09/02/2020
ZA de A à Z : GRAY, James
Les films de JG vus par les contributeurs de ZA :
1994 - Little Odessa par Timothée Gérardin
2000 - The Yards par Vincent Jourdan
2007 - La nuit nous appartient par Oriane Sidre / par Édouard Sivière / par Antoine Mouton / par Jean-Luc Lacuve / par Timothée Gérardin / par Rémi
2008 - Two Lovers par Antoine Mouton (2) / par Buster / par Rémi / par Timothée Gérardin / par Jean-Luc Lacuve / par le Dr Orlof / par Oriane Sidre / par Édouard Sivière / par Antoine Rensonnet
2013 - The Immigrant par Rémi / par Édouard Sivière / par Jean-Luc Lacuve / par Oriane Sidre
2016 - The Lost City of Z par Céline Siméon-Pereira / par Jean-Luc Lacuve / par Rémi / par Buster
2019 - Ad Astra par Jean-Luc Lacuve / par Buster
Le TOP 5 James Gray de Zoom Arrière :
1. LA NUIT NOUS APPARTIENT
2. TWO LOVERS
3. THE YARDS
4. LITTLE ODESSA
5. THE IMMIGRANT
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02/10/2018
Sur vos écrans en 2008
EDITORIAL :
Par Vincent J.
Il y a dix ans, ma fille en avait deux et je venais de m'installer à Cannes ce qui fait toujours sourire ceux qui savent combien j'aime le cinéma. Ce sont pourtant ces deux événements combinés qui m'ont éloigné, à l'époque, des salles de cinéma. Pour me rattraper, j'ai profité au maximum des festivals et cette année là, de celui de Clermont Ferrand. J’adore ce grand festival du court métrage, l'anti-Cannes même si on y fait aussi beaucoup la queue. Il se tient en début d'année. Parfois il y a de la neige ce qui pour moi est exotique, parfois du soleil, mais toujours les gens sont chaleureux et les « professionnels de la profession », qui souvent ne le sont pas encore tout à fait, sont accessibles. 2008 marque ma rencontre avec Joachim, le premier blogueur que j'ai vu physiquement (en dur avais-je écrit à l'époque) et avec un cinéaste qui allait compter désormais beaucoup pour moi : Mikhael Hers. Malgré quelques long métrages marquants, 2008 reste l'année de « Primrose Hill ». Dès les premières images, j'ai été fasciné par la mise en scène de Hers, par sa façon de faire arpenter le paysage par ses personnages, en groupe, à deux ou solitaires. La marche comme révélateur d'un territoire et d'une symbiose parfaite. J'ai aimé aussi ce regard sur la banlieue ouest de Paris, puis Paris même dans les films à venir, comme l'expression d'un monde intérieur, un sentiment, une esthétique. Ses travellings arrières ou latéraux sont d'une grande beauté et, contrairement à ceux de Gus Van Sant qui génèrent de l'angoisse, ceux de Hers ont une force tranquille, disent la chaleur entre les personnages et révèlent leurs sentiments avec pudeur. Ces mouvements possèdent quelque chose qui apaise et exalte à la fois. Et puis il y eu la découverte de cette bande d'acteurs, autant de visage neufs que j'ai eu plaisir à retrouver par la suite, même si ce n'était que pour quelques scènes : Stéphanie Déhel, Hubert Benhamdine, Thibault Vinçon et Jeanne Candel. Je me souviens avoir eu du mal au premier abord avec la longue scène d'amour assez frontale vers la fin, mais j'ai revu le film et je m'y suis fait. D'ailleurs je me suis empressé de diffuser le film à Nice lors des Rencontres de novembre la même année, au cours d'une nuit mémorable entre « Taiji ga mitsuryosuru toki » (« Quand l'embryon part braconner ») de Koji Wakamatsu et « King Boxer » (« La Main de fer ») de Cheng Chang-Ho. Et depuis j'attends avec une impatience jamais démentie les nouveaux opus hersiens. En novembre 2018 sort « Amanda », son troisième long métrage. Voilà comment, en 2008, un nouveau cinéaste est entré dans ma vie.
