant « Maintenant on l'appelle Plata » de Giuseppe Colizzi, peut largement être oublié, pour rester poli !

Heureusement que quelques films cultes illuminent cette année de leurs feux (chez Monte Hellman, James Guercio...). De l'expérimental, on tombe dans le trash. C'est le retour à l'état de nature exprimé dans « Savages » de James Ivory et dans le féroce « Themroc » de Claude Faraldo. Le cinéma cru et libéré du hollandais Paul Verhoeven impose un comédien au charisme redoutable, Rutger Hauer (« Turkish delices »). Les films de Paul Morrissey avec Andy Warhol sont à l'affiche, mais cette année, on sera plutôt « Flesh », où le jeu de Joe D'Alessandro n'est pas sans évoquer l'univers d'un Larry Clark avant l'heure. Le gros événement de l'année 73, c'est le scandale sur la Croisette où Marco Ferreri fait rugir les bien pensants avec sa vision terminale, dans « la grande bouffe ».
Sort enfin sur les écrans parisiens un film qui restera culte pour tout un tas de mauvaises raisons. L'ambition cinématographique de Prosperi et Jacopetti a beau être manifeste, « les négriers » n'est qu'une immondice, autant sur le plan artistique que politique, humain et social. Le duo fumeux, rendu célèbre par les mondos des années 60, tourne pour pas cher à Haïti, avec une réserve immense de figurants, due à la générosité de l'infâme Duvalier (qui leur a aussi offert le statut diplomatique!). Ainsi l'économie du tournage redouble-t-elle celle du récit dans un docu-fiction, destiné à recréer les scènes les plus cruelles du quotidien des esclaves. Voyeuriste au plus haut degré, pornographique par son abjection, les cinéastes se mettent en scène dans le rôle de planteurs faisant visiter leur cheptel avec un malin plaisir. Le film se veut de plus doté d'une réflexion politique, en faisant un lien avec les causes de la résistance armée du black power, qu'il finit par condamner, de même que la libéralisation des meurs de cette génération, quand le film lui l'exploite allègrement par sa sexualisation à outrance. Un concentré de bêtise droitière qui atteint des sommets de racisme et de sexisme, le tout avec l'ampleur d'une fresque et une mise en scène délirante. Un objet d'exploitation limite, que personne n'a eu envie d'éditer et qui fut rapidement retiré de l'affiche à sa sortie. Seule la musique de Riz Ortolani mérite de passer à la postérité.

A mi chemin des expérimentations les plus provocantes et d'un cinéma d'auteur exigeant, Arrabal tourne lui « J'irai comme un cheval au galop ». Il reste encore quelques auteurs français pour proposer un regard différent sur les choses : Aubier, Séria et Rozier, avec le sourire. Plus inquiets, jean-François Adam, Stanojevic et son Journal d'un suicidé . Enfin c'est du documentaire que viennent deux des plus grands films de l'année. Le monumental « Sigui synthèse : l'invention de la parole et de la mort » de Rouch et Dieterlen, donne à voir une partie d'un rite incroyable des dogons qui s'étale sur près d'un siècle. On n'est pas prêts d'oublier le mythe du renard pâle. Jean-Daniel Pollet livre lui un format court déchirant. « L'ordre » donne la parole aux lépreux enfermés sur une île de la Méditerranée. Un des plus beaux films courts de toute l'histoire du cinéma, mais hélas, ces deux dernières œuvres sont restées inédites.
Mais 1973 sera à jamais marquée d'un pierre blanche, avec la sortie du film somme d'Eustache « La maman et la putain ». Définitivement de ce que le cinéma français a de meilleur ! Il transcende même les publics et les classes. La magie du verbe, la force d'interprétation de ses comédiens et la liberté de la mise en scène le font couler comme un nectar jusqu'à une fin grave et douloureuse.