Au mois de mai, à Cannes où j'avais recroisé Joachim, c'est un autre court métrage qui m'a marqué, une histoire de première fois dans l’Angleterre de la fin des années soixante dix sur fond de musique des Buzzcocks. « Love You More » est drôle, sensuel et tendre. C'est une réalisation de la cinéaste Sam Taylor-Wood, qui jusque là faisait de la photographie et des courts métrages plutôt conceptuels. « Love You More » est plus classique, porté par deux superbes acteurs, Harry Treadaway et Andrea Riseborough. J'avais aimé l'utilisation de la chanson titre (je m'étais d'ailleurs acheté des albums du groupe dans la foulée), la cravate qui résiste, le gros plan sur les poils de bras qui se hérissent, les yeux de la fille, et cette énergie juvénile si bien rendue en un quart d'heure. C'est un film que je ne me suis pas lassé de voir et revoir, de montrer aussi. Mais j'ai eu beau guetter, je n'ai pas vu passer le premier long métrage de la réalisatrice, un « biopic » sur la jeunesse de John Lennon. Puis j'ai appris que c'était elle qui avait réalisé le « Fifthy Shades of Grey » (« Cinquante nuances de Grey ») en 2015 et j'ai eu du mal à y croire. Et c'est ainsi qu'en 2008 j'ai cru qu'une nouvelle cinéaste allait entrer dans ma vie.
À l'automne, les Rencontres Cinéma et Vidéo à Nice fêtaient leur dix ans et pour l'occasion j'avais organisé une table ronde sur la nouvelle cinéphilie sur Internet. J'y avais convié, outre Joachim L., Édouard S. et Vincent R. que je rencontrais pour la première fois « en dur ». S'y joignait Philippe S. de l'association Cinéma Sans Frontières. En première partie, nous avions vu le très drôle « Les Sièges de l’Alcazar » de Luc Moullet, puis à la question « est-ce que vous voyez comme des critiques ? » mes invités, la main sur le cœur, m'avaient répondu « Oh non ! ». Ainsi va la vie.
LES CONSEILS DE NOTRE EQUIPE :
Une liste de 288 longs métrages (sur les 617 sortis en salles), avec, pour les étoiles en couleur, des liens vers des textes écrits par les contributeurs.
Et les conseils courts métrages de Vincent : Primrose Hill (Mikhael Hers)****, Love you more (Sam Taylor-Wood)****, Lieux saints (Alain Cavalier)***.
LES CHOIX DE NOS AMIS ET LECTEURS :
Frédéric :
1- En avant jeunesse (Costa) Two Lovers (Gray) 3- La Frontière de l'aube (Garrel) 4- Cloverfield (Reeves) No Country for Old Men (Coen) Un conte de Noël (Desplechin) 7- Christophe Colomb, l'énigme (Oliveira) Phénomènes (Shyamalan) Sub (Loustau) Woman on the beach (Sang-Soo)
Sur le banc : A bord du Darjeeling Limited (Anderson)-Dernier maquis (Ameur-Aïmeche)-L'Homme qui marche (Georges)-Night and Day (Sang-Soo)-Valse avec Bachir (Folman)-De la guerre (Bonello)
Ancien : La Source thermale d'Akitsu (Yoshida)-Soeurs de Gion (Mizoguchi)
Un simple amateur :
1- L'Homme de Londres (Tarr) 2- Two Lovers (Gray) 3- No Country for Old Men (Coen) 4- There will be blood (Anderson) 5- Le Bannissement (Zviaguintsev) 6- Un conte de Noël (Desplechin) 7- La Frontière de l'aube (Garrel) 8- Le Cahier (Makhmalbaf) 9- Woman on the beach/Night and day(Sang-Soo) 10- Valse avec Bachir (Folman)/Wall-E (Stanton)
Parmi les films intéressants: En avant jeunesse (Costa), Dans la ville de Sylvia (Guerin), Le Silence de Lorna (Dardenne)...
Pierre :
Top 15 1-Valse avec Bachir (Folman) 2-Mad detective (To) 3-There will be blood (Anderson) 4-Redacted (De Palma) 5-Wall e (Stanton) 6-La zona, propriété privée (Pla) 7-Sparrow (To) 8-Chronique des morts-vivants (Romero) 9-Speed racer (Wachovski) 10-Cherry blossoms (Dorrie) 11-Train de nuit (Diao Yinan) 12-Rome plutôt que vous (Teguia) 13-Amour, luxure, trahison / Lust caution (Ang Lee) 14-Hellboy 2, les légions d'or maudites (Del Toro) 15-Beaufort (Cedar)
les 29 hors liste restants Urbi et orbi (Boutonnet)*** Le voyage perpétuel (Lapsuy et Lehmuskallio)*** Ezra (Aduaka)*** Capitaine Alatriste (Diaz Yanez)*** Garage (Abrahamson)*** Sous les bombes (Arachtingi)*** Premières neiges (Begic)*** My name is Hallam Foe (Mc Kenzie)*** VHS Kahloucha (Belkhadi)*** Day watch (Bekmambetov)*** Les faussaires (Ruzowitsky)*** Les USA contre John Lennon (Leaf et Sheinfeld)*** Dhoom 2 (Gadhavi)** Les sept vierges (Rodriguez)** Superblonde (Wolf)** Doomsday (Marshall)** Ulzhan (Scholendorff)** Dancing queens (Ashton)** Française (El Bouhati)** Et puis les touristes (Thalheim)** Vitus l'enfant prodige (Murer)** Maradona par Kusturica (Kusturica)** Deuxième sous-sol (Khalfoun)* Les cerfs-volants de Kaboul (Forster)* After school (Campos)* Survivre avec les loups (Belmont)* Délivrez nous du mal (Berg)* Blindness (Meirelles)* 10000 (Emmerich)0
18 courts 1-Oda a la pina (Villaescusa)**** 2-Battements solaires (Bokanowski)*** 3-La nouvelle espèce (Lacis et Brinkmann)*** 4-Oedipe (Capucine)*** 5-Film from my parish- 6 farms (Donaghue)*** 6-Molina's mofo (Molina)*** 7- 6 long ! (Blanc-tailleur et Pelletier)** 8-Kamihiro-e-m-the edge (Doganis)** 9-Eel girl (Campton)** 10-El ataque de los robots de Nebulosa 5 (Ibarra)** 11-Mon monstre et moi (Rothlist)** 12-The acquaintance of a lonely John (Safdie)** 13-Killer (Leon et Pettibone-Riccobono)** 14-King crab attack (Sivan)** 15-Les maîtresses du docteur Loiseau (Rousseau)** 16-Le retour du docteur Loiseau (Rousseau)** 17-Libertad (Hanoun)0 18-Le secret d'Yvette (Berrtrand) 0
20 moyens-métrages 1-Une tente sur Mars (Bureau et Renaud) **** 2-Le mulot menteur (Kiss)*** 3-Génocidé (Valentin)*** 4-Cherche toujours (Théry et Chaillou)*** 5-Le docteur Loiseau et ses sinistres augures (Rousseau)*** 6-L'histoire du cinéma 16, troisième volet (Rousseau)*** 7-Ozu, éternel contemporain (Jackson)*** 8-D'amour et de révolte (Faucon)*** 9-Gruissan à la voile (Carles et Lespinasse)** 10-Flash back, conte d'été malien (Le Gall)** 11-Welcome to paradise (Poutte)** 12-Biblioburro (Zipagauta)** 13-Cona'cris, la révolution orpheline (Nivet)** 14-L'initiation (Drouet et Carré)** 15-Des-arts-sonnés (Froehly)** 16-Novela na santa casa (Lévy)** 17-Danse au coeur des sables (Richet)** 18-Carapa, écosite des Cévennes (Hoog)** 19-Mai 68 je me souviens (Jeudy)** 20-Et pourtant elle tourne (De Latour)*