Enfin, toujours dans le haut du panier, d'autres films de combat. Les films cultes de Watkins, Boisset, Scorsese ou encore « l'An 01 », témoignent tous à leur manière bien particulière, de la nécessité de s'engager en tournant des films.
Je continue la découverte du cinéma chilien pré-putschiste. Le documentaire du jeune Patricio Guzman, « la première année », fait une radiographie du pays, des secteurs en évolution et de tous les thèmes chauds du moment. Souvent lyrique, il nous fait vivre la lutte des Mapuches, nous fait descendre au fond de la mine ou parle encore du « problème jeune ». Dans un style moins didactique que l’œuvre fondatrice de l'argentin Solanas (« l'heure des brasiers »), Guzman trace ce vibrant et émouvant portrait d'un pays sur la voie de l'émancipation.
Ses compatriotes recourent eux à la fiction mais avec de forts liens avec le documentaire. « Vote + fusil » et « Realismo socialista » prennent acte de la radicalisation de la lutte, de la montée des tensions entre les deux blocs antagonistes de la société chilienne, bref de l'imminence du coup d 'état. C'est surtout le film de Raoul Ruiz qui est le plus marquant, s'attachant aux pas d'un individualiste forcené, viré de son usine autogérée pour avoir piqué du matériel, puis travaillant un temps pour les réactionnaires afin d'enregistrer des faux témoignages sur la vie dans les camps communautaires. Il se fera assassin, tentant d'entraîner derrière lui plusieurs militants radicaux dans l'éradication de la bourgeoisie chilienne. Un portrait d'un individu ambigu et pré-fasciste, violent et désorienté, imperméable à toute influence idéologique mais vénal et guidé par un instinct de survie très animal. Un « réalisme », parfois démenti par quelques timides visions ruiziennes, qui fait froid dans le dos.
Le coup d'état de septembre sera un coup de poignard pour de nombreuses personnes de la gauche mondiale, engagées dans la collaboration avec le Chili d'Allende. Ces films tournés sur le vif sont atrocement prémonitoires.
Il faut aussi dire un mot du docu vérité du québécois Gilles Groulx, qui continue à expérimenter de nouvelles formes. « 24 heures ou plus » propose un mélange très curieux de la vie au Québec, avec bien sur ses luttes politiques et mouvements sociaux (une trop rare intervention devant la caméra d'Amérindiens exprimant en termes simples le racisme dont ils sont victimes de la part du gouvernement, comme de la population canadienne). Il se rapproche du journal intime et oublie le documentaire en temps réel façon « Duplessis et après ? », fouillant désormais dans le côté insolite et poétique de ses images. Un essai passionnant de ce grand auteur de la nouvelle vague québécoise.

En conclusion, force est de constater que trop de grandes œuvres ne trouvent pas de place chez les distributeurs. En plus des deux derniers cités, deux immenses films indiens ne sortiront pas en salles, "Duvidha" de Mani Kaul et "une rivière nommé Titas", de Ritwik Ghatak, déjà commentés sur cette page, de même que le monstrueux « Un Amleto di meno » du très baroque Carmelo Bene.

Pourtant, la Frances n'a jamais connu autant de sorties-salles. Le cinéma d'exploitation constitue donc bien une manne pour toute l'industrie nationale (120 films classés « ER » par Pariscope). Ce n'est que le début, l'avalanche est pour l'année suivante, car jusqu'en 1975, la France connaîtra un bienheureux « silence des lois ».

13/12/2013

Sur vos écrans en 1961

EDITORIAL :

L’œil de Cassavetes prend le relais des mille yeux du docteur Mabuse

Par Jean-Luc L.

rocco00.jpg"Angela tu es infâme" et celle-ci de répondre, victorieuse, à Emile : "non, je suis une femme". Ce pétillant dialogue en scope et en couleur entre Jean-Claude Brialy et Anna Karina dit tout le romantisme qui parcourt notre cinéma français, à rebrousse-poil de la sinistrose et de morosité à l’œuvre dans le reste du monde. Non seulement un enfant naîtra donc après le générique final d’Une femme est une femme mais le rêve d’amour se prolongera peut-être aussi après L’année dernière à Marienbad alors que Lola sera récompensée d’avoir su attendre Michel à Nantes.

En Italie, le couple est en revanche mis à mal. Belmondo quitte ses habits d’Ernest Lubitsch, son personnage d’Une femme est une femme, pour incarner Amerigo,  jeune fils de paysan désespéré qui reprendra le chemin de La Viaccia à la fin du film de Bolognini car la belle Claudia Cardinale n’aura pas voulu de lui. Amerigo aura pourtant  fait mieux que le bel Antonio (Marcello Mastroianni) mis en scène par le même Bolognini l’année précédente dont l’impuissance survenait dès qu’il essayait de faire l'amour avec une femme qu'il aimait. La mise en scène du film exploite les dimensions politiques, symboliques et romanesques de cette impuissance amoureuse qui vaut pour toute la jeunesse idéaliste de Catane, obligée de se compromettre auprès du député local. C'est toute la société sicilienne qui a abandonné tout idéalisme au profit d'une vile exploitation des pulsions.
Dans Divorce à l'italienne Pietro Germi peint au vitriol les habitudes sexuelles dans un pays toujours très influencé par la morale religieuse. Rocco et ses frères laisseront Nadia (Annie Girardot) sur le carreau mais, à la fin de La Notte, Giovanni (Marcello Mastroianni) fait-il mieux en  assurant Lidia (Jeanne Moreau) de son amour ? Celle-ci lui avoue qu’elle ne l'aime plus et n'éprouve plus pour lui que de la pitié. Elle déplie de son sac une lettre dactylographiée, une lettre d'amour lui gageant un amour plus fort que l'habitude. Giovanni voudrait savoir qui l’a écrite. Lidia, désabusée, lui répond que c'est lui-même autrefois. Giovanni, blessé de cet oubli de lui-même et de son amour qu'il avait crû éternel, étreint Lidia sur le sable du parc pour étouffer ses refus et son désespoir. Le jour qui se lève ne sera probablement pas une aube nouvelle pour eux. Si les lignes des bâtiments filmés avec soin par Antonioni sont droites, les pensées des hommes sont trop courbes et seul l'instinct des femmes leur permet de trouver, un peu mieux, leur chemin.