40 longs-métrages 1-Tokyo gore police (Nishimura)**** 2-Sex addict (Henenlotter)**** 3-Mirages (Dury)**** 4-Polytechnique (Villeneuve)**** 5-The hole (Dante)*** 6-Viva Mexico ! (Défossé)*** 7-Sauna (Annila)*** 8-Une histoire du cinéma israélien (Nadjari)*** 9-Rampage (Boll)*** 10-Le silence des nanos (Colin)*** 11-Via de aceso (Mansoux)*** 12-Mum & dad (Sheil)*** 13-Umoja, le village interdit aux hommes (Sinclair et Crouzillac)*** 14-L'ortie fait de la résistance (Bertrand et Gril)*** 15-Tomber les murs? (Les Ziconophages)*** 16-The stranger (Valkeappa)*** 17-Ecchymoses (Albert)*** 18-Tournée (Markovic)*** 19-Dot (Zaim)*** 20-L'aquarium (Nasrallah)** 21-Le monde selon Monsanto (Robin)** 22-L'an prochain la révolution (Goldbronn)** 23-The pursuit of happiness (Amber)** 24-Lovembre (Xmalian)** 25-Armando e la politica (Malta)** 26-HF6 le film (Bovy, Tihon, Jaulin)** 27-L'homme qui aimait Ingve (Kristiansen)** 28-Not quiet Hollywood) (Hartley)** 29-Les Beccarus ou le repaire des obstinés (Fayot)** 30-Talking dead (Mc Donald)** 31-D'un mur l'autre (Jean)** 32-Baby doll night (Adeeb)** 33-Zift (Gardev)** 34-Youlenka (Stradjenov)** 35-Vanguard (Hope)* 36-Zack et Miri font un porno (Smith)* 37-Giallo (Argento)* 38-Mitterrand à Vichy (Moati)* 39-Le premier jour de l'hiver (Locatelli)* 40-The horseman (Kastrissios)0
une série. la saison 1 de Breaking bad (Gilligan)***
LE SONDAGE TWITTER DU DR. ORLOF :
Quel est le meilleur film sorti en 2008 ? (83 votants)
1- Two Lovers (Gray) 15 voix
2- No Country for old men (Coen) 10 voix
3- There will be blood (Anderson) 9 voix
4- Valse avec Bachir (Folman) 5 voix
5- Un conte de Noël (Desplechin), A bord du Darjeeling (Anderson) 4 voix
7- Speed Racer (Wachowski) 3 voix
8- En avant jeunesse (Costa), Hunger (McQueen), The Dark Knight (Nolan), Les Plages d'Agnès (Varda) 2 voix
Cités une fois : La Bande à Baader (Edel), Dans la ville de Sylvia (Guerin), L'orphelinat (Bayona), Vinyan (Du Welz), Redacted (De Palma), Un été avec Coo (Hara), Rome plutôt que vous (Teguia), Soyez sympa, rembobinez (Gondry), Elle s'appelle Sabine (Bonnaire), Le premier jour du reste de ta vie (Bezançon), Gomorra (Garrone) Into the Wild (Penn), 4 nuits avec Anna (Skolimowski), Christophe Colomb, l'énigme (Oliveira), Le Silence de Lorna (Dardenne), Un millier d'années de bonnes prières (Wang), Indiana Jones 4 (Spielberg), Triangle (Smith), Frangins malgré eux (McKay), Telepolis (Sapir), Mesrine (Richet), Troupe d'élite (Padilha) Hellboy 2 (Del Toro), Cloverfield (Reeves)
LE BOX-OFFICE :
1. Bienvenue chez les Ch'tis, Dany Boon, 20 489 303 entrées
2. Astérix aux Jeux Olympiques, Thomas Langmann & Frédéric Forestier, 6 817 803 entrées
3. Madagascar 2 : La Grande Évasion, Eric Darnell, 5 248 793 entrées
4. Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, Steven Spielberg, 4 199 711 entrées
5. Quantom of Solace, Marc Forster, 3 722 798 entrées
LES PRIX ET RECOMPENSES :
- Prix Louis-Delluc : La Vie moderne (Raymond Depardon)
- Prix Méliès : Les Plages d'Agnès (Agnès Varda)
- Prix Jean Vigo : Nulle part, terre promise (Emmanuel Finkiel)
- César du meilleur film : Séraphine (Martin Provost)
- Oscar du meilleur film : No Country for old men (Ethan & Joel Coen)
- Festival de Venise, Lion d'or : The Wrestler (Darren Aronofsky)
- Festival de Cannes, Palme d'or : Entre les murs (Laurent Cantet)
- Festival de Berlin, Ours d'or : Troupe d'élite (José Padilha)
- Festival de Locarno, Léopard d'or : Parque via (Enrique Riveros)
- Festival de Saint-Sébastien, Coquille d'or : La Boîte de Pandore (Yesim Ustaoglu)
A VOUS LA PAROLE !
A notre suite, nous vous invitons à dresser votre propre palmarès de l'année et à nous le faire parvenir, par l'intermédiaire des commentaires ou du bouton de contact, afin que nous le mentionnions à son tour ci-dessus.