Et comme si cela ne suffisait pas, 1961 voit la sortie sur les écrans français de La soif / La Fontaine d'Arhétuse, huis-clos en mouvement, partiellement sartrien qui décrit l'impossibilité de l'harmonie dans la vie de couple, puisque les défauts des hommes et des femmes s'additionnent et s'amplifient au cours d'une interminable guerre des sexes. Bergman ne parle pourtant pas d'enfer du couple, car l'enfer de la solitude, décrite avec les personnages de Viola et Valborg est évoqué avec terreur comme un enfer bien pire encore.

Les américains continuent de s’intéresser à des histoires d’hommes, celles des Deux Cavaliers, de Spartacus, d’Elmer Gantry, le charlatan, et ceux des Bas-fonds de New York. Moins heureux car moins ironique qu'habituellement, John Huston fait preuve d’un romantisme un peu niais dans Les Désaxés quand Marilyn se bat pour l’amour des chevaux, dans une symbolique de liberté à conquérir un peu facile.
Bien plus grinçants sont leurs héros adolescents. Minnelli, vétéran d’Hollywood, décrit dans Celui par qui le scandale arrive, comment, dans une petite ville du Texas, espace rêvé pour une tragédie américaine, un adolescent trop sensible est englué dans un décor schizophrène et oppressant : d'un côté la forêt et les marais où il chasse en compagnie de son père ; de l'autre, le grenier et les souvenirs de l'enfance gardés par la mère. Une perspective sera pourtant finalement ouverte tout comme dans Shadows, premier film de Cassavetes où Davy parviendra à amadouer Lelia, déçu par le racisme de Tony. Ben, son frère de couleur, prend aussi conscience qu'il ne peut passer son temps à voler les filles et s’en va  seul dans la nuit, probablement décidé à changer.
Cassavetes remet ainsi en cause les valeurs de la beat generation tout en ouvrant la voie du cinéma indépendant. En 1957, Cassavetes est un acteur en vogue à la télévision ; formé aux méthodes de l'Actor's Studio. Il est un adepte de l'improvisation qui donne ses propres cours de théâtre. Un soir, il annonce qu'il doit se rendre à l'émission de Jean Shepherd, Night people, à 1h00 du matin. Là, Cassavetes déclare qu'il est possible de faire un film totalement libre des contraintes commerciales imposées par les studios si chaque auditeur lui envoie un dollar. Le lendemain, Cassavetes reçoit 2 000 billets de 1 dollar. De retour au Variety arts studio, il annonce à ses comédiens qu'ils vont faire un film à partir de leur travail. Durant quatre mois, Cassavetes tourne des scènes sans méthode "Je croyais dit-il tenir un outil magique pour filmer des impressions ; ce que sont les gens plutôt que leur vie intérieure". Le film, tourné en 16mm, dure une heure… et est un grave échec lors de sa première au Paris Theater. "La salle était comble mais, rapidement, toutes les personnes sont parties sauf un critique, un ami qui a trouvé le film merveilleux". Cet ami c'est probablement Jonas Mekas qui, comme le raconte Dominique Noguez, proclamera triomphalement dans Film Culture que les cinéastes de la nouvelle génération pouvaient désormais faire leurs films eux-mêmes. Après l'échec de la première qui semblait irréparable, le producteur Papatakis prête néanmoins 2 000 dollars et des amis encore 13 000 dollars pour continuer et permettre 10 jours de tournage supplémentaires. "La première version a été montrée à des cinéphiles qui l'ont trouvé merveilleuse et le bruit a couru que la seconde version était plus commerciale. Mais je préfère les 10 jours du nouveau tournage aux quatre mois de tournage improvisé" dira Cassavetes qui présentera cette seconde version, gonflée en 35 mm, dans les festivals et les salles du monde entier.