(vous pouvez consulter la liste de tous les films sortis en France en 2008 sur le site Encyclo-Ciné)
| Tags : 2008, anderson, desplechin, coen, gray, hara, to, wai, garrel, folman, nichols | Lien permanent | Commentaires (7) | Imprimer | Facebook | | |
31/08/2018
Sur vos écrans en 2007
EDITORIAL :
Par Oriane
L'année 2007 se révèle lycéenne pour votre éditorialiste de ce mois. Elle signe son entrée dans le grand monde du teenager, mais aussi la mise en place de pratiques cinéphiles – aller toute seule au cinéma 1 à 2 fois par semaine, s'ouvrir aux diverses nationalités et genres, voguer des films art et essai aux blockbusters, défendre ardemment la VOSTFR... C’est aussi, et surtout, l'année où votre billettiste se frotte à deux cinématographies, l'américaine et l'asiatique. En 2007, je découvre ainsi l'aridité du continent dominant, son imaginaire de cow-boys empoussiérés, sa violence, son cynisme habités par des stars qui me font rêver – voire fantasmer. Puis je fais face à des œuvres déroutantes et issues d'un lointain oriental, dont l'expressivité nouvelle souligne ici les déceptions sociales, là les politiques complexes, où brillent des costumes flamboyants d'impératrices, ou encore ceux ensanglantés de mafieux en déroute.
En 2007, je développe aussi mes propres armes critiques et je commence, probablement sous l'influence de la langue pendue de certains rédacteurs des revues de cinéma que je lis, à attaquer sans pitié les films ou les réalisateurs qui me hérissent. J'apprends à défendre mes films fétiches, mais aussi à médiser et sélectionner, non sans une certaine cruauté ! La cinéphilie ou un concours de passions extrêmes, entre l'idolâtrie et le rejet. 2007 fut donc l'occasion pour moi de prendre plaisir à haïr certaines œuvres de Christophe Honoré ou Michel Spinosa, et encore à écarter – parfois à tort ! - tout un pan de la production nationale. Rétrospectivement, il apparaît pourtant que 2007 est une bonne année concernant les films français.
Cette parenthèse proustienne me sert d'introduction aux aspects intéressants de cette année cinématographique. La découverte du cinéma américain à cette époque est de fait liée à une remarquable production. Les cinéastes reviennent surtout aux mythes fondateurs, probablement un terrain où ils tiennent les propositions esthétiques ou idéologiques les plus intéressantes. James Gray revisite le film de flic et de gangster avec l'émouvant La Nuit nous appartient : Andrew Dominik hypnotise avec le mélancolique western L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, récompensé à Venise ; Soderbergh sort deux films très différents mais tous deux dans l'hommage aux classiques hollywoodiens (The Good German) comme au film de casse (Ocean's Thirteen) ; Paul Haggis questionne le patriotisme Dans la Vallée d'Ellah ; et David Fincher défie les routes du thriller avec le passionnant puzzle autour du Zodiac. A ces exemples rajoutons Gus Van Sant qui retourne au fleuve adolescent avec Paranoïd Park ; David Lynch qui propose son Inland Empire ; Robert Rodriguez qui a la nostalgie du film d'exploitation dans Planète Terreur... Ce sont également des succès américains qui figurent au Box office français : le survitaminé Ratatouille, qui s'attaque au mythe de la cuisine... française ; et Spider-Man 3 qui échoue néanmoins à progresser dans le genre du super-héros.
Outre les Etats-Unis, l'autre pays à l'honneur en 2007 est la Roumanie. La Palme d'Or comme le Prix Fipresci sont décernés à 4 Mois, 3 semaines et 2 jours qui révèle la rigueur précieuse de Cristian Mungiu. De même, Un Certain Regard récompense California Dreamin' de Cristian Nemescu, tandis que 12h08 à l'Est de Bucarest, Caméra d'Or de l'année précédente, sort en salles. Ce beau triplé est valorisé par le terme de « nouvelle vague roumaine » dans lequel les critiques et les festivals français aiment se plonger pour un temps. Pourtant, du côté du cinéma national, l'année se révèle plutôt riche, notre équipe offrant même la toute première place à Ne touchez pas la hache, adaptation de Balzac par Jacques Rivette. Kechiche est acclamé pour La Graine et le mulet, où le cinéaste trouve un certain équilibre parmi sa dense matière improvisée. Dans l'intimité française, André Téchiné offre les beaux Témoins ; Jérôme Bonnell son délicat et discret Quelqu'un m'attend. Eric Rohmer réalise quant à lui sa dernière œuvre, Les Amours d'Astrée et de Céladon dans lesquelles votre rédactrice du mois n'a pas mis les pieds, pour cause d'incompatibilité avec ce style. Également, beaucoup de cinéastes femmes réalisent leur premier film ou continuent leurs œuvres singulières : Marjane Satrapi cosigne le pétillant Persépolis ; Céline Sciamma se remarque avec le troublant Naissance des Pieuvres ; Noemie Lvovsky avec Faut que ça danse ! ; Valeria Bruni-Tedeschi avec Actrices ; Sandrine Bonnaire avec son documentaire familial Elle s'appelle Sabine ; Nadine Labaki avec Caramel... Telle une page générationnelle qui se tourne, 2007 est aussi marqué par la disparition de beaucoup d'acteurs français dont Jean-Pierre Cassel, Jean-Claude Brialy, Claude Brosset et Michel Serrault... Parallèlement, l'année se révèle très Amalricienne, puisque le charme de Mathieu agit dans un beau-doublé, Le Scaphandre et le papillon et La Question humaine.
Côté Asie, c'est le continent chinois qui se démarque. Fait rarissime, trois œuvres de Johnnie To sortent sur la même année, un exploit qui ne sera malheureusement pas renouvelé. Quelques années plus tard, l'inventif cinéaste hongkongais rejoint la longue liste des réalisateurs asiatiques un instant acclamés en France, puis mis aux oubliettes. Outre les mafieux déchirés de To, Zhang Yimou présente sa folle Cité interdite, Lou Ye sa Jeunesse Chinoise, Wang Quan'An est honoré à Berlin avec Le Mariage de Tuya et Ang Lee à Venise avec Lust Caution. Enfin, Jia Zhangke éblouit avec son atemporel Still Life. Comme To, Kiyoshi Kurosawa apparaît à travers doublé, lui aussi plutôt sombre, avec Loft et Retribution. Naomi Kawase reçoit le Grand Prix à Cannes. Quant au précieux Lee Chang-dong, il signe son comeback après cinq ans de silence, et ce dans la douleur. Son Secret Sunshine sera paradoxalement un souvenir lycéen traumatique se révélant point de départ d'une admiration grandissante pour ce réalisateur – autre madeleine dans la madeleine, je relate par ailleurs ce paradoxe dans un projet mis en place par notre grand gouverneur Zoom Arrière Edouard, et qui me permit de faire sa connaissance !
Du côté de l'Orient plus vaste, l’israélien Les Méduses reçoit la Caméra d'Or à Cannes ;
Nuri Bilge Ceylan impressionne avec Les Climats et commence à s'imposer sur la scène des festivals ; tout comme Apichapong Weerasethakul avec Syndromes and A Century, qui clôt une trilogie personnelle.
Certaines années se révèlent plus marquées par la disparition des maîtres plutôt que par la naissance des talents. 2007 fait partie de ces années-là. Les esprits cinéphiles honorent à cette époque Pierre Granier-Deferre ou Edward Yang. Et ils font face au départ simultané, comme si les deux vieux hommes s'étaient accordés pour titrer leur révérence en même temps, d'Ingmar Bergman et Michelangelo Antonioni le même jour. A l'époque, je connais peu les deux légendes suédoise et italienne. Mais grâce au ciné-club lycéen organisé par l'une des rédactrices de ZA lors de cette période, je les découvre sur grand écran. Je suis ainsi marquée par deux images cultes et poétiques, la cape volante d'une Faucheuse sensible en bord de mer, et les mouvements hypnotiques d'une partie de tennis imaginaire. 2007 reste l'impression de ces plans-là.
LES CONSEILS DE NOTRE EQUIPE :
Une liste de 274 longs métrages (sur les 615 sortis en salles), avec, pour les étoiles en couleur, des liens vers des textes écrits par les contributeurs.
Antoine | Céline | Christophe | Dr.Orlof | Edouard | FredMJG | Ludovic | Nolan | Oriane | Rémi | Timothée | Vincent | |
Ne touchez pas la hache | *** | **** | **** | **** | **** | **** | ||||||
La Commune - Paris 1871 | **** | **** | **** | |||||||||
Still Life | **** | **** | ** | *** | *** | *** | **** | *** | ||||
Paranoid Park | *** | *** | *** | **** | **** | *** | ** | **** | ||||
La Graine et le mulet | **** | *** | **** | *** | ** | **** | *** | |||||
La Nuit nous appartient | ** | **** | **** |