Cette modernité c’est aussi ce que recherche Fritz Lang dans ce que l’on ne sait pas encore être son dernier film. Le diabolique docteur Mabuse utilise des moyens modernes de vidéo surveillance pour espionner ses victimes. Le titre original "Les mille yeux du Dr Mabuse" est plus significatif que le titre français mais le propos politique sur l'ère de l'audiovisuel triomphant et sur les nouvelles formes technologiques de l'emprise du Mal rivalise mal avec la sombre atmosphère de montée du nazisme des deux précédents opus. Ainsi, peur contre peur, l’équipe de Zoom arrière lui préfère encore aujourd’hui  Le Masque du démon de Mario Bava… sous estimant sans doute le regard terrible Edgard Morin dans Chronique d’un été que Jean Rouch égaie pourtant d’un épisode à Saint-Tropez.

France-USA-Italie, c’est encore le trio de tête de la cinéphilie mondiale car l’Asie se rapproche encore bien trop lentement. Il a fallu six ans pour que le beau film d’aventures de Mizoguchi, Le Héros sacrilège, nous parvienne. Mais que dire des films de Kurosawa dont ne sort sur les écrans français de 1961 que Chien enragé qui date de 1949. Yojimbo / Le Garde du corps sort immédiatement dès 1961 aux USA mais mettra des années à sortir en France tout comme Dernier caprice de Ozu.

 

LES CONSEILS DE NOTRE EQUIPE :

Une liste de 124 longs métrages (sur les 413 sortis en salles) et 1 court, avec, pour les étoiles en couleur, des liens vers des textes écrits par les contributeurs.

  Antoine Buster Christophe Dr.Orlof Edouard FredMJG Jean-Luc Jocelyn Ludovic Vincent
Rocco et ses frères (Visconti)   *** **** ** **** **** ***   *** ****
Lola (Demy)   **** *** **** ***   ***   *** ****
Les Bas-Fonds new-yorkais (Fuller)   *** **** ***   ****       ****
Les Désaxés (Huston)   *** ** *** **** **** *   **** ****
Shadows (Cassavetes)   ***   ** **** **** ***   *** ***
Le Port de la drogue (Fuller) *** *** **** *** ** **** *** ***   ***
Le Chien enragé (Kurosawa) **** *** ** ** *** **** **     ****
Le Masque du démon (Bava)   *** ** *** *** ****   *** *** ****
Le Diabolique Docteur Mabuse (Lang) *** *** ***   *** *** **   *** ***
Le Héros sacrilège (Mizoguchi)   *** ***   ***   ***     **
L'Année dernière à Marienbad (Resnais)   ** ° *** **** *** ****   ***  
Les Deux Cavaliers (Ford) *** **** *** *** ** ** ***     ***
Spartacus (Kubrick) * *** **** ** ** **** ** *** ** ****
Elmer Gantry, le charlatan (Brooks)   *** ****   *** *** ** *** **  
Mère Jeanne des Anges (Kawalerowicz)   **     **** ****        
La Fontaine d'Aréthuse / La Soif (Bergman)   **       *** ***     ****
Le Dingue du palace (Lewis)   ***     ***     ***   ***
Le Testament du docteur Cordelier (Renoir) ** **** * **   ***     **** ***
Celui par qui le scandale arrive (Minnelli)   *** ****   ** *** ***   * ***
La Grande Pagaille (Comencini)   *** ****   ***   *   ***  
La Vengeance aux deux visages (Brando)   *** ***     ****     *** *
Le Bel Antonio (Bolognini)   **       **** **   *** ***
Une femme est une femme (Godard)   **** * ** ** ** **   *** ***
La Nuit (Antonioni) *** ** ° *** *** *** ***   **** **
Les Criminels (Losey)   *** ***   **         ***
Les Cent Un Dalmatiens (Disney) *** **       *   **** * ***
Léon Morin, prêtre (Melville) ** ** ****   ** ** **   ** **
Les Garçons (Bolognini)   **     ** **     *** ***
Exodus (Preminger)     ***     ***     ** **
La Ruée vers l'ouest (A. Mann)   ** **             ***
Cendrillon aux grands pieds (Tashlin)   **           ***   ***
La Jeune Fille (Buñuel)   ****   **           **
Samedi soir, dimanche matin (Reisz)   **     *** ***        
Ailleurs l'herbe est plus verte (Donen)   ***               ***
L'Ile nue (Shindo)           ****     **  
Un taxi pour Tobrouk (La Patellière)   *       *   *** *** ***
Paris nous appartient (Rivette)   *** ° **     ***   **  
La Machine à explorer le temps (Pal)   